Coup de foudre tardif

Partie 2

La réponse vint toute seule lorsqu'elle comprit qu'il se mettait derrière elle. Lui donner des indications ne suffisait-il pas ? Etait-il obligé de l'accompagner dans ses gestes ? Elle pensa devenir mal à l'aise, mais finalement, cela ne l'affecta pas tant que ça. Il l'aidait simplement. En revanche, lui ne s'attendait pas à ce que son cœur s'emballe. La question de savoir si le stade de l'amitié était dépassé pour lui ne se posait pas. Il était évident que Jungkook s'intéressait à Minah. Depuis un moment. Bien qu'il n'avait jamais eu le courage de venir vers elle.

-Garde-bien tes jambes serrées.

-Tu tiens tant que cela à me montrer ? l'interrompit-elle. Je suis un cas perdu, je te signale.

-Quand j'ai commencé le basket, je ne savais même pas dribbler, alors je pense que tu n'es pas un cas perdu.

-Tu étais certainement beaucoup plus jeune que moi.

-J'avais treize ans.

Minah faillit rire, mais se retint. Elle en avait dix-sept, mais son niveau était bien médiocre. Elle n'était pas vraiment bien placée pour se moquer de ses compétences.

-Sérieux ? questionna-t-elle en pivotant son visage vers lui.

Ils se retrouvèrent à moins de trente centimètres l'un de l'autre. Minah s'en ficha complètement, trop surprise de ses paroles. Comment pouvait-on ne pas savoir dribbler à treize ans ? Et elle pensa à ses parents. Elle avait treize ans lorsqu'ils étaient morts. A cet âge-là, il découvrait sa passion. Pourquoi n'avait-elle pas pu vivre cela aussi ? Pourquoi avait-elle dû pleurer, elle ?

-Quelque chose ne va pas ? interrogea-t-il inquiet remarquant que son regard se perdait dans le vide.

-C'est juste que j'avais cet âge à la mort de mes parents, murmura-t-elle en fuyant ses prunelles sans pour autant bouger. Pourquoi tu n'as appris qu'à treize ans ? continua-t-elle ne souhaitant pas le laisser pouvoir répondre tout en le refixant.

Un désolé ne changerait rien. Elle détestait d'ailleurs qu'on lui dise désolé dans ces cas. Ou toutes mes condoléances. Les mots ne changent rien. La plupart des gens ne le disent que pour la forme d'ailleurs.

-Disons que j'étais un enfant assez capricieux.

Mais cette réponse ne satisfit pas Minah. Elle resta silencieuse. Elle ne le faisait pas d'habitude. Elle respectait le fait qu'on ne veuille pas tout dire mais là, sans comprendre pourquoi, elle sentit que si elle lui laissait un peu de temps, il poursuivrait. Ce qu'il fit.

-Mes parents n'ont jamais fait attention à moi. Ils me donnaient ce que je souhaitais, jeux, argent, sortie sauf qu'ils ne s'intéressaient pas à moi et c'était cela que je voulais réellement. Alors je faisais les quatre cents coups comme on dit. Je séchais les cours, n'apprenais pas, j'ai même volé. Et puis, j'ai découvert le basket et ça a changé ma vie.

"Pourquoi ce ne sont pas eux qui sont morts ? Pourquoi est-ce mes parents ?"

-Pardon, s'excusa-t-elle en détournant le regard.

-Pour quoi ? s'étonna-t-il en fronçant les sourcils. Il n'y avait pas de raison de s'excuser.

-J'ai souhaité leur mort, avoua sans complexe Minah.

Elle ne pensa qu'ensuite qu'elle aurait dû être moins directe.

-Ça t'arrive souvent ? interrogea-t-il doucement sans la quitter du regard.

Plus il la regardait et plus il se disait qu'elle était belle. Et Jungkook avait de plus en plus peur de savoir où cela le mènerait.

-Tu ne me trouves pas monstrueuse ? J'ai souhaité qu'ils meurent à la place de mes parents, détailla Minah en lui accordant à nouveau toute son attention visuelle.