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Chapitre 11

Je n'avais jamais passé de vacances aussi épuisantes de ma vie. J'ai passé la plupart de mon temps à réviser, changeant de lieu pour dormir et manger. Chez moi, chez Eros, chez mes amis et à la bibliothèque.

Et lorsque je ne révisais pas, soit les 4 heures qu'il devait me rester de la journée, au lieu de dormir, je les passer à jouer du piano soit avec mon professeur à l'école de musique soit chez Eros.

Alors, lorsque la rentrée arriva, la première sonnerie de cours arriva comme une libération.

J'étais l'un des rares de mes amis, avoir passé mes vacances à travailler autant. Après tout, toutes nos évaluations étaient avant les vacances : à quoi ça servait d'étudier encore ? Simple, le bac à la fin de l'année. Et je ne devais pas chômer ! La L, surtout la terminale, était une classe bien plus compliquée que ce que je pensais. Surtout que j'avais pris cette filière par choix de force majeur : c'était la seule qui avait une option musique.

Et comme chaque lundi, j'avais musique le matin.

En marchant vers la salle de classe, mon cœur se remplit d'une chose étrange... peut être de la nostalgie ? Non, de l'angoisse... J'étais angoissé d'avoir un cours de musique en classe entière.

Je n'avais pas changé de prof de toute la scolarité excepté en 4eme, et passer de Mme. Rall, la meilleure prof que le monde ait pu me donner, à l'inconnu... me faisait vraiment peur.

-Galileo, m'appela Chloé avec qui j'avais mon cours de musique en commun.

Je la rejoins presque en courant devant la salle, et attrape la bandoulière de mon sac, dans un mouvement nerveux.

-Ça va être étrange d'avoir un cours sans Mme. Rall, non ?

J'hoche la tête, au lieu de lui répondre normalement. Je ne peux rien dire, la bouche est pâteuse. Je suis bien trop nerveux pour un simple cours sur l'orchestre de Viennes.

Lentement, la porte s'ouvre sur une jeune femme souriante, comme me l'avait dit Mme. Rall.

-Il doit faire -30° à l'extérieur ! S'exclame-t-elle en s'écartant de l'entrée, vous attendez quoi pour venir ? Je vais pas vous manger, vous savez. Et puis vous êtes grands maintenant, ça serait plutôt à moi d'avoir peur de vous.

Chloé me sourit et entre avant moi en me gratifiant d'un coup de coude aux côtes.

-Arrête d'avoir peur du changement, elle me glisse à l'oreille au moment où je m'assois à côté d'elle.

Les autres élèves rentrent à tour de rôle, et entre les sacs qu'ils portent sur leurs dos, derrière, je le vois. Mon piano.

J'aimerai y rejouer, j'aimerai demander à cette nouvelle professeure, si après les cours, pendant les pauses, durant le midi, je peux venir. Et puis tout de même, je suis là depuis bien plus longtemps qu'elle ! Cette salle est comme ma troisième maison, je fais ce que je veux. Non ?

-Bon les grands, par ce que vous êtes plus les petits de 6eme qu'il faut gérer et qui ne savent pas se taire en rentrant... dit-elle en tournant les yeux vers Loïc qui parlait de sa voix grave à Annie.

Ce qui eut pour effet de fermer sa grande bouche de Suédois. Pas que je n'aime pas les suédois, mais Loïc est le seul suédois que je connaisse. Et je n'aime pas Loïc.

C'est l'un de ces trois petits voyous qui avaient essayé de me raquetter, en 5eme. Avant que Mme. Rall ne vole à mon secours.

Et si la nouvelle prof se rendait compte rapidement qu'ils n'étaient pas tout blanc, ça serait tant mieux pour moi.

-Je suis donc la remplaçante de votre professeure Mme. Rall, qui comme vous le savez est partie en congé maternité. Je m'appelle Church, et je compte bien vous faire travailler !

-Tcheurtche ? Répéta l'idiot suédois qui essayait de prononcer le nom de famille de notre nouvelle professeure.

Je vis le désespoir passer dans ses yeux, et elle se tourna vers la voisine de Loïc, Annie.

-Dis moi, tu es sûre qu'il est en terminale, lui ? Demanda-t-elle avant de se tourner de nouveau vers Loïc, Church, C-H-U-R-C-H, Church ! Comme le mot « église » en anglais ! Tu connais l'anglais ? C'est l'une des matières que tu auras au bac à la fin de l'année.

La classe s'esclaffa doucement, et les poings de Loïc se serrèrent sous la table.

Ah mon coco, tu peux rien faire là. Tu es tombée sur une prof caractérielle, qui t'as cernée d'emblée de jeux.

Finalement, ces cours étaient plutôt agréable. Pas aussi parfait que ceux de Mme. Rall, mais mieux que ceux de l'autre vieille chouette. Bien mieux en fait. Je me demande si en un jour, elle n'avait pas dépassé toutes mes espérances, jusqu'à devenir ma deuxième professeure préférée.

A la fin du cours, je décidais d'aller la voir, pour lui parler du piano.

-Madame ? Je l'interpellais alors que les élèves sortaient et que d'autres commençaient à attendre dehors.

-Oui ?

-Avec Mme. Rall, j'avais l'habitude pendant les pauses et le plus souvent possible, de venir jouer du piano. Elle me laisse la salle depuis la 3ème, et il n'est jamais rien arrivé...

Elle me coupa en rigolant et en levant une main devant moi.

-Attends attends, déjà on reprend. Je viens d'arriver, et pour tout te dire, je ne connais aucun prénom ! Même celui du grand blond qui a fini par me détester en 5min.

-Lui ? Il s'appelle Loïc, une vraie tâte à claque.

L'espace d'un instant je cru qu'elle allait me dire qu'elle était d'accord. Mais elle se teint une fraction de secondes avant. Parler d'un élève comme ça dans son dos, ça pouvait lui porter préjudice.

-Et donc, toi ? Tu es ?

-Oh, Galileo Rossillol ! Je m'exclame en reprenant nerveusement ma ficelle de sac.

Elle fronça les sourcils et croisa les bras en me dévisageant de bas en haut.

-Oui, oui, j'ai entendu parlé de toi. Tu joues du piano depuis longtemps, non ?

-Depuis mes 9ans.

-Et tu veux faire quoi plus tard ?

-Si je pouvais vivre de ma passion, ça serait géniale. Mais je ne me fais pas de faux espoirs, je n'ai pas assez de talent pour devenir pianiste professionnel. Par contre, professeur de musique, comme vous où Mme. Rall...

-Ou M. Trinez.

-Oui... attendez, qui ?