"Ah ! Regardez qui sort de sa cachette !"
Tous les invités se tournèrent vers Adam, qui marchait à petits pas devant son petit ami. Les acclamations durèrent un petit moment avant que chacun retourne à sa discussion et à son verre. Adam lança un regard paniqué à Johan, qui vint lui poser une main dans le dos pour le pousser à s'asseoir sur le canapé. Entre lui et Benjamin. Adam se sentait un peu plus rassuré, mais une grosse partie de son angoisse demeurait.
Son regard balaya les personnes présentes dans son salon. Que des proches, il connaissait tout le monde et était normalement censé être à l'aise avec eux. Pourtant, le bouclé ressentait une immense gêne et une crainte incontrôlable. Ses yeux passèrent sur ses parents, puis sur son frère. Depuis qu'il les avait quittés, il ne contrôlait plus rien, vis-à-vis de ses crises. Il était comme un enfant livré à lui-même dans une foule de gens inconnus.
Puis il regarda la mère et la grand-mère de Johan. La vieille dame semblait ravie d'être ici, elle parlait un français un peu mauvais mais arrivait à se faire comprendre. Ensuite, réuni en petit groupe et discutant houleusement avec Jules, leurs trois amis communs ; Eva, une magnifique blonde un peu ronde. Joris, un châtain au crâne rasé, et enfin Sébastien, dit Seb, un homme doté d'un sourire des plus ravageurs.
Le regard d'Adam se posa sur Benjamin, qui regardait le goulot de sa bouteille de bière. Il ne semblait pas super à l'aise, et Adam savait que c'était à cause de la présence de Johan. Ces deux-là se faisaient sans cesse la guerre, s'envoyaient des piques et ne pouvaient pas parler calmement comme deux adultes.
La dernière personne présente à ses côtés dans la pièce, et pas des moindres, était Johan. Avec ses yeux tout brillants de joie, il parlait tantôt avec ses amis, tantôt avec sa grand-mère. Adam le regarda un instant alterner les deux langues avec une facilité déconcertante.
Soudain, la tête d'Adam se mit à tourner violemment. Toute les voix, tous les bruits de verre et tous les rires resonnèrent en quintuple, créant une symphonie aussi désagréables qu'effrayante. Le bouclé plaqua ses mains sur ses oreilles et regarda Johan, le suppliant de faire quelque chose, n'importe quoi qui puisse le soulager. Seulement, l'asiatique était en pleine discussion avec sa mère. Adam paniqua. Son coeur s'affola dans sa poitrine et sa gorge se serra brusquement, l'empêchant presque de respirer.
Après quelques secondes, il sentit son bras se faire tirer. De ses yeux embués, il aperçut la blondeur des cheveux de son frère, qui le tirait vers lui pour qu'il se lève. Comme un pantin, Adam s'exécuta et se fit emmener jusqu'à la salle de bain. Jules le fit asseoir sur le rebord de la baignoire et mouilla un gant de toilette d'eau froide pour le lui passer sur le visage. Adam suffoqua et se mit à pleurer. Il se sentait incapable, ridicule. S'auto dénigrer était devenu une habitude pour lui, mais ce jour-là plus que jamais, il s'insulta intérieurement.
Tous ses proches, famille et amis, étaient rassemblés, il se sentait coupable de ne pas pouvoir se sentir à l'aise avec eux, avec des gens qu'il connaissait pourtant parfaitement et qui ne lui voulaient aucun mal. Il avait simplement envie de se frapper la tête contre un mur jusqu'à ce que ce foutu traumatisme s'en aille comme il était venu.
Jules le prit dans ses bras. Adam en fut étonné. Jules ne prenait personne dans ses bras. Personne. Jamais. Il était devenu un jeune homme carré d'épaules, héritant du charisme de leur père et de la beauté de leur mère. Sa fierté était si grande que prendre quelqu'un, même son propre frère, dans ses bras était presque impensable. Adam en profita. Il ne voyait plus beaucoup son petit frère et il ne pouvait nier qu'il lui manquait.
Après cette étreinte réconfortante, Adam se sentait un peu mieux mais pas assez pour retourner dans le salon avec ses invités. Ses mains tremblaient encore et son coeur ne voulait pas se calmer. Jules s'accroupit en face de lui et le fixa droit dans les yeux.
"Qu'est-ce qu'il s'est passé ? - demanda-t-il d'une voix douce.
- Je sais pas... Cette merde de phobie, encore..
- On est entre nous, Adam. Tu connais chaque personne présente et aucune ne te veut de mal, bien au contraire.
- Je sais. J'y peux rien, c'est plus fort que moi."
Jules soupira et s'assit par terre. Il savait, pour la phobie de son frère. Il l'avait vu dégringoler, alors qu'il habitait encore chez leurs parents. Adam était un garçon sociable, souriant et il profitait pleinement de la vie. Mais depuis l'incident, depuis un certain jour, plus rien n'allait. Sortir était devenu absolument horrible pour le bouclé, et Jules avait mal de voir son grand frère comme ça. Aborder ce sujet était devenu un peu tabou au fil du temps, mais il se devait d'en parler parfois.
"Tu veux revenir avec nous ?"
Adam baissa les yeux et secoua la tête. Il savait qu'il allait décevoir Johan, Benjamin et les autres, mais il ne s'en sentait réellement pas capable. Un long soupir vida ses poumons. Il était faible.
"Putain.. - râla-t-il en se tirant les cheveux.
- C'est pas grave. Vas-y doucement, le temps apaisera les choses. Johan est là, je lui fais confiance. Tu es bien entouré."
Adam allait répondre que bien sûr, Johan était là, mais qu'il ne voulait pas se sentir comme un fardeau pour son compagnon, seulement quelqu'un frappa à la porte à ce moment précis. Adam regarda cette dernière et Jules se leva pour aller ouvrir la porte à Johan, qui se tenait là, le regard inquiet.
"Adam est là ?"
Jules pinça ses lèvres et s'écarta pour laisser le brun entrer. Le plus jeune resta dans un coin de la pièce et Johan se précipita pour prendre Adam dans ses bras, dans une étreinte serrée et amoureuse.
"Je suis désolé, Amour, j'ai rien vu. J'aurais jamais dû te forcer.
- C'est pas toi. C'est pas grave.
- Si.."
Adam allait répliquer, mais le regard de Johan l'en dissuada. Il se fondit dans ses bras et s'accrocha à sa chemise pendant que Jules s'éclipsa discrètement pour aller donner des nouvelles au salon.
"Quand est-ce qu'on va s'en sortir ? - souffla Johan.
- Je suis tellement désolé, Jo'...
- Non.. Non, rien n'est de ta faute. Tu vas y arriver. On va y arriver ensemble, je suis là pour toi."
Johan répétait cette phrase tous les jours. A coup sûr, Adam l'entendait à chaque fois qu'il avait un coup de mou. Qu'il allait y arriver, que ce n'était pas de sa faute. A force de l'entendre, il en était arriver à se demander quand. Quand est-ce qu'il allait y arriver ? Et comment ?
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1139 motsHello ~
Sorry pour le retard, je manque vraiment beaucoup d'inspiration pour cette histoire ><
J'espère que ça vous plaît quand même !
Laissez vos avis :3
thx.
Bubye
180804
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Reclusive
Aléatoire" Dis-moi ce qui ne va pas.. _ Tout va bien. _ Tu t'enfermes sur le balcon et tu dessines des morts. Ne me dis pas que tout va bien."