Savior

L'appel

Bip. Bip. Bip.

Seigneur, ce que je déteste les réveils. Et les lundis. Je me retournai dans mon lit en poussant un grognement sourd.

BIP BIP BIP

Écrasant ma main sur le sommet du réveil, je le fis enfin taire. J'ouvris difficilement les yeux. Les premières lueurs du jour s'offraient à ma vue, glissant pernicieusement sous les volets clos. Je m'assis maladroitement, rabattant les couvertures enroulées autour de moi. Je tournai mon regard vers l'objet de mon malheur. Les numéros rouges lumineux indiquaient 6 h 30. Pff, beaucoup trop tôt.

BOUM

Qu'est-ce que... ? Je me levai aussi vite que je le pus et, ouvrant la porte, je découvris une scène que je qualifierais d'habituelle. Ryota avait encore bu la nuit dernière. Il venait justement de se casser la figure du canapé, et cependant il dormait encore. Je n'avais jamais vu un mec dormir aussi profondément. Il allait réveiller Tomoya avec ses ronflements ! Je m'avançai vers lui et lui dis doucement en m'accroupissant à ses côtés:

« Ryota, tu ne peux pas dormir ici. ».

Un ronflement plus fort que les précédents me répondit. Je soufflai longuement. J'allais devoir utiliser la manière forte. Je me dirigeai vers la cuisine et remplis un verre d'eau. Tomoya allait encore gueuler. Je revins vers le Beau au Bois Dormant et je répandis le contenu du verre sur lui. Sa réaction ne se fit pas attendre.

« PUTAIN, QUI EST L'ENCULÉ QUI- ?! »

Il se stoppa net en voyant l'enculé en question. Il ouvrit d'abord de grands yeux éberlués, puis un éclair de compréhension prit place au fond de ses prunelles brunes.

« - Je ronflais, c'est ça ? Dit-il d'un air blasé.

- Ouais.

- Et je me suis encore cassé la gueule ?

- Ouais.

- Je vais aller me coucher dans ma chambre...

- Fais donc. Mais un petit conseil, prends un aspirine avant, la gueule de bois risque de faire mal.

- Hm, merci, mais je le sais déjà. »

Tout en marmottant dans son bouc, il se releva difficilement et se dirigea vers la cuisine. Presque simultanément, les portes des deux chambres qui étaient auparavant closes s'ouvrirent. Tomoya sortit le premier et je sus que Ryota allait passer une très mauvaise journée en sa compagnie, mais que d'abord, il allait passer un mauvais quart d'heure.

« - Putain Ryota, je t'ai déjà dit d'aller direct dans ta chambre quand tu reviens de soirée. Je bosse aujourd'hui, merde ! Lâcha-t-il avec humeur.

- Roh ça va, tu t'es jamais endormi sur le canapé, toi ?

- Pas quand j'étais bourré.

- Tu parles, lors de cette soirée, t'as même vomi dessus!

- Mais tu vas fermer ta gueule, oui ?!

- Vous pouvez arrêter de vous engueuler dès le matin, on a cours nous ! »

Apparemment, Taka venait de se lever également. Je tournai la tête vers lui et, derrière son air énervé, je vis que la situation l'amusait beaucoup. Il croisa mon regard et me fit un clin d'œil. Ces situations nous faisaient en fait beaucoup rire car les disputes entre Ryota et Tomoya étaient toujours désopilantes. J'étouffai un rire discret et je retournai dans ma chambre prendre mon uniforme le plus vite possible, Taka faisant de même. Ce serait à celui qui arriverait le premier dans la salle de bains. Sauf maladie ou courbatures, c'était moi qui gagnais toujours, et ce, chaque matin et soir. Et aujourd'hui je n'avais ni l'une ni les autres. Je fus plus rapide que l'éclair et, refermant la porte, j'entendis un choc sourd contre le bois.