Le fantôme d'Halloween

7

     Les nombreuses rumeurs sur la disparition de l'adolescent fusaient maintenant depuis quelques jours. Tous allaient de sa propre analyse, sa propre hypothèse, si bien qu'au début, personne ne pensait la même chose par rapport à cet évènement. Finalement, après quelques bruits de couloir, les mots finirent par s'unir et déclarèrent une seule et unique personne responsable de cette disparition, la « sorcière », Aliaksandra. Cette pauvre jeune femme n'avait rien demandé et elle se retrouvait être le souffre-douleur de la ville, à nouveau. Les mots fusaient, c'était forcément elle. Elle ne sortait pas et surtout, la disparition avait lieu à Halloween. Pourquoi chercher plus loin, tout était sous leurs yeux, c'était forcément elle. Son adolescence au passé trouble, remplis de mystère et de sorcellerie. Tous l'accusaient ou justement rien ne l'accusait, mais elle était la personne parfaite à accuser. Depuis le cimetière, il y a de ça une semaine, Aliaksandra n'avait pas posé un pied en dehors de sa maison. Personne ne l'avait vu et tout le monde remerciait Dieu de l'avoir laissé dans cette maison. La pauvre Aliaksandra ne savait rien de cette disparition, qui pourrait la toucher plus que tout. Sa vie pouvait s'écrouler à apprenant la nouvelle.
     Au poste de police, c'était l'effervescence. Les papiers volaient, la sonnerie des téléphones était devenue une mélodie aux oreilles des policiers. Pas une minute sans entendre un téléphone sonné. Le bruit des roues des chaises de bureau s'associait aux téléphones. On pouvait croire que la police était infestée par une fourmilière, tellement de policier grouillaient dans ce petit bâtiment qui était devenus en quelques heures le point de rassemblement du monde.
     C'était à ce moment précis que Danny Sparks pénétrait dans son nouveau poste de travail. Le jeune Danny vient de finir son école de police, après cinq ans de formation. Son âge et son expérience tranchaient avec ses excellents résultats à l'école, lui qui finit premier de sa promotion. Vêtu de son bel uniforme neuf, il faisait tache parmi les policiers de la petite ville. Il fallait dire qu'ils étaient peu utiles donc l'uniforme n'était pas important. Si Danny avait tendu l'oreille, il aurait pu entendre les rires étouffés de ses nouveaux collègues.
     Restant planté devant l'entrée des bureau, Danny s'attendait à être accueilli par le chef de la police, mais personne ne s'intéressa à lui. « Suis-je vraiment utile », pensa le jeune policier. « On m'a dit qu'il avait plein de soucis dans cette ville, mais je n'en ai pas l'impression. » Un léger bruit le fut sortir de ses esprits. Le bruit provenait d'un homme, près d'un mètre quatre-vingt-huit, chauve, avec des lunettes sur le bout du nez. Il était si grand que le pauvre Danny était obligé de lever sa tête pour le regarder dans les yeux. Le petit nouveau ne se gênait pas pour plonger ses yeux dans ceux de l'homme face à lui. Il était prêt à commencer un duel de regard, le jeu préféré de monsieur Smith, ici présent. Chris Smith était le shérif-adjoint, en l'absence du shérif, il devait gérer le commissariat seul. C'était le cas aujourd'hui, les évènements récents avaient beaucoup toucher le shérif.
     "Excuse-moi, gamin, dit Chris, tu es Danny Sparks, le nouveau, c'est ça ?
     -Oui, monsieur. On m'a dit qu'on avait besoin d'un policier, mais j'ai l'impression que vous ne manquez pas de personnel, répondit Danny d'un ton assez froid, un peu en colère d'être venu pour rien.
     -Détrompe toi, gamin. Nous avons besoin de personnel, surtout en cas d'urgence. Un adolescent a disparu.
     -Il s'agit sûrement d'une fugue, sorti simplement le nouveau, pendant presque tout savoir.
     -Non, ce n'est pas n'importe quel ado ! Il ne fait pas ça, il n'est pas comme ça, s'énerva l'adjoint. Ne parle pas quand tu ne connais pas, idiot. Assis-toi sur la chaise et aide tes collègues !"
     Bien évidemment que ce n'était pas n'importe quel ado ! Chris le savait mieux que quiconque. Il s'agissait de son filleul. Celui qu'il coïnciderait comme son neveu, son fils, sa chair et son sang. Il était très touché, voire trop touché pour gérer l'affaire, mais c'était cette proximité avec l'adolescent qui permettait sûrement de le sauver.
     Danny, bien décidé à aider dans les recherches, retira sa stupide veste puis se retrouva en t-shirt blanc. Il se leva et se dirigea vers une table où était posé une carte du comté. Envoyant toutes les croix, les écritures, les symboles, Danny comprit vite l'urgence de la situation et surtout que celle-ci est complètement désespérée. Toutes les zones ont été fouillées, des dizaines de rapports étaient posés près de la carte. À partir de ce genre de moment, Danny savait que le pourcentage de retrouver la personne avoisinait les zéros pourcents. Il savait que toutes les personnes de sa ville font face à la réalité, mais finalement, on ne veut pas abandonner, pas laisser partir le moindre espoir, croire jusqu'au bout que tout est possible et qu'il est là à coté de nous, au bout de nos doigts, que son sourire est là, qu'on peut le prendre contre soi. Mais à chaque seconde, chaque minute, chaque heure chaque jour est précieux et cette main tendue vers lui s'abaissait et son sourire se transforme en larmes, en regret, en dépression, en suicide. Chaque larme est un souvenir gravé en soi, un sourire de cette personne, un moment joyeux, un moment triste, mais en fin de compte, cette personne s'efface avec les larmes.
     Les portes des bureaux s'ouvrirent en grand et d'un coup, ce qui fit sortir Danny de ses pensées. Un homme entra dans la pièce, la balayant du regard avant d'aller dans son bureau. Il claqua la porte et la verrouilla. Les policiers baissèrent la tête, d'autres lâchaient quelques larmes. Danny assistait à cette drôle de scène, ne comprenant pas la situation et surtout les réactions des personnes. Ce moment, le plus jeune rechercha du regard le shérif-adjoint. Il le trouva dans un coin de la salle, le téléphone greffé à la main. Danny se leva et s'en approcha, mais resta à distance raisonnable.
     Chris, voyant le petit nouveau, sécha ses larmes et lui fait face. Il essaya de faire face à la nouvelle, mais c'était tellement dur pour lui. Il offrit cependant un sourire au jeune homme.
     "Je peux t'aider, gamin, demande Chris en reniflant.
     -Oui, enfin, j'ai une question. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
     -Oh, on a retrouvé l'adolescent, du moins, son corps. Quelle horrible découverte. Il lui manquait ses yeux.
     -Pourquoi il est parti comme ça, le shérif ?
     -Ah oui, tu n'es pas au courant. Le pauvre adolescent retrouvé est le fils du Shérif."
     Chris tendit un léger bout de papier avec une simple adresse. Danny le prit en souriant. Comprenant qu'il doit se rendre à cette adresse, il ouvrit son téléphone pour trouver le chemin le plus rapide.

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