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     Halloween, c'était demain. Dans la petite ville de Brattleboro dans le comté de Windham, dans l'état du Vermont, tout le monde était en effervescence. L'approche d'Halloween replongeait tout le monde en enfance. Les petits, comme les plus grands, préparaient leurs costumes, les décorations, les bonbons, les sacs. Même cette année, la municipalité décorait les poteaux, les bancs et plaçait de nombreuse citrouilles dans les parcs de la ville. 
     Appuyée contre un mur de sa maison, près de l'œil-de-bœuf du grenier, Aliaksandra regardait les personnes se pressés pour cette fête d'octobre. Elle soupira, connaissant déjà le déroulement de la journée de demain. La même rengaine depuis bientôt cinq ans. Visite du rez-de-chaussée pour découvrir les objets de sa grand-mère, activité au sous-sol pour recréer « une potion magique pour tuer les monstres », une mise en scène de combat contre un esprit - mise en scène orchestré par le maire de Brattleboro, lui-même- et visite de la boutique dans le garage. Rien de bien intéressant, comme chaque année depuis le décès de sa grand-mère, Anastasia.
     De sa place, Aliaksandra observait les hommes de l'agglomération suspendre la citrouille au lampadaire noir. La couleur orange tranchait sur le noir, améliorant le côté Halloween. Mais la corde de la citrouille glissa dans mes mains d'un homme et s'écrasa au sol. Maintenant disloqué, la citrouille n'était plus bonne à rien. « A part à nourrir les oiseaux qui rôdent, tels, des chacals dans le désert », pensa Aliaksandra. Étrangement, les deux hommes se tournaient vers la maison d'Aliaksandra. L'habitante soupira, connaissant que trop bien ce regard sur la maison, et même sur elle-même.
     Les légendes racontaient que la maison était habitée par une sorcière, qu'elle faisait une potion magique, qu'elle transformait tout en grenouille, comme dans les dessins animés d'enfants. Depuis, dès qu'il se passait quelques choses dans la ville, tout était de la faute de la sorcière. Accident de voiture, la sorcière, un animal de mort, la sorcière. Des légendes racontaient que la sorcière faisait apparaître de corps, qu'elle faisait des sacrifices d'animaux pour faire des invocations, des potions. Mais la légende urbaine qui a le plus blessé Aliaksandra est celle de sa mère. Les commères de la ville ont rapporté que sa mère avait disparu et qu'elle avait servis de sacrifices humains pour sa grand-mère. Aliaksandra n'a jamais apprécié qu'on parle de sa mère, de cette manière.
     Toujours adossée au mur, elle observait la ville de haut. Les gens semblaient être des petites vermines et ça amusait la jeune femme. Elle avait toujours été comparée rien ou pas grand-chose. Les voir des hauts était un amusement, mais elle ressentait comme une vengeance en le faisant. La porte de sa cour grinça, signe de présence. Aliaksandra glissa ses yeux sur la porte en fer noir de sa cour et soupira. Il s'agissait de madame Abby Frontier, la directrice de l'agence « Sorcière & Co », cette agence qui gérait les visites de la ville où aurait eu lieu des sacrifices et le clou du spectacle, la visite de la maison de la sorcière. Aliaksandra ne supportait pas cette dame de trente-cinq ans. Son look de working-girl lui sortait par les yeux. Sa jupe crayon gris, sa chemise blanche et sa veste assortit à sa jupe. Le bruit des talons horripilait Aliaksandra. Elle pouvait entendre d'ici, le bruit répétitif de ses talons qui claquent sur les dalles. Madame Frontier s'approchait dangereusement de la porte d'entrée et s'apprêtait à sonner ou à frapper. Aliaksandra allait devoir prendre sur elle pour accueillir l'agent. Le sourire si faux d'Abby lui donnait des frissons.
     La sonnette retentit une première fois. Aliaksandra se sépara du mur et quitta son perchoir pour rejoindre Madame Frontier. Elle quitta le grenier, descendit les marches qui séparaient le grenier et le premier étage. Elle ferma derrière elle, la porte des marches, traversa le couloir de la partie nuit avant de rejoindre le salon. Aliaksandra descendit les marches pour rejoindre le fameux musée. Le russe passa entre les cuillères et le chaudron qui devait appartenir à sa grand-mère qui n'était pas le cas. Regardant dans le Judas, Aliaksandra s'efforça de faire apparaître un joli sourire, mais tellement faux sur son visage. Elle posa la main sur la poignée et déverrouilla la porte pour l'ouvrir et voir Abby, entière.
     « Madame Frontier, quel plaisir de vous voir, menti Aliaksandra.
     -Aliaksandra, je suis heureuse de te voir. Je viens voir si tout est prêt pour demain ?»
     Aliaksandra avait envie de soupirer, mais elle devait faire bonne figure. Bien sûr que le musée était prêt ! Personne n'était intéressé pour visiter le musée de la sorcellerie en dehors d'Halloween. Alia regrettait le temps où cette maison était habituée et où elle pouvait gambader dans le salon sans avoir peur de casser quelque chose. Elle aimait se cacher dans les armoires et regardait sa grand-mère faire « son travail du soir » comme elle appelait ça. Aliaksandra avait chaque souvenir dans cette maison, chaque pièce la remplissait d'émotion.
     Sans même bouger, madame Frontier bouscula Aliaksandra pour rentrer dans la maison et en faire un tour. Tous les objets étaient bien sous verre et étaient nettoyer. Aliaksandra la suivit sans faire de bruits, à chaque phrase, elle acquiesça. Les deux femmes déambulaient dans chaque pièce et madame Frontier était l'inspectrice des travaux finis, au grand désespoir d'Aliaksandra, obligée de l'écouter avec sa voix stridente et ses ordres incroyables. Elles finissent par descendre au sous-sol pour vérifier les CD pour la fausse attaque.
     « J'ai hâte de te voir en scène, dit Abby. Tu seras toujours réaliste en plus.
     -Bien sûr, madame, répondit Aliaksandra sans grand enthousiasme.
     -Tu sais que le jour d'Halloween est le jour où le chiffre d'affaires s'affole. Il faut que tout soit parfait pour demain.
     -Je sais, madame Frontier. La réputation de notre ville repose sur mes épaules.
     -Allons donc à la boutique, dit fermement l'agent. »
     Les deux femmes quittèrent le sous-sol pour rejoindre le garage. Ce petit garage, qui abritait, auparavant quelques outils de jardinage, était la boutique de l'attraction. Des goodies de partout, du simple porte-clés à la reproduction d'un balai de sorcière, tout était possible dans cette pièce. Aliaksandra soupira en repensant, une nouvelle fois, à la vie de cette maison avant le décès. Elle examina la pièce et s'arrêta sur les t-shirts. « Je suis allé dans la maison de la sorcière ! », « J'ai vu une sorcière ! », ou le petit dernier, « Je suis une sorcière et toi, c'est quoi ton super pouvoir ? ». Aliaksandra était écœurée de voir comment l'histoire familiale était réduite à faire un chiffre d'affaires.
     Après quelques minutes de vadrouille dans la maison, ainsi que dans le garage, le russe raccompagna Madame Frontier à la porte de la cour. Enfin, elle allait pouvoir être libre de faire ce qu'elle veut, elle allait pouvoir se laisser aller. Avec son sourire plaqué sur le visage, Abby n'était pourtant pas décidée à quitter la maison, malgré les nombreuses indications d'Aliaksandra. Une fois, le portail passé presque de force, l'habitante se fit une joie de fermer rapidement le portillon pour s'assurer qu'elle ne rentre plus dans la cour. Frontier lui sourit toujours.
     « Pense à mettre ton habit de sorcière, Aliaksandra. Tout repose sur toi.
     -J'y penserais, ne vous en faites pas. »
     Abby fit un dernier geste de la main et tourna les talons. Aliaksandra en profita pour admirer ses pas qui s'éloignaient d'elle. Même si Abby était longue, ce fut un vrai moment de délivrance à chaque pas de la femme. À chaque pas, ce fut la fête dans sa tête. Une fois l'agent, presque devenu aussi minuscule qu'une fourmi, Aliaksandra se retourna et admira sa maison. Le portail noir en fer donnait un air de maison abandonnée, l'herbe desséchée, pareil à du soin, en cette saison, l'amusait. Mais ce qui fit encore plus plaisir à la jeune était la maison aux murs sombres, les vitres sales et les fenêtres en bois complètement démodés. La jeune femme cultivait l'esprit maison hantée, sorcière, esprit, démon. Malgré que son statut de « sorcière » la gênait, elle aimait la maison telle qu'elle est. Aliaksandra était sure qu'une aucune personne ne s'approchait de la maison. Pas de cambrioleur, pas de partie de sonnettes. Rien, personne. D'un pas amusé, à la pensée des enfants effrayés par l'aspect de la maison, Aliaksandra pénétra dans la maison de sa grand-mère, sa maison maintenant, mais finalement, c'était simplement « la maison de la sorcière ». « Oh, peut-être, plus qu'une maison de sorcière », pensa la jeune femme souriante.

Bon alors, j'ai décidé de ne pas donner de description physique. Je préfère que vous imaginez votre propre héroïne, ça peut être Mimie Mathy comme Kylie Jenner. Pareil pour le meilleur ami qui va apparaître, je vais pas donner de description, comme ça vous imaginez qui vous voulez, le clown de Ça, Charlie Brown, Adam Driver, Patrick Bruel. En espérant que ce livre va vous plaire ! N'hésitez pas à laisser des commentaires et des votes.🌸

Le fantôme d'HalloweenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant