CHAPITRE 23

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Une heure plus tard

Je crois ne jamais avoir autant parlé avec un homme aussi facilement de ma vie.
Il a passé son temps à écouter mon baratin, et je me suis sentie appréciée, pour une fois. Ça m'avait manqué à vrai dire.
Peu de gens restent avec moi. Enfin, une petite poignée de personne m'accorde de l'importance, plutôt.
Depuis que je suis partie à Angers, la plupart de mes amis ont déserté. Et ceux angevins sont mes sauveurs en quelques sortes, sans eux j'aurais frôlé le burn out je pense.

Bref, se sentir importante aux yeux que quelqu'un est un sentiment oublié au fond. En plus que cela soit avec une rencontre récente, ça fait du bien.

Je tourne en rond depuis tout à l'heure face à Oli qui est assis sur son lit. Il me regarde, tête calée dans la paume de sa main et affichant un sourire discret.

-Je suis sûre que t'en a marre de m'écouter parler depuis des heures maintenant. Non ? je demande.

Je ris nerveusement par peur d'être ridicule.

- Détrompe-toi, j'adore t'écouter parler, c'est passionnant.
-Sérieux ? Bah tiens. Première fois qu'on ne me dis pas de la fermer parce que je parle trop.
-T'es plutôt une fille timide, enfin tu parles pas des masses de base, je trouve. C'est plutôt charmant d'ailleurs.

Ces remarquent restent encrées dans mon esprit.

-C'est parce que j'ai du mal, des fois. Mais quand je me sens en bonne compagnie, j'parle trop, on me le reproche souvent.
-Moi j'trouve ça mignon.

Je viens m'assoir à ses côtés.

-Et sinon, tu veux pas me parler un peu de toi ?
-J'sais pas trop quoi te dire. Genre, tu sais mon prénom, mon âge, lieu de naissance et tout, alors j'ai rien à dire. Tu sais plus ma vie que moi-même, j'suis sûr.
-T'es con...

Je ris silencieusement avant de baisser la tête.
Mon corps bascule à l'arrière, je fixe à présent le plafond blanc face à moi.

-Fin j'sais pas, t'es au courant de presque tout sur moi, à ton tour maintenant, tu penses pas ?
-Si, si tu veux mais j'ai une dernière question. Pourquoi t'es partie sur Angers y a un an ?
-Oh, c'est pour le travail. Fin, j'ai toujours entendu dire que cette ville était super jolie, et que pour un nouveau départ c'est l'idéal. J'ai eu des choses dans la vie qui m'ont donné l'envie de voir d'autres horizons, de carrément changer d'air et ça m'a mené là bas. Mais en fait, j'me sens tellement seule que j'ai l'impression de crever à petit feu. Fin, j'peux plus voir mes proches, et finalement la boîte dans laquelle je travaille est pas si bien. J'vois plus ou je vais et c'est triste, quand j'y pense, j'fais de la merde avec mon avenir, j'ai peur en vrai.  Puis j'ai envie de trouver l'amour, parce qu'avec mon passé traumatisant j'ai du mal avec les mecs.

Personne ne parle durant quelques secondes qui paraissent être des minutes, voire des heures.

-Oh, bah continue pas dans cette lancée franchement, reviens sur Annecy et fais ce qu'il te plait, j'te promets que tu vivras mieux.     Tout s'arrangera, t'es tellement bien comme personne que je comprends pas pourquoi peu de gens s'intéressent à toi. T'es si spontanée et joyeuse, c'est rare les gens comme toi.

Je souris et me redresse.

-Merci, ça me touche.
-C'est vrai, t'as pas à me remercier.

Nos yeux ne se sont pas lâchés durant notre dernier échange de mots. Je baisse le regard, me pinçant les lèvres.
Quand je relève la tête, il me semble plus près, mais c'est spécial.
Il se retire subitement et fait mine de reprendre ses esprits.

-Tu... veux boire un truc ? demande-t-il.
-Si tu veux, avec plaisir.

Il se lève et va voir ce qui se cache dans le frigo de sa chambre.

-Oh, y a du champagne et tout ! T'en veux ?
-Bah fais péter, en l'honneur de cette soirée.

Il nous sert deux verres et revient à mes côtés.

-Voila pour madame, dit-il en me tendant un des verres.
-Merci.

J'avale quelques gorgées du liquide jaunâtre pétillant et pose mon verre sur la table de chevet à mes côtés.

-Déjà deux heures, ça passe hyper vite ! s'exclame-t-il.
-Putain, grave !

Je l'écoute parler quelques minutes, sans rien rajouter. Sa voix me berce en quelque peu, mais je sens la chaleur monter excessivement et ma tête commence à tourner.

-Tu vas bien ? demande Oli.
-O-Oui, t'en fais pas, je... c'est ma tête, elle tourne de ouf. C'est bizarre, mais ça doit venir de l'alcool, je supporte pas ça.

Je respire profondément pour calmer le tournis qui s'immisce.

-Je vais te ramener à à chambre.

J'acquiesce et me lève.
Difficile d'aligner deux pas. Je perds l'équilibre, mais je sens une force me relever. 

-C'est vraiment pas ton fort le champagne, dis donc. Bon, allez, c'est parti.

Je l'entends juste gémir pendant qu'il me positionne correctement sur son épaule, puis plus rien.
Silence radio.

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La rencontre (réécrit)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant