Chapitre 1

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Merde, merde, merde !

-Arrêtez-vous ! Hurlent les policiers derrière moi.

Il a fallu que cet abruti de Fabien parle avec cette nana à ce moment là ! Il peut pas faire le guet correctement ?

Heureusement pour moi, je connais les rues de ce quartier comme ma poche, et mieux encore. A droite, la supérette. Il y a la porte avec la serrure cassée. Si j'y vais, ils ne me trouveront pas.

Je tourne, cours sur quelques derniers mètres, ouvre la porte et me cache derrière. Pas un bruit, tout est calme... Et la porte s'ouvre.

-Toi ! S'exclame un vieil homme se tenant sur une canne en me pointant du doigt, toi et tes petits copains, avaient essayés de me voler ma voiture !

Je serre le poing. Je ne vais tout de même pas frapper une personne si âgée pour m'enfuir, je ne suis pas lâche.

-Vous allez rappeler les flics ? Je crache en le prenant de haut.

-Je ne sais pas, fait-il semblant de réfléchir.

Je souffle et le pousse pour essayer de sortir. Mais ce putain de vieux me fait un croche pâte avec sa foutue canne.

-Quoi ? Appelez les ! De toute façon vous allez le faire, autant le faire tant que je suis juste devant vous, non ?

-Non. Je ne les appellerai pas.

-Hein ?

Il me sourit, et c'est ainsi que je fus embarqué dans sa galère.

Je me retrouvais assis sur un fauteuil, chez le vieux.

-Dis moi, gamin. Comment tu t'appelles ?

-Eros.

-Et quel âge as-tu, Eros ?

-14 ans.

-14 ans ? Oh ! Tu as toute la vie devant toi ! C'est beau...

-Vous me voulez quoi ? Pourquoi ne pas avoir appelé la police ?

-Je suis vieux, et je hais la poussière, mon petit.

-Ah. Et ?

-Et je ne peux plus faire le ménage ! Regarde un peu cet endroit ! Il croule sous la poussière ! Je ne te dis pas les maux de toux que ça me cause. J'aimerai que tu viennes chez moi, une fois par semaine. Tu aideras un vieil homme fatigué à nettoyer son appartement. Bien sur en échange, Eros, je garderai le silence sur tes actes.

Mais quel con ! Je lui ai révélé mon prénom...

Je soupire, vaincu. Je vais devoir servir de femme de ménage à ce vieux rabougri pour ne pas que ma mère apprenne mes actes. Si elle venait à l'apprendre, je passerai un sale quart d'heure.

-Qu'en dis-tu Eros ? Tu acceptes ?

-Je suis bien obligé...

-Parfait ! Commençons donc ! Va dans la salle au fond, tu trouveras du matériel de ménage. Prend tout ce que tu peux.

Je me lève et vais dans la salle que le vieux m'a indiqué. Wow, la poussière pique. Autant d'ordinaire, ça ne m'affecte pas, mais alors là... Il y a une pellicule blanche dans l'air, les volets sont fermés, et quand je marche, je vois mes traces de pas sur la poussière par terre.

Je cherche un aspirateur, une serpillère, prends des plumeaux des chiffons et plusieurs produits que j'entasse dans un carton que je pose sur le premier meuble à ma portée.

-Tu t'en sors mon petit ? Me demande le vieux en entrant dans la salle.

-Je prends le mat...

-Malheureux ! Mais ne pose pas ça là ! Il cri en se précipitant dans la salle, sale gamin de merde ! Fais un peu attention, non ?

-C'est quoi votre problème ?

Il soupire et bouge le carton de place en me montrant le meuble du doigt.

-C'est fragile, c'est délicat, ça à une âme.

Il est fou ? C'est juste un meuble poussiéreux.

-Les meubles n'ont pas d'âmes.

-Les meubles, non.

Il passe sa main sur le meuble et ouvre un couvercle.

-Les instruments de musique, eux, oui.

-C'est un piano ?

-En mauvais état, mais oui. J'ai longtemps joué avec des amis... Ah, comme je regrette ce temps, m'explique-t-il en regardant l'instrument avec amour, si tu fais ton boulot correctement, je pourrais peut-être te jouer un morceau.

J'hausse les épaules. A quoi ça me servirait d'écouter un vieux jouer du piano ?

J'attaque ma corvée sous ses cris et ses remarques incessantes. "Ne frotte pas si fort", "Ne repasse pas le chiffon une fois que l'as passé", "Mais enfin ! Ne marche pas là où tu viens de passer la serpillère". L'après midi se déroule ainsi, et vers les coups de 17h, j'ai enfin fini.

-Tu as bien travaillé mon petit, me dit le vieux en m'aidant à emporter les ustensiles de ménage dans la pièce toujours sale, je peux donc te jouer un petit morceau.

Il s'assoit sur le siège et de la poussière s'échappe du coussin. Nous toussons en cœur et je plisse les yeux.

Le vieux pose ses mains sur le clavier et appui plusieurs fois sur la même note.

Et enfin, il commence à jouer. C'est beau. C'est une musique entraînante, qui donne envie de bouger, de danser. Je suis hypnotisé par le mouvement de ses mains sur le piano. Blanche, noir, noir, blanche. Il enchaîne les notes si rapidement, que j'ai du mal à reconnaître le vieux fatigué qui m'utilisait il y a à peine deux minutes pour nettoyer ses vitres.

Et étrangement, je souris. Et encore plus bizarre, ma jambe se mise à bouger toute seule, en rythme avec la musique.

Et toute cette magie prit fin quand il s'arrêta de jouer.

-Alors ? Ça t'as plu ?

Je restais la bouche ouverte. Je n'avais jamais autant aimé une musique. Et pourtant, c'était loin de tout ce dont j'avais l'habitude d'écouter.

-Qu'est-ce que c'est ? Je demande en restant captivé par ses vieilles mains qui avaient réussies cet exploit.

-Du jazz. Du boogie woogie pour être plus exact, m'informa le vieux en se relevant.

-Je reviendrais vous aider chaque semaine ! Je m'exclame plein d'espoir, mais apprenez moi à jouer comme vous !

Le vieil homme sourit, et hocha la tête.

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