Chapitre 13 : A chaque jour suffit sa peine

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- Hermione ?

Celle-ci sortit enfin de son immobilisme pour faire face à Laurent. Cela faisait en effet une bonne poignée de minutes qu'elle fixait la forêt sans bouger, là où avait disparu Drago.

- On n'attend plus que toi dans la tente de Djune pour discuter les derniers impératifs du bal.

- Je te suis.

Drago était censé assister à cette réunion, mais quelque chose lui disait clairement qu'il ne se montrerait pas. Comment les choses avaient-elle pu déraper si vite ? Eux qui étaient encore si complices quelques jours plus tôt ! La présence de l'armée des Impurs lui était-elle si difficile à supporter ? Ou bien l'était-elle devenue à cause de ses clones ?

Comme s'il voulait partager sa réflexion, Laurent lâcha dans un soupir :

- J'espère qu'il sait ce qu'il fait...

Hermione haussa les sourcils, surprise. Elle ne dit rien cependant, et continua de marcher à ses côtés.

- Les potions sont loin d'être un jeu, renchérit-il. Elles sont rarement sans effets secondaires, et on peut rapidement perdre le contrôle des évènements.

Cette fois, Hermione s'arrêta et l'observa avec sérieux.

- Ce sont les mises en garde exactes de la potion d'amplification, confirma-t-elle alors. Comment le savez-vous ?

- Tu oublies que j'ai consacré la moitié de ma vie à l'hôpital St Mangouste, répondit-il avec un petit sourire nostalgique. J'en ai vu défiler des inventeurs de potions qui s'essaient à toutes sortes de mélanges ! Certains revenaient toutes les semaines avec de nouveaux symptômes, d'autres mourraient dès le premier soir... Les potions ont un pouvoir immense qui peut se révéler très dangereux à celui qui ne le maîtrise pas.

Ils reprirent la marche en silence jusqu'à l'arrivée devant la grande tente de Djune, mais Hermione s'arrêta de nouveau avant d'entrer.

- Pourquoi me dites-vous tout ça ? demanda-t-elle alors.

- Parce que les conséquences de la potion sont déjà présentes, et que ni toi ni ton ami ne semblez l'avoir réalisé, avoua-t-il d'un ton soudain moins évasif.

Hermione eut le sentiment d'avoir toujours su qu'à un moment ou à un autre, cette discussion sur les clones devrait avoir lieu. Elle n'avait jamais aimé y apporter une trop grande réflexion toutefois, car elle fuyait la culpabilité comme la peste : elle était en partie responsable de la présence des clones sur le campement.

- Ils sont un peu durs à vivre, c'est vrai, tenta-t-elle en guise de défense. Mais ils ne sont pas un danger pour nous.

- Tu ne comprends pas, Hermione, dit-il d'un ton toujours aussi aimable. Je ne suis pas en train de parler au nom des revendications de l'armée. Personnellement, tes amis ne me dérangent pas du tout. Je parle en tant que médecin et au nom de la magie : les clones s'humanisent.

- Ils...s'humanisent ? répéta-t-elle d'une voix incertaine.

- Si au début ils n'avaient que la nature d'un phénomène magique, d'une copie, ils ont depuis vécu beaucoup plus que ça. Chacun d'eux a eu l'occasion de faire ses propres choix, de vivre des situations qui deviennent leurs propres souvenirs, et il ne serait pas étonnant qu'ils réfléchissent déjà à leur avenir... Ce que j'essaie de te dire, Hermione, c'est qu'une fois qu'on a goûté à la vie, aussi courte soit-elle, il est rare qu'on ne se batte pas pour la conserver si elle venait à être menacée. Ces clones...ou devrais-je dire maintenant ces hommes, sont en train de se créer une place dans ce monde, et si ton ami croit pouvoir les maintenir sous son contrôle encore longtemps, il se trompe.

La Chasse est ouverte {Dramione}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant