Destinés

69 - Joyeux anniversaire mamie !

Naomi étira ses cervicales pour se détendre avant de monter dans la voiture. Elle devait rester zen, même quand sa grand mère préférée chercherait à la provoquer, elle n'allait pas lui répondre, elle expira profondément, simplement lui sourire et se retenir de ne pas la congeler sur place.

                   - Tu es nerveuse ? Demanda Youlia qui avait pris sa place au volant et démarré le véhicule.

Naomi esquissa l'ombre d'un sourire et se tourna vers elle.

                  - Oui, un peu... J'aime pas les fêtes de fin d'année, elle est toujours pire à cette période là... Répondit Naomi d'un air lasse.

Le visage de Youlia se fendit d'un demi sourire, alors que leur véhicule quittait le lotissement de Soleil Boeuf.

                  - C'est surtout que tu ne supportes pas les fêtes de Noël, tu es moins patiente que d'habitude.... elle est toujours comme ça... Dit Youlia avec sagesse.

                  - C'est juste que j'ai horreur de jouer à la gentille famille unie le temps d'une soirée alors qu'on passe le reste de l'année à se détester... C'est hypocrite... Râla Naomi tandis qu'elles obliquèrent vers la digue dite des colporteurs.

Youlia haussa les yeux au ciel, elles avaient déjà eu cette discussion plus d'une centaine de fois, sans parvenir à trouver de solution. Le seul consensus auquel elles étaient arrivées c'était de ne plus fêter Noël chez Anna, mais cela avait un prix le repas d'anniversaire d'Anna née à deux jours du réveillon où toute la famille se retrouvait était inévitable de même que l'accusation régulière d'être une mauvaise fille. Youlia avait beau s'être détachée de sa mère, elle restait son dernier parent encore en vie et cela impliquait certaines obligations dont celle de venir faire des visites régulières que Naomi et elle surnommaient les B.A. Sauf qu'on ne leur avait jamais remis de badge pour leurs bons accomplissements, ni même de médaille pourtant elles le méritaient bien.... Youlia soupira alors qu'elle actionnait le clignotant pour s'engager dans l'avenue des Mésanges.

                    - Tu sais ce que je vais te dire... commença-t'elle. Laisse pisser.... Elles ne valent pas la peine que tu t'énerve ou que tu te rende malade. Tu ne les changeras pas...

                   - Je sais... la coupa Naomi d'une voix sombre. Ça serait du gâchis d'énergie d'essayer...

Naomi inspira un grand coup pour chasser ses idées noires, elle ne serait pas faible. Espérer que cela se passe bien était faible, utopique, elle n'allait pas faire plaisir à sa grand mère et sa tante de s'énerver au contraire elle allait leur sourire, se montrer sous son plus beau jour et cette soirée se passerait le mieux possible, ou le moins mal.... Un sourire moqueur se dessina sur les lèvres de la jeune femme alors que la voiture tourna dans la petite impasse du bout de la rue où se nichait la petite maison louée par Anna. La maison était toute éclairée et le jardin était envahi de voitures. Décidément Anna avait décidé de ne pas faire les choses à moitié, songea Naomi avec ironie. Youlia avança son petit 4x4 à l'entrée du jardin pour se garer, Naomi leva les yeux sur la terrasse en marbre séparé du jardin par quelques marches où avait été installé un petit sapin de Noël décoré en blanc et argent dont la guirlande électrique clignotait furieusement éclairant la moitié du jardin de son éclat multicolore. Derrière le sapin qui avait été collé à la rambarde, on voyait, à travers la baie vitrée, s'affairer plusieurs silhouettes autours d'une table qui occupait les trois quarts de l'espace obligeant les préposés au dressage à se faufiler entre les chaises.

Naomi et Youlia échangèrent un regard pour se donner du courage et descendirent du véhicule se frayer un chemin à travers la propriété recouverte de neige. Youlia arriva la première devant la baie vitrée qui donnait sur le salon où la grande table ronde avait été dressée, elle en profita pour retirer la neige collée à ses bottes tout en attendant Naomi qui peinait à la rejoindre sans glisser. Quand Naomi l'eut rejoint, elle fit coulisser la porte de la baie faisant sonner la petite cloche de vache qui y était accrochée.