45 - Problème d'assurance

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Le lendemain quand le réveil tira Damien de son sommeil, la neige avait recouvert la vallée d'un épais manteau blanc, 80 cm recouvraient déjà Barcelonnette et les sommets étaient plâtrés (1) et pourtant il neigeait toujours, des flocons plus fins tombaient, graciles, du ciel. Damien se sentait groggy, presque courbaturé, il émergea péniblement de son lit, sa tête le tournait et ses muscles le faisait souffrir. Il se traina maladroitement jusqu'a la cuisine en silence, afin de prendre un cachet puis dans un calme teinté de mauvaise humeur, due à sa douleur, il prépara son petit-déjeuner. Tandis que son café chauffait il se dirigea vers la fenêtre dont un battant était à moitié recouvert par une congère, normal avec un vent pareil. La douce vapeur de la cafetière le ramena vers la cuisine, il attrapa un mugs et se servit une tasse. Il ouvrit un placard pour en sortir un paquet de biscuits aux pépites de chocolat. Il rejoignit la vieille table en mélèze tordue et dans un silence à peine interrompu par les craquements du poêle mangea, le café ne parvenant pas à le réveiller complètement il gardait les yeux entrouvert. Après s'être enfilé une dizaine de biscuits, il repoussa sa tasse de café et passa ses mains sur son visage pour chasser la brume qui envahissait toujours son esprit, peine perdue, en désespoir de cause il se dirigea vers la salle de bains pour prendre une douche froide, le dernier recours. En ressortant, il ne se sentait pas plus frais mais il était réveillé. Il retourna dans la salle à manger où il débarrassa le bazar qu'il avait laissé puis avec la volonté de ne pas se laisser entrainer à nouveau dans le sommeil fonça dans sa chambre pour s'habiller. Au premier, il ouvrit sa fenêtre et une vague glaciale s'engouffra dans la pièce, celle-ci lui rappela sa crise de la veille, il eut l'impression de se prendre un coup dans l'estomac, il expira violemment et referma aussitôt la fenêtre, en proie à de mauvais souvenirs. Le visage de celle qu'il avait vu et qui avait faillit le tuer revenait le hanter, il secoua violemment la tête. Il ouvrit le placard, avec l'espoir de reprendre sa journée normalement mais il le sentait il n'était pas tout à fait le même quelque chose le ramenait systématiquement vers la veille, vers l'inconnue aux yeux azur puis vers Naomi et l'accord qu'ils avaient conclu. Il sortit un pantalon chaud et un sous pull bleu marine. Et en plus de ça il ne pouvait en parler à personne... Il avait la détestable impression de s' être fait embobiner... Il attrapa un pull bleu cobalt. Pourquoi devait il assurer sa protection, qu'est ce que ça lui apportait... Surtout qu'elle avait plus d'une fois prouvé être capable de se défendre seule... Peut-être l'assurance que les Élémentaires ne tenteraient plus rien... Il commença à s'habiller. Il allait devoir expliquer son revirement forcé aux autres, il grimaça, ça allait encore être sympa... Il traversa jusqu'a la salle de bain pour se préparer tout en tentant de décrypter le plan de Naomi. Ils étaient ennemis et pourtant il devait reconnaitre son talent, il devait être réaliste, elle était passée à l'offensive et il n'avait aucunes idées de comment. Et il en était impressionné, il avait presque hâte de la voir. Enfin, presque seulement, car il ne savait pas comment il devrait réagir face à elle. Devait il feindre l'indifférence au risque de se la mettre à dos ? Ou bien se montrer respectueux et attiser la curiosité de tous ? Peut-être un peu des deux... Il sortit la salle de bain, il était à l'heure, physiquement prêt mais pas psychologiquement. Il descendit le grand escalier central et arriva dans le grand hall où il réprima un frisson, le souvenir de sa mère emplissait toujours la pièce, ce n'était pas là qu'elle s'était... Non, mais sa présence n'avait jamais disparu pour autant, la plus part du temps il n'y faisait pas attention, mais ce matin elle parvint à se frayer un chemin jusqu'a son esprit déjà embrouillé par ses récents soucis. Une cohorte de souvenirs l'envahit, lui tirant des larmes aux coins des yeux, les sourires de sa mère, ses repas, la joie de sa petite soeur, la présence de son père et celle rassurante de sa mère. Non, il devait pas penser, pas maintenant.

Il jeta un oeil à la pendule, il était à peine 7h et le bus ne viendrait pas avant 15 minutes pourtant il n'hésita pas et pour se soustraire à la désagréable présence du souvenir de sa mère attrapa sa doudoune, un bonnet, une paire de gants et une écharpe et bondit dehors.

Dehors, la neige recouvrait tout, et il batailla plusieurs minutes à la travers la congère (2) qui s'était formée dans l'angle entre sa maison et le portail pour sortir enfin dans la rue. Devant chez lui, la rue avait été déneigée, heureusement d'ailleurs, cependant il restait de fantastiques hauteurs de neige de chaque coté du bitume encore recouvert d'une fine couche blanche. Il n'avait plus de doute Naomi y était vraiment allée trop fort, mais il devait reconnaitre une chose, c'était super impressionnant, si elle avait pu déclencher un phénomène pareil que pourrait il déclencher lui ?

Il traversa le village encore assoupi, quelques lumières étaient ça et là allumées chez les gens trahissant l'éveil progressif du village. Il passa à coté de la fontaine, complètement gelé ce qui intrigua Damien, combien avait il put faire pour faire geler la fontaine ? C'était totalement inédit, il n'était même pas sûr que ça soit déjà arrivé. Discrètement, il posa sa main sur l'eau totalement glacée espérant faire appel à ses capacités pour faire disparaitre cette anomalie, il se concentra profondément, ferma les yeux ne sentant qu'à peine l'incroyable chaleur bouillonnante qui l'habitait d'ordinaire. Il força un peu le trait, et un jet de flammes bleues teintées de mauves traversa violemment la couche de glace du bassin de la fontaine. Paniqué Damien retira précipitamment sa main, qu'avait il déclenché ? Heureusement pour lui la température de l'air et de l'eau combinés éteignirent rapidement le feu qu'il avait déclenché, en revanche son gant était foutu. Il regarda à gauche et à droite pour vérifier que personne de l'avait vu et fila en vitesse vers la place où la navette s'arrêtait. Il ne savait pas ce qui s'était passé mais il avait intérêt d'être prudent, il n'avait jamais déclenché de feu pareil.

Il avait vu les flammes, bleues et même mauves... Il se souvenait avoir apprit en physique que plus une flamme est chaude moins elle est lumineuse et que les flammes bleues faisaient parties des flammes les plus chaudes. C'était plus inquiétant qu'autre chose.

En arrivant sur la petite place du bas du village, une boule au ventre lui serrait l'estomac. Il avait peur, avant d'arriver au lycée où une montagne de problème l'attendait déjà... Il n'avait jamais eut peur comme ça... Soudain une phrase lui revint en mémoire, « je comprend parfaitement ce que tu vis. Mais je pense que pour que tu mesures parfaitement ce que vis tout les jours tu devrais... Faire des dégâts, afin qu'ils te prennent tous pour un monstre, l'expérience est très enrichissante tu peux me croire. », Naomi... C'était elle qui lui avait dit ça... Etait-ce donc ce qu'elle ressentait tout les jours avant d'aller au bahut ? Cette peur de ce dont elle était capable... Il réentendait sa voix maintenant, elle résonnait dans sa tête et dans son esprit, comme un les paroles d'un refrain, comme un vent qui rend ivre. L'eau et le feu, si semblable et pourtant si different à la fois, comme les deux faces d'une même pièce.

Damien enfoui sa tête dans son écharpe, il devait se calmer, respirer et se calmer. Il n'avancerait pas ainsi. Il entendit la neige craquer autours de lui, d'autres élèves arrivaient, si les plus jeunes ne se gênait pas pour l'admirer, les plus âgé se contentèrent d'un salut de la tête. Il était peut-être le leader des Élémentaires mais ici il était surtout Damien, un gamin du village comme eux, et ça Damien l'appréciait.

Pourtant ce matin il aurait aimé qu'un de ses admirateurs fanatiques soit là pour venir lui parler, et lui jeter des fleurs. Il lui aurait assuré qu'il était le plus fort et le plus grand et il se serait sentit rassuré. Alors quand la navette arriva avec une dizaine de minute de retard, il s'assit dans un coin, seul, et se recroquevilla sur lui même, pour retrouver le calme, l'assurance qui était sienne, avant de replonger tête la première dans les problèmes et les embrouilles.



 1. Expression pour dire que les sommets sont recouverts de neige et qu'ils sont vraiment blancs.

2. Une congère est un énorme bourrelet de neige qui se forme au niveau d'un obstacle quand il neige avec beaucoup de vent.



Voila voila... La suite de l'histoire avec le retour, progressif, au lycée... On découvre une nouvelle facette de Damien que j'apprécie beaucoup, il parait moins "gentil" et doute de plus en plus... En même temps y a de quoi après avoir pactisé avec Naomi...

Enfin bon, je vais pas tout raconter maintenant... Dans tout les cas je vous remercie de votre soutien et je vous invite à continuer de voter, de commenter et à vous abonner à mon profil, ça fait toujours plaisir !

Enfin bref, merci d'être toujours là !!

Nyx

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