Le fantôme d'Halloween

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     Le hurlement de madame Smith avait sûrement raisonné dans toute la ville. Cette pauvre vieille dame venait de découvrir le cadavre d'un jeune homme dans le jardin de sa petite maison de pavillon. Madame Smith, qui venait de fêter ses 79 printemps, habitait dans un quartier éloigné du centre-ville. Ce petit quartier était quand même l'un des plus chers de la ville et très calme. Ici, vivaient les personnes les plus aisées de la ville. Aucun débordement, pas de crottes de chien sur le trottoir, pas de hurlement d'enfants. Mais, avec ce cadavre, toute la foule de tous les quartiers allaient venir pour observer le corps et les policiers s'affairaient autour du cadavre. Les potins étaient les meilleures sources d'informations dans les petites villes, mais comme tous potins, ils étaient modifiés selon les personnes. Les rumeurs passèrent d'un adolescent tué chez une vieille dame à la vieille dame a tué un adolescent parce qu'il voulait lui voler son sac. Les potins étaient bien mais pas assez fiables.
     À peine une heure après la découverte du corps, une foule incroyable s'était regroupée devant la maison. De tous les quartiers, de toutes les classes sociales. Les femmes de la paroisse s'étaient regroupées autour de la vieille dame, encore sous le choc de la découverte. Les enfants essayaient d'accéder au corps pour voir « un mort de leurs propres yeux ». Ils collaient le cordon de sécurité le plus possible, afin de voir un centimètre du corps allongé au milieu des roses et des tulipes de la vieille dame.
     Danny se gara devant la maison, faisant bouger les quelques habitants sur la route. Aliaksandra descendit également de la voiture. Quand le jeune homme apprit la mort de l'adolescent, il pensa immédiatement à la jeune russe. Il s'était dit qu'elle pouvait été de bonne aide et peut-être qu'elle aurait quelques pistes. Danny savait qu'il dérogeait à une des lois de la police, mais il avait besoin de la jeune femme. Avec les évènements de la vieille, il voulait avoir le plus de contact avec Aliaksandra, au cas où elle ne voulait plus lui parler. Justement, cette dernière accepta de l'accompagner seulement si aucun des deux n'évoquait le baiser d'hier. Danny accepta à contrecœur, si c'était la dernière fois qu'il devait lui parler ou la voir, il devait en profiter.
     Danny ferma sa voiture à clé et se dirigea vers le cordon de sécurité. Il fouilla dans la poche de son jean pour saisir son insigne pour prouver son appartenance à la police de la ville. Aliaksandra resta en retrait. Après tout, elle était une civile qui se rendait sur une scène de crime et elle savait que la plupart des personnes présentes devant cette maison allait accuser. Tous allaient sûrement dire qu'un meurtrier revint toujours sur la scène de son crime. Mais Aliaksandra n'y était pour rien et elle était la seule à pouvoir le savoir. Tous les regards étaient braqués sur elle et elle gigota quand elle se rendit compte de ses regards. Même si elle marchait assez rapidement, Aliaksandra avait l'impression de chaque pas était lent, comme si elle marchait au ralenti. S'approchant toujours plus du cordon, un des policiers l'arrêta quand elle leva le cordon pour passer en dessous. Danny voyait son amie derrière le cordon, se retourna et s'approcha du cordon pour le lever lui-même. Tournant la tête vers le policier avec un regard assez noir, pendant qu'Aliaksandra passa, il devait clairement mettre les choses au clair, que ce soit avec lui ou avec d'autres.
     « Aliaksandra est avec moi. Elle est ma consultante et je n'ai de comptes à rendre à personne. Elle aura accès à la scène de crime comme nous, tous. ».
     Avant même qu'Aliaksandra ne puisse dire quelque chose, Danny lui saisit son poignet et la traîna de force vers la scène de crime. La jeune femme était mal à l'aise, entouré de ses policiers, jugés par les habitants. Elle aurait voulu hurler, repousser Danny, lui mettre une claque, prendre sa voiture et s'enfuir pour recommencer une vie, loin d'ici, loin de sa ville, loin de ses gens. Mais elle n'en avait pas la force et son plan ne serait qu'une idée pour s'enfuir et ne sera jamais réalisé. Une simple conception qui restera loin de la liberté. Quand Aliaksandra posa ses yeux sur le cadavre, elle laissa échapper un hoquet de surprise. Elle avait reconnu Erik, un ami d'enfance, qui avait été son « amoureux » en primaire. Mais très vite, elle remarqua qu'il n'avait plus d'yeux. Ses orbites étaient vides, juste deux grand trous au milieu du visage. On aurait cru un film d'horreur, mais Aliaksandra n'avait pas peur, elle avait bien connu pire.
     Regardant autour d'elle, à la recherche d'éléments, Aliaksandra vit deux yeux dans la forêt, derrière la palissade de la maison. Il y avait quelqu'un. Elle ne le lâchait pas du regard, mais un sourire machiavélique se dessina, le même que la veille. La jeune femme glissa sa main dans son sac à main pour prendre l'arme. Alors qu'elle était prête à le sortir, la personne n'était plus là. Elle lâcha l'arme qu'elle tenait dans la main et reprît son attitude, le plus normal possible.
     Un policier s'approcha de Danny, pendant qu'Aliaksandra regarda le corps. Elle s'accroupit, la tête juste au-dessus du corps, surtout de la tête pour pouvoir regarder les orbites vides.
     « Danny, on ne connaît pas l'origine de l'accident. Il manque encore les yeux et on ne connaît pas la personne, dit le policier à côté de Danny.
     -Il s'appelle Erik Van Persan, il a vingt-trois ans. Je le connais bien. Il est journaliste pour le journal local, répondit Aliaksandra en regardant le visage. Il lui manque les yeux, comme Evan. Je suppose que c'est la même personne. Étonnement, il n'y a aucun sang, à croire que c'est de la magie.
     -Danny, vire moi Aliaksandra. Elle va nous porter la poisse. Ramène-la chez elle, hurla un policier plus loin, en voyant la jeune femme. Pas de civil. »
     Danny ne fit rien, mais deux autres policiers poussèrent la jeune femme en dehors de la zone, afin de la raccompagner chez elle et surveiller ses mouvements. Danny ne pouvait rien faire, à part la regarder s'éloigner loin de lui.  

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