Chapitre 5

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Je me rappelle très bien le jour où j'ai connu Véronica. On était jeudi. Ça faisait presque deux semaines que j'étais dans cet asile avec pour seul ami, et bien, personne. Je me rappelle qu'un garde l'accompagnait. Elle avait l'air effrayer comme moi le premier jour. Faut dire qu'elle ne l'était pas vraiment puisqu'elle était sous couverture. Vraiment c'est une très bonne actrice je dois dire. Elle s'est mise à pleurer quand le garde est parti, mais elle ne pleurait pas comme quelqu'un qui avait des problèmes mentaux, mais plutôt comme quelqu'un qui avait été enfermé injustement. Comme moi. Je ne parlais jamais à aucun patient de l'asile, mais là, j'ai eu envie de lui parler. Je me suis dit que comme ça au moins, je me sentirais moins seul et elle aussi. C'est moi qui ai commencé la conversation en premier. Je suis pose que c'était son but depuis le début. Faire une entrée théâtrale, pour s'attirer ma compassion et pour que soit moi qui aille vers elle et non pas l'inverse afin que je ne me doute de rien et que je puisse avoir en elle une confiance absolue. Je me suis donc lancé.

- Salut, est-ce que ça va ?

Je n'ai jamais été très doué pour commencer une conversation, ni même pour aller vers les autres. En plus que ce qui ma prit de dire ça, c'est son premier jour et elle a l'air d'être là injustement alors bien sûr que ça ne va pas.

- Non ça ne va pas ! Cet endroit est horrible. Il y a plein de gens bizarres, des fous. Moi je ne suis pas comme eux, je suis ici par erreur, je ne suis pas folle !

- Je te comprends, tu sais. Moi aussi on m'a enfermé ici par erreur. Et je sais comment tu te sens, je suis aussi passé par là. Je sais que cet endroit a l'air horrible, mais ce n'est pas si mal que ça en a l'air. Juste si on t'assomme avec des médicaments, mais bon tu verras on finit par s'y habituer.

On finit par s'y habituer. Sans blague ! Je n'arrive pas à croire que j'ai dit ça. Comment on pourrait s'habituer à un endroit pareil ? Comment !

- Tu es là depuis combien de temps toi ?

- Presque deux semaines, mais j'ai l'impression que ça fait une éternité. Le temps passe très lentement ici.

Elle a arrêté de pleurer. C'est déjà ça.

- Je m'appelle Véronica.

- Moi c'est Madalena.

À partir de ce moment, moi et Véronica sommes devenus inséparables. Nous faisions tout ensemble. Nous avions des passe-temps. C'est vrai que dans cet asile, il n'y avait pas vraiment d'activité ou des choses à faire. C'est vrai, cet endroit est pour les fous et quand tu es fou, tu n'as pas besoin de t'occuper. Tu vis dans ton monde sans te soucier des autres ou tu t'inventes une vie. Tout d'abord nous avons donné un surnom à tous les patients de l'asile. Enfin, tous ceux que nous connaissions. Ensuite nous nous mettions à imaginer leur vie et ce qu'il avait fait pour en arriver là. Ça parait peut-être ennuyeux, mais c'était très drôle. Il y avait aussi une dame, Marie Jeanne. Elle avait vécu beaucoup de choses dans sa vie, bien qu'elle soit là depuis longtemps. Moi et Véronica on adorait s'assoir à côté d'elle pour écouter ses histoires de mari, de familles, d'argent, de tromperies. Elle nous appelait même parfois Sophie et Silvie. C'est le nom de ses deux petites filles, je crois qu'elle souffrait aussi d'alzheimer, mais ça ne nous dérangeait pas car c'était la seule personne gentille avec nous. Je ne sais pas si tout ce qu'elle nous racontait était vrai, mais ça n'avait vraiment aucune importance. On avait aussi une cachette avec Véronica, un refuge. On y allait quand on en avait marre de voir ses murs pourris et tous les fous de l'asile surtout quand c'était l'heure des médicaments. Ça faisait peur à voir , ils entraient tous dans un état végétatif. Un après-midi, je crois que c'était un mercredi, mais je n'en suis pas sur, on était dans notre refuge. Aujourd'hui, ça avait été une journée difficile. On m'avait volé le collier que ma grand-mère m'avait offert pour mes 12 ans . J'y tenais vraiment beaucoup et ça m'a dévasté. Je ne l'enlevais jamais, mais hier, le garde qui nous surveillé pour prendre notre douche m'a demandé d'enlever mon collier. Je n'ai pas voulu l'enlever tout de suite, mais elle est devenue très vite menaçante alors j'ai été obligé de le retirer. Ensuite, il y a eu l'une des patientes qui a piqué une crise du coup on nous a tous renvoyer dans nos chambres et je n'ai pas pu récupérer mon collier. Le lendemain, je suis retourné dans la salle de bain, mais elle n'y était plus. En plus, quand le garde m'a vu dans la salle de bain alors qu'on a pas le droit d'être la sans permission, m'a privé de déjeuner et comme je ne prends jamais de petit déjeuner car leur porridge ressemble plus a du vomi qu'autres choses, je me retrouvais sans collier et sans rien dans l'estomac depuis plus de vingt heures. Et donc, j'étais avec Véronica et elle essayait tant bien que mal à me remonter le moral.

Shade SideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant