Johan regarda son copain avec des grands yeux étonnés. D'habitude, Adam cachait sa phobie. Il en avait un peu honte, même si Johan lui répétait qu'il n'y avait pas à avoir honte puisque ça faisait parti de lui et qu'il devait vivre avec. Le fait qu'il s'exprime clairement et de son plein gré sur ce sujet étonnait grandement le brun.
"Il y a une raison ?
- Raph' ! - s'exclama la seule femme de la pièce - C'est une question qui se pose pas, t'es culotté, toi ! Adam, t'es pas obligé de répondre.
- Non, c'est pas grave, je comprends. Oui, il y a une raison. - Il lança un regard à Johan avant d'inspirer et de se lancer - Je me suis fait agresser, il y a trois ans. Deux hommes et une femme m'ont suivi dans la rue. C'était une rue commerçante, il y avait du monde mais ça ne les a pas empêché de me suivre et de m'insulter parce que j'avais un sac à main. J'étais terrifié, je rentrais la tête dans les épaules et j'osais pas les regarder. Ça ne faisait que les attiser d'avantage. Ils ont profité d'une rue plus tranquille pour me coucher à terre et me tabasser. Ils m'ont fouetté avec je ne sais quoi et ont écrasé une cigarette dans mon dos. J'ai fini à l'hôpital."
Sa voix était devenue plus rauque, comme à chaque fois qu'il revenait sur ce passage de sa vie. Johan passa sa main sous le t-shirt du bouclé pour caresser son dos et le rassurer. Lui aussi, se souvenait de cette période. Quand la mère d'Adam l'avait appelé, en panique, pour lui dire que son petit ami était à l'hôpital et qu'il venait de se faire lyncher, Johan avait cru mourir de colère. Il était à des dizaines de kilomètres d'Adam et ne pouvait donc pas être près de lui immédiatement. C'en était suivie une demie année difficile pour tous, puisqu'Adam refusait catégoriquement de voir quelqu'un, pas même sa mère ou Johan, et se mettait dans des états incroyables dès qu'on osait s'approcher de lui.
"C'est horrible ! T'as porté plainte ?
- Oui, mais contre X. J'ai eu un trauma crânien, je me souviens plus de leur visage. Du coup, la plainte n'a rien donné et l'affaire a été classée sans suite. Au final, j'ai des trous de mémoire fréquents et une phobie sociale qui me bouffe la vie, pendant qu'eux sont toujours dehors, à profiter.
- Je suis désolé.
- Tu pouvais pas savoir.
- Et cette justice, mon dieu, quelle merde ! Ils s'en foutent complètement, eux, des conséquences. Tu te souviens vraiment de rien ?
- Rien du tout. J'en rêve, parfois, mais leur visage est toujours noir ou flou.
- Ces gens-là n'ont pas de face."
Adam sourit et demanda à changer de sujet. Ressasser tout ça lui faisait plus de mal qu'autre chose.
Ils quittèrent l'appartement de leurs voisins deux bonnes heures plus tard. Ils avaient finalement commandé des pizzas et avaient tous passé une bonne soirée. Raphaël et Anna étaient deux personnes bourrées de gentillesse, ils étaient drôles et ne manquaient pas de sujet de conversation, ce qui avait réussi à mettre Adam assez à l'aise pour qu'il se laisse aller à quelques rires. Johan était fier de lui, et il le lui avait déjà dit des dizaines de fois.
Quand ils rentrèrent chez eux, soit l'appartement d'en face, Johan souriait alors qu'Adam croyait mourir à l'intérieur. Pourtant, dans toute cette angoisse, il ressentait une pointe de fierté qu'il se forçait à réprimer. Il était fier de lui-même, d'avoir réussi à parler à des inconnus, mais ne voulait pas le montrer.
Ils allèrent directement après la douche, mais Adam ne put fermer l'oeil, rongé par l'angoisse. Si il ne pouvait même pas aller prendre un verre sereinement dans l'appartement d'en face, comment ferait-il pour vivre dans une toute nouvelle ville, sans ses parents à proximité ? Il se faisait l'impression d'être un enfant qu'on aurait laissé seul dans les rayons d'un supermarché.
"Amour, s'il te plaît, éteint la
lumière." - grogna Johan à côté de lui.Adam s'exécuta, et éteignit sa lampe de chevet. Mais ce fut pire dans le noir. Il entendait la respiration calme de Johan, tout près, alors que lui avait l'impression d'étouffer. L'air remplissait de plus en plus difficilement ses poumons et ses mains se mirent à trembler. Il tenta de prendre une profonde inspiration, qui n'eut pour effet que de lui faire lâcher un sanglot, qui le fit paniquer encore plus. Il serra les dents et ferma les yeux pour éviter d'hyperventiler. Il avait rendu Johan fier, ce soir, il ne pouvait pas tout ruiner ainsi !
Alors qu'il sentait qu'il n'arriverait probablement pas à canaliser celle-ci, il entendit Johan se rapprocher, et bientôt le bras du brun se posa autour de sa taille. Plus encore, Adam retint sa respiration. Johan dormait peut-être, mais il était capable de reconnaître quand Adam était en crise ou non.
La pensée que Johan puisse partir un jour fit craquer Adam. Il laissa tout sortir, et fondit en larmes. Ses joues baignées se firent accompagner de sa respiration, bien trop rapides et irrégulières. Son corps secoués réveilla alors Johan.
"Adam ?"
Johan alluma à nouveau la lame de chevet et soupira discrètement en voyant son petit ami. Le voir se mettre dans cet état était devenu insupportable pour lui. Malgré les années, il n'arrivait toujours pas à s'y faire et c'était toujours la même douleur.
Il se dépêcha de prendre le bouclé dans ses bras et prit sa main pour la poser sur son propre torse et l'aider à reprendre une respiration correcte. Tout en caressant ses cheveux, il le fit s'allonger et le garda contre lui.
__________________________
944 motsHello~
J'ai quelques chapitres en avance, mais je ne sais toujours pas comment finir cette fiction :/// Elle avance doucement cette fois, mais elle avance ;)Laissez vos avis :33
Thx ♡
Blue.
190302
VOUS LISEZ
Reclusive
Random" Dis-moi ce qui ne va pas.. _ Tout va bien. _ Tu t'enfermes sur le balcon et tu dessines des morts. Ne me dis pas que tout va bien."