Chapitre 16

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Ca fait maintenant plusieurs minutes que j'attends devant le lycée. Je n'aime pas voir Mathilda contrariée, elle reste ma meilleure amie. C'est pour ça que je préfère régler nos contrariétés le plus tôt possible.

-Hey ! Elle m'interpelle en tapotant légèrement mon épaule.

Je me tourne et lui prend légèrement la taille sur le côté.

-Tu veux aller quelque part ? Un café ? Un Mcdonalds ? Je lui propose en relâchant mon étreinte.

La noiraude secoue négativement la tête et replace une mèche derrière son oreille.

-J'ai beaucoup de devoirs ce soir... je préfère rentrer plus tôt, m'explique-t-elle avant de commencer à marcher vers son arrêt de bus.

Je la suis silencieusement, regardant l'ombre de sa silhouette se détacher sur le trottoir. L'hiver est là. Nos doudounes sont montées jusqu'à notre cou et les cheveux de Mathilda volettent doucement dans les airs.

-Après cet hiver, quand j'irai chez le coiffeur, je me couperai les cheveux encore plus court, commence alors Mathilda.

-Ça me fera bizarre. Déjà que ça avait été un choque de te voir couper tes longs cheveux en 2nd. Mais si tu en as envie.

Je marche à côté d'elle, tête baissée. Nous arrivons à son arrêt de bus, bondé d'élèves. Mathilda s'adosse à un lampadaire et j'enfouis mes mains gelées dans la poche de ma doudoune.

J'aurai du envoyer un message à ma mère pour lui demander de me récupérer. Je vais devoir rentrer à pieds.

-Tu sais, j'ai été assez surprise d'apprendre que tu sortais avec un mec.

J'hoche la tête, attendant patiemment qu'elle me déballe son sac.

-Je suis heureuse pour toi, évidemment. Et puis on est plus ensemble... Mais je ne sais pas. Je le prends... j'ai l'impression d'avoir été trahie en fait.

-Ouais...

-C'est comme si toute notre relation, ces années où je t'aimais, en réalité tu ne m'aimais pas. En tout cas pas comme je t'aimais. Je sais que je n'ai pas le droit de rejeter la faute sur toi mais... je ne sais même pas comment exprimer les sentiments que j'ai sur le cœur ! Elle s'exclame en laissant sa tête cogner contre le lampadaire derrière elle.

-Tu sais Math, avant lui, je n'ai jamais aimé d'hommes. En fait avant lui, je n'ai jamais aimé quelqu'un d'autre que toi. Tu as été mon premier amour, et c'est pas par ce que je suis maintenant amoureux d'un homme que mes sentiments pour toi étaient factices. Je t'ai aimé comme je n'ai jamais aimé aucune femme. Et lui je l'aime comme je n'ai jamais aimé aucun homme... c'est pas vraiment comparable...

Je me passe une main sur mon front, puis laisse échapper un long soupir.

-Je t'ai aimé d'amour. Pas juste d'amitié. Je t'aime d'amitié en ce moment, mais avant je t'aimais d'amour. Comme toi tu m'as aimé.

Mathilda baisse la tête, et se détache du poteau.

-Je peux te prendre dans mes bras ? Elle me demande d'une petite voix.

Je ne prends pas la peine de lui répondre et l'attrape par le bras en l'attirant doucement jusqu'à moi.

-T'as pas à me demander la permission, je chuchote dans le creux de son oreille.

Je sens sa tête remuer, puis son corps de détache du miens.

-Tu l'as dis à tes parents ? Me demande alors la noiraude.

-Non... et je t'avoue ne pas savoir quand ni comment m'y pendre.

-Tu devrais peut être tout simplement leur dire, comme tu l'as fait pour nous. Ils ne devraient pas sur réagir . Et puis, tes parents t'aiment.

-Ouais... enfin je m'attends pas à des félicitations non plus. Un fils qui aime les mecs, t'imagine la réputation de mon père au travail après ça ?

Mathilda fronce les sourcils, avant de me dévisager.

-Tu penses vraiment au regard des autres ?

-Je peux pas m'en empêcher. C'est comme si la société était toujours sur mon dos, comme si je devais toujours me cacher d'être amoureux d'un homme ! Comme si à tout moment je pouvais me faire insulter pour être ce que je suis...

Ma meilleure amie sourit tristement.

-Il y aura toujours des cons partout. Mais une chose est sûre, tes parents ne sont pas cons. Tu ne peux pas savoir comment ils réagiront sans avoir dit la vérité avant.

-Je sais quand même ce qu'ils en pensent. L'homosexualité, ok, mais que chez les autres.

Mzthilda lève les yeux au ciel et me donne une tape dans l'épaule. J'aurai aimé continuer cette discussion, pouvoir suivre les conseils qu'elle aurait continué à me donner. Mais son bus venait d'arriver.

-Un peu de courage sale tapette. Il en faut bien parfois ! Me salue-t-elle avant de monter dans son bus.

Je lui fais un petit signe de main puis regarde son bus s'éloigner à l'angle de la rue.

Je sors mon téléphone et mes écouteurs, puis commence a marcher pour rentrer chez moi. Plus que quelques mètres me séparent de chez moi. Je pourrais très bien tout révéler à mes parents ce soir.

Comme ça. De but en blanc.

Au cours du repas, au moment où mon père repose son verre de vin, je toussote, je regarde mon assiette et je leur avoue sortir avec quelqu'un, mais que cette personne n'est pas une fille.

Ça serait si simple.

Mais mon coeur se sert rien qu'à l'idée d'y penser. Je ne suis pas encore prêt...

Au même instant, je reçois un message de ma mère qui m'annonce qu'elle rentrera plus tard du travaille ce soir. Mon père lui, est resté à la maison toute la journée et lorsque je franchis le pas de ma porte, une douce odeur d'épices me parvient aux narines.

-T'as passé une bonne journée mon fils ? Me demande mon père.

Je balance mes chaussures dans l'entrée et me dirige vers le piano dans le salon.

-Ouais. Mais je suis fatigué, je lui réponds vaguement.

Je laisse ma tête retomber sur les touches du piano formant alors un son dissonant horrible. Je reprends mon souffle et entend une notification arriver sur mon portable.

Eros: au fait !
Je t'aime :)

Je souris comme un con devant mon téléphone, puis commence à jouer une douce sonate.

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