Chapitre 31 : L'erreur de Karol
Rugerro lui lança un regard noir en secouant la tête. Son cœur battait douloureusement dans sa poitrine tandis qu'il croisait les bras pour l'empêcher de s'enfuir.
– Tu dis que tu m'aimes, et tu agis ainsi ? Ce n'est pas ça, l'amour. Je t'accorde que je me suis mal comporté avec toi, mais c'était un simple baiser, une erreur que je ne veux plus jamais recommencer. Je n'ai rien prémédité, Karol. Toi, tu t'es vengé, et tu as gagné.
Il avait le cœur en miette, un trou béant dans le ventre qui aspirait toute sa joie.
– J'en ai connu des filles, asséna-t-il, mais aucune ne m'a fait plus mal que toi.
Karol secoua la tête. L'alcool lui montait à la tête et les paroles de Ruggero, percutante, lui faisait tellement mal qu'elle vacillait. Sa fierté, exacerbée par les cocktails qu'elle avait ingéré, refusait de laisser le jeune homme avoir le dernier mot.
– Comment crois-tu que je me suis sentie en apprenant que tu avais embrassé cette pétasse ? Tu peux appeler ça une erreur, car moi aussi j'en ai fais une.
– Ne me dis pas que là, c'était une erreur ! rugit le jeune homme. Tu l'as voulu !
– Je ne parle pas de ça. Mon erreur, ça a été de t'offrir ma virginité.
Un rire sarcastique passa les lèvres du jeune homme. Il secoua la tête. Comment osait-elle encore remettre ça sur le tapis, après tout ce qu'ils avaient vécu. Il n'en revenait pas.
– A chaque fois, tu vas me la ressortir, celle-là. On a couché ensemble, Karol, parce que tu étais soûle, parce que tu as besoin d'alcool pour te sentir vivante, pour ressentir quelque chose et te donne l'impression que tu es exceptionnelle. Mais la vérité, c'est que tu es minable, Karol. Tu ne vaux pas mieux que « cette pétasse » comme tu l'appelles. Tu le sais très bien, et c'est pour ça que tu bois, c'est pour ça que tu essaye d'oublier que tu ne sais pas qui tu es, ni où est ta place. On vivait quelque chose de beau, et si tu étais parvenue à passer au-dessus de mon erreur, à me pardonner, à m'écouter, simplement à me faire confiance, on aurait pu continuer sur cette route, mais nous avons tout gâché, tous les deux. Il vaut mieux que ça s'arrête. Karol, toi et moi, c'est terminé.
Karol secoua la tête, tentant de chasser l'horrible douleur qui se répandait dans sa poitrine. Des larmes de rasoirs lui ouvraient le ventre. Elle ne pouvait pas laisser cela arriver, mais ses pensées corrompues par l'alcool ne l'aidaient pas à prendre la meilleure décision.
– Depuis quand c'est toi qui décide si ça se termine ?
Pourquoi cela faisait-il aussi mal ?
- Depuis que j'ai découvert qui tu étais réellement. Je crois...
Ruggero soupira en baissant la tête. Il semblait tellement vulnérable, que Karol ressentie soudain l'envie de le prendre dans ses bras. Mais elle ne pouvait pas, parce que c'était fini.
– Je crois que l'amour ne peut pas gagner toutes les batailles.
Il avait perdu celle-là. Pour Ruggero, la guerre était terminée et sa défaite ne faisait que plus mal. Il se détourna. Karol le regarda partir, les larmes lui brûlant les yeux. Elle aurait aimé le rattraper, mais ses pieds étaient collés au sol. Le monde avait disparu autour d'elle, englouti dans les méandres du désespoir. Elle regarda autour d'elle, cherchant un verre, mais il n'y avait que des corps qui se bousculaient au rythme d'une sono cachée dans un coin. La jeune femme étouffait. Elle devait sortir d'ici au plus vite.
Le cœur battant à tout rompre, elle se dirigea vers la porte, percutant au passage plusieurs personnes qui ne firent pas attention à elle. Plus rien n'existait, à part la douleur lancinante qui lui broyait les tripes et la rendait folle. Elle désirait s'arracher les cheveux et frapper quelqu'un, quelque chose, mettre le feu à son corps, s'auto-détruire pour ne plus ressentir, parce qu'il n'y avait rien de plus douloureux que la vérité quand on la prend en pleine face. Un vent frais l'accueillit dehors. Elle ferma les yeux, chancelante, le souffle court.
Elle ne savait pas comment elle allait rentrer chez-elle, ni même si elle en avait envie. Tout ce qu'elle désirait, c'était se perdre dans la rue et cesser de faire du mal aux gens qu'elle aimait. Le problème, ce n'était pas Ruggero, ce n'était pas Tini, ni aucun de ses amis, le problème, c'était elle et Karol ne souhaitait plus en être un. Les jambes tremblantes, la vue brouillée par les larmes et le cerveau en miette à cause de l'alcool et de la tristesse, elle se mit en route, se dirigeant loin de chez elle et de ceux qu'elle aimait. Ils seraient plus heureux sans elle.
***
Ruggero ne parvenait plus à réfléchir correctement. La scène entre Karol et Max tournait et retournait dans sa tête. Cette salope avait embrassé ce salop ! Il ne pouvait pas y croire et pourtant, la jeune fille refusait de sortir de sa vie. Elle traînait toujours dans un coin de sa tête, alors qu'il tentait de l'oublier. Elle avait pris son cœur avant de le piétiner.
Combien de temps resta-t-il sous la douche, à ruminer ces sombres pensées ? Combien de temps l'eau coula-t-elle sur son corps avant de refroidir ? Combien de temps s'écoula-t-il avant que sa sœur ne vienne lui hurler de sortir de la pièce ? Il ne savait plus. Il éteignit le robinet et prit la première serviette venu. Son corps était lourd, comme si un poids invisible pesait sur ses épaules et le ralentissait.
Un voyant sur son téléphone lui indiqua qu'il avait un message. Il ne voulait même pas le regarder, mais c'était un réflexe que de lire ses SMS et il ouvrit la conversation avant même de se rendre compte qu'il ne voulait plus rien avoir à faire avec le monde extérieur. Les mots glissaient sous ses yeux, sans avoir le moindre sens. Le monde n'avait plus sens, c'était aussi simple que cela. Ruggero mit plusieurs secondes avant de comprendre les informations envoyées par Tini et son estomac se contracta douloureusement.
Karol ne voulait pas sortir de sa vie, elle se tapissait dans quelques recoins sombres, comme une bête qui attendait que sa proie soit à terre pour la dévorer. Il la haïssait, et pourtant, il ne put pas empêcher la vague d'inquiétude qui le frappa de plein fouet le fit vaciller quand il comprit qu'elle n'était pas rentrée chez elle.
Karol n'est pas rentrée cette nuit. J'ai appelé Jorge et Nina. Même Max ne sait pas où elle est. Je ne te contacterai pas si ce n'était pas aussi urgent !!!!!!
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En collaboration avec DeathWings97
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Innocence perdue
FanficTini et Karol n'étaient que deux adolescentes comme toutes les autres lorsqu'elles ont accepté de jouer à la "Bouteille Diabolique" avec des amis. Après tout, ce n'était qu'une fête. Malheureusement, après cela, tout a changé. Ce soir-là, les deux...