Chapitre 7

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A pas feutrés, je m'introduis chez Eros. J'ai réussi à avoir le double des clés de son appartement après maintes et maintes demandes. Il est en train de jouer du piano.

Je referme silencieusement la porte derrière moi et me glisse dans le salon. Sa mélodie et douce et calme. Je me représentais une après midi de printemps chaleureux, allongé dans l'herbe.

Je restais envouté par la musique derrière lui, qui trop concentré dans son jeu, ne m'avait toujours pas remarqué. Lorsque ses mains se soulevèrent une dernière fois avant de se reposer sur ses genoux, je me décide à enrouler mes bras autour de lui, le faisant sursauter.

Son cœur bat très vite, j'ai dû lui faire une sacré peur.

-C'était beau, je lui dis en posant ma tête dans sa nuque.

-Merci. Comment s'est passé ta semaine ? Tu n'es venu me voir que mercredi.

-Excuse-moi. Les professeurs ont commencé à s'activer pour nous faire travailler encore plus.

-Déjà ? Tu n'es rentré il n'y a que deux mois.

-Et oui, c'est sérieux la terminale, Cupidon. Et ils font exprès de nous mettre toutes les interros avant les vacances. Quelle bande de cons...

Je ris et me décolle à contre cœur de lui.

-Et toi ? Tu as des réponses pour tes demandes d'emploi ?

-L'école de musique dans laquelle tu étudies ton piano ne m'a toujours pas répondu. Si ça continu ainsi, pour payer mon loyer, je vais devoir commencer caissier chez carrefour.

Je sentais dans sa voix que quelque chose était différent.

-Tu me caches quelque chose ?

-Oui.

Au moins il est honnête.

-Qu'est ce que c'est ?

-Si je te le cache, ce n'est pas pour te le dire, Leo.

Je vais m'assoir sur son canapé et allume la télé, présumant qu'il a fini de jouer. J'enlève mes chaussures et m'étale de tout mon long.

-Tu penses pas que tu prends un peu trop tes aises, là ?

-Bof.

-Tes parents disent rien sur le fait que tu passes tous tes week-ends ici ?

-Ils savent que c'est toi, et ma mère te connaît, je réponds en haussant les épaules. Et puis tu me fais réviser mon piano en leur laissant des soirées tranquilles et silencieuses.

Il rit. C'est vrai qu'avec moi jouant jusqu'à pas d'heures, mes parents n'avaient pas beaucoup de répit. Les voisins non plus d'ailleurs.

-Heureusement que tu joues bien, alors.

Il prend mes chaussures et va les ranger, puis ramasse mon sac que j'avais laissé dans l'entrée pour le ramener dans sa chambre.

-T'as ramené ton pyjama au moins ? Me demande Eros alors qu'une cloison nous sépare.

Oups.

-Regarde dans mon sac, je suis pas sûr.

En fait si, je suis sûr de ne pas l'avoir prit. Encore.

-Galileo t'es chiant ! Mon deuxième pyjama est en train de sécher !

-Mais... je fais comment, moi, alors ?

Il revient au salon et me jette mon téléphone qui était dans mon sac.

-Je veux pas dormir en slip moi ! Je vais me peler, en plus ils ont pas encore mis le chauffage.

-A la limite j'ai des vieilles affaires que je mets presque plus. Mais les tee-shirts et les joggings seront trop petits...

-Ah ouais, c'est taille 14 ans ?

-Oh, ferme la ! Il s'exclame en esquissant un sourire, viens voir ce que tu peux prendre.

Je me lève à sa suite et on dégote finalement un sweat-shirt. Bon, c'est déjà ça. Je pars me laver, enfile mon boxer et son sweat et sors de la salle de bain.

Eros arrive et m'arrange les cheveux d'un coup de mains.

-J'ai chaud, je me plains.

-Enlève le sweat.

-Mais je vais avoir froid.

Il soupire et continu de jouer avec mes cheveux. Le voir ainsi sur la pointe des pieds, cette lueur espiègle dans les yeux, réchauffe mon cœur.

Et je ne peux me retenir de le prendre dans mes bras, et de le serrer contre moi. Je presse mes bras autour de lui et m'accroche à son tee-shirt.

-Galileo?

Je ne réponds pas et inspire son odeur. Son cœur bat vite, mais le miens aussi. Je suis bien là, comme quand on joue du piano. J'ai l'impression de jouer une partition inédite.

-J'entends ton cœur, je lui dis.

Je sens ses mains s'accrocher à mes cheveux, et sa tête se coller à mon torse. Il respire fort.

J'écoute.

Nous restons ainsi quelques minutes, avant de se dégager enfin l'un de l'autre. Maintenant, j'avais vraiment chaud.

Je regarde Eros qui a ses joues teintées de roses. Il rougit ? Ou il trouve qu'il fait chaud, lui aussi ? Dans le silence, nous rejoignons sa cuisine et je mets la table. Il nous a préparé des pâtes à la sauce tomate, et nous les mangeons avec appétit en plaisantant.

-Mes amis se demandent avec qui je passe autant de temps, je raconte à Eros. Ils savent que je viens là par l'intermédiaire d'Evan, qui habite juste à côté. Certains pensent que je me suis trouvé une nouvelle petite amie.

-Je suis si séduisante, pouffe Eros en aspirant bruyamment une pâte.

Je ris face à l'ironie de la situation.

-Mes amis avaient plus ou moins la même réaction, quand je passais des après-midi entières avec toi à jouer du piano, à la place de faire ma canaille, comme nous en avions l'habitude.

Je bois de l'eau et le regarde curieux.

-T'as gardé contact avec eux ?

-Certains oui. Fabien et Isabelle, qui sont mariés d'ailleurs.

-Ils sont comment ?

Eros sourit et posa ses couverts.

-Isabelle est une vraie tête de mule. Elle est têtue comme personne, elle adore rire, elle est joyeuse et est pleine de vie. Fabien est casse pieds et tête en l'air mais attentionné. On formait le trio de choque à l'époque. On faisait les 400 coups. Et dans un sens c'est grâce à eux que j'ai commencé le piano.

-Tu ne m'as jamais raconté.

-Ça avait commencé sur un coup de tête complètement foireux. Avec Fabien, on voulait voler une voiture. C'est tombé sur celle d'un vieux fou qui a tout de suite alerté la police. On s'est enfui, mais le vieux m'a de suite retrouvé et m'a menacé de me passer aux flics. Il m'a emmené chez lui, et c'est là qu'il m'a proposé un marché étrange...

Il continua de me raconter sa rencontre étrange avec le piano, et je buvais ses paroles.

-La suite tu la connais. Un jour, un petit garçon m'a entendu joué dans la rue. Il était un peu stupide.

-Il ne l'est plus ?

-Mmh... parfois si, encore un peu.

On se sourit en se regardant et nous finissons nos assiettes, avant de débarrasser le tout.

-J'ai chaud.

-Enlève mon sweat, alors.

Je fais ce qu'il dit et le retire. Je sens ses yeux se posent sur moi et mes joues prendre des couleurs.

-Tu me mates ? Je dis en riant nerveusement.

Il tourne le regard et rit à son tour.

-T'es con.

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