Héritage

La demande

Malia observa son village. Mamadou peinait à se garer car des enfants ont couru à l'arrivée de la voiture et l'entourait en criant. C'était toujours la même ambiance à chaque fois. Malia allait voir sa famille une fois par an et à chaque fois elle se sentait différente d'eux. Elle se sentait différente de ces frères et sœurs qui était plus ancrée dans les traditions villageoise. Elle s'est jamais senti a sa place et aucun ne faisait l'effort de l'intégrer. Et dieu seul sait qu'elle n'a jamais essayer.

Une personne a dû alerter sa mère car celle ci courait déjà vers elle.

          - Ma fille
Elles fondirent en larmes toutes les deux. Elle s'avancèrent ensemble vers la maison de sa mère. Sa mère qui était la première épouse de son père avait eu 5 enfants, Malia étant la plus jeune et la seule fille. Son père avait prit une seconde épouse après son 3ème enfant avec sa première. Une femme beaucoup plus jeune, que Malia n'a jamais apprécié. Malia avait donc 7 autres frères et sœurs issue du second mariage de son père.

Des fois, Malia se demandait comment quelqu'un comme son père pouvait avoir comme meilleur ami, un homme aussi moderne que Adama Diop. Son père était tellement ancré dans les traditions. Des traditions qui ont brisé le cœur de sa mère quand son père s'est remarié. Dès l'âge de 3 ans, Malia est tout de suite devenu insupportable, faisant la misère à sa belle-mère. Et cette dernière fit tout pour l'éloigner du village. Son père, avec la complicité d'Adama Diop décida de l'envoyer à Bamako, chez sa fille Momuso qui n'avait pas eu de fille.  Et c'est comme ça qu'une mère s'est retrouvé séparé de son unique fille.

Elle sera encore sa mère dans ses bras.

       - Je t'ai ramener plein de cadeaux. Mais je te préviens tu donne rien à la sorcière.

Sa mère rigola. Elle savait qu'elle parlait de Fatou la seconde épouse. Elle entoura son visage de ces mains.

         - Tu as grandit ma petite fille. Tu es devenu une belle femme.

         - Et toi t'es toujours aussi belle maman.

Sa mère avait juste 45 ans, elle s'était marié très jeune. Elle l'avait eu à 21 ans. Et son aîné à 15 ans. Elle a dû arrêter l'école pour se marier.

        - Salima appela une voix d'homme. Salima viens avec ta fille chez Fatou.

C'était son père et il avait l'air pressée. Malia suivit sa mère, pensive. Qu'elles soient toutes les deux convoqués chez la sorcière n'était vraiment pas bon signe. La maison de Fatou était beaucoup plus grande que celle de sa mère. C'était même la plus grande du village. Cette sorcière faisait tout pour mettre plein la vue les villageois. Malia vit des paniers de noix de cola juste à l'entrée.

Malia pensa à Marie, sa seul demi-sœur, en âge de se marier qui ne l'était pas encore. Les 3 autres étant déjà toutes casés. Quand elle entra dans la pièce principale et fut surprise de voir Ethan, Carol et Momuso. Ethan avait les yeux braqué sur elle à son entrée. Son maquillage a dû couler quand elle a pleurer dans les bras de sa mère.

- Assis toi ma fille lui intima son père, sa mère s'étant déjà installé aux côtés de la sorcière.

Dès qu'elle prit place sur une chaise à côté de son père, celui-ci lui prit la main.

- Aujourd'hui ma fille, le fils de mon frère Adama vient de te demander ta main.

Malia regarda Ethan bouche bée. Celui-ci avait les yeux braqués sur elle depuis tout à l'heure.
Son père continua.

- Mon regretté frère et moi avons souhaité, il y a cela des années unir nos deux familles par les enfants. Et aujourd'hui c'est notre rêve qui commence à se réaliser.

Malia fut incapable de dire quoi que ce soit. Toujours aussi étonné, elle regarda successivement sa mère qui la regarder comme si elle essayer de sonder son âme puis Momuso qui hochait la tête. Carol elle, avait une main sur sa tempe et affiché une mine dépassée.

Son père continua son monologue

- Comme le veut la tradition ma fille, rien ne se fera sans ton accord. Et je ne veux que ton bonheur. Donc tu dispose du temps qu'il te faut pour prendre une décision.

Mon bonheur?? Mais c'est une blague? Pensa Malia. Où était-il quand mon bonheur était de rester auprès de ma mère?
Elle chassa vite ses pensées car Momuso venait de prendre la parole.

- En attendant votre réponse nous allons rester quelques temps dans le village. Nous allons prendre congé, ma sœur doit déjà nous attendre.

Ethan se racla la gorge.
- Avec votre permission Mr Cissoko, je souhaiterai m'entretenir de temps en temps durant notre séjour avec votre fille.

Moussa parut choqué. Sa femme à côté, la mère de Malia porta sa main à sa bouche. Moussa se leva.

- Vous entretenir avec ma fille avant le mariage ? Quel offense vous voulez nous faire mon fils?

Moussa se demanda à ce moment là si c'était une bonne idée de lier sa fille à un toubab qui ne connaissait rien aux traditions. Momuso se leva à son tour.

- Moussa comprenez un peu les jeunes d'aujourd'hui. Je connais votre fille pour l'avoir élevé moi même. Et au vue de son tempérament rebelle, c'est mieux qu'ils apprennent à se connaître avant tout. Les mariages de nos jours ne se font plus comme avant. Les jeunes se rencontre se fréquente ensuite se marie. Soyez content que mon petit fils ait la décence de demander la permission pour ça. Il a agit en parfait ... ( elle se retourna vers Carol) comment vous dites cela.

- gentleman finit Carol en levant les yeux au ciel.

- Oui voilà

Ethan observa Momuso. Cette femme était une experte dans l'art de la manipulation pensa t-il, il y a quelques heures elle lui a tenu un discours opposé à ce qu'elle venait de dire.
Moussa finit par accepté puis ils prirent congé.