Après notre séance de ménage, comme chaque samedi, je vais m'assoir sur le siège propre de la pièce à l'arrière.
Le vieux s'assoit sur le canapé que nous avions installé juste derrière moi. Cette salle changeait radicalement de la première fois que j'étais venue, il y a plus d'un an déjà.
-Tu me joues un morceau ? Me demande le grand-père.
Je feuillette dans ses partitions et tombe sur un morceau de Carey Bell. Je commence à jouer avec entrain, mais peu habitué à ces morceaux, je fais plusieurs fautes.
-On a connu mieux, ricane le vieux qui sirote son thé dans un bruit plus qu'insupportable.
-Tu n'as qu'a venir jouer toi ! Je m'exclame en me levant pour lui laisser la place.
-Demandé si poliment... grogne-t-il en prenant ma place.
Je croise les bras, feignant de bouder, mais sourit intérieurement de toutes mes dents. Le vieux est et restera toujours mon modèle. L'entendre jouer me remettra toujours du baume au cœur, et me donne toujours autant envie de danser.
-C'est ta préférée celle-là, dit-il entre deux notes.
-Oui, je réponds alors que ma jambe bouge frénétiquement.
Je m'assois à côté de lui et nous continuons le morceau en quatre mains. J'aime ces moments où je peux vivre en rythme avec la musique. Il n'y a qu'avec le vieux que je peux être aussi naturel.
Le vieux, et Galilep.
Mais ça, plutôt mourir qu'avouer à ce gamin de merde que nos après-midi à jouer en face de la gare sont les meilleures de mes semaines.
A la fin du morceau, je regarde les mains du vieux. Elles ont souvent l'air de se décomposer, et pourtant ses morceaux restent les mêmes et pleins de vie.
-Tu progresses à vue d'œil, me dit le vieux en me regardant les larmes aux yeux.
-T'es ému, vieux ch'noque ?
-Oh ! Ferme-là un peu ! Crie-t-il en me tapant l'épaule.
Je ris et il me sourit en retour avant de se lever.
-Comment va ta pupille ? Me demande-t-il en souriant malicieusement.
-Ma pupille ?
-Tout le quartier ne parle plus que d'un adolescent racaille de chez nous et d'un enfant gosse de riche de l'autre côté de la gare qui passeraient des journées entière à faire du piano dans la rue.
-C'est ce qui se dit ? Je m'étonne en prenant conscience que des rumeurs sur Galileo et moi circulent.
-Pourquoi ne m'en avoir jamais parlé ? Surtout que d'après les rumeurs ça fait 6mois.
-Presque 8 pour être exact...
Le vieux soupire et je me gratte la nuque.
J'espère qu'il ne va pas m'en vouloir de ne pas lui en avoir parlé, ni de lui enseigner ce qu'il m'a apprit. Mais comme il dit si souvent, la musique se partage, je ne voyais donc pas le mal.
-Tu m'en veux ?
-De ne pas me l'avoir présenté plus tôt ? Evidemment !
-Tu voulais que je te le présente ? Tu n'es pas vexé ?
-Pourquoi le serais-je ? Tu vis avec la musique et fais des rencontres, c'est merveilleux ! Tu réussis même à apprendre à un enfant le plaisir de la musique. Comment est-il ?
-Il se débrouille de mieux en mieux. Bon après, ça reste un enfant sans grandes bases de solfège et faisant des morceaux rudimentaires.
-Comme toi à tes débuts...
-Mais lui, il à 9 ans. Enfin 10 maintenant.
Le vieux secoue ses mains devant moi et ferme les yeux.
-Ne te penses pas supérieur sale gosse ! Tu ne fais du piano que depuis un an.
Il commence à grommeler plusieurs choses et je lève les yeux au ciel.
-Tu deviens aigri pépé.
-Je l'ai toujours été ! C'est pour ça qu'aucune femme n'a jamais voulu m'épouser, d'ailleurs !
Je fronce les sourcils, surpris.
-Et qui est la jeune femme sur tes photos, alors ?
Le vieux sourit et regarda la photo accrochée juste au dessus du canapé. Elle était même sur celle-là.
-Mon amour de jeunesse. La seule qui ait voulue rester un peu avec moi. Nous ne nous sommes jamais mariés cependant. Ses parents étaient forcément contre. Quelqu'un comme moi n'avait rien à faire avec quelqu'un comme elle.
Un voile de nostalgie passa devant ses yeux et il baissa la tête.
-Nous voulions nous enfuir. Que nous étions stupide... La police nous a retrouvé, et je ne l'ai plus jamais revu.
-C'est triste... soufflais-je, comment s'appelait-elle ?
-Rose. Mais ce ne sont que des histoires déprimantes de vieux !
J'acquiesce en comprenant qu'il ne souhaite pas plus en parler que ça.
-Tu me présentera ta pupille ?
-Galileo ? Bien sûr.
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Écoute「 BxB 」
FanfictionEros et Galileo, un amour transmit à travers un vieillard et un piano.