Savior

Le début de la traque

Il nous fixait toujours, un air mortellement sérieux sur le visage, la tête légèrement penchée sur le côté, signe qu'il analysait la situation. Je comprenais ce qu'il faisait. C'était la règle numéro un quand on devenait un assassin. Analyse la situation pour profiter des faiblesses de ta cible. Là, il remarquait notre étreinte, et surtout, mes larmes. Putain, mes larmes.

«- Taka, lâche-moi, s'il-te plaît. Nous ne sommes plus seuls. Grinçai-je d'une voix tendue.

-Hein ? » Demanda-t-il, surpris.

Il me lâcha et se retourna, découvrant la raison de ma tension. C'est à ce moment-là que le visage de La Mort s'éclaira, un grand sourire barrant son visage. Mais comment faisait-il ça ? Les seules fois où il souriait, ce n'était jamais bon. La dernière fois que je l'avais vu sourire, il était en train de torturer un mec pour lui soutirer des informations sur l'une de ses cibles. Et croyez-moi, c'était pas beau à voir. Je ne sais même pas si le mec en question avait survécu. Mais bref, jamais il ne souriait de cette manière. Et ça ne faisait qu'accroître mon appréhension.

« Je suis désolé, je cherchais un coin tranquille et je me suis perdu. » Nous expliqua-t-il en rigolant.

Tu parles, il me cherchait, ouais. Et il nous avait trouvés. Calme-toi, respire, il ne peut rien faire ici, il y aurait trop de témoins... Mais quelle connerie, à part deux oiseaux, personne ne se trouvait sur le toit !

« Ah mince ! » S'exclama Taka. « Tu es le nouveau, Toru, c'est ça ? »

Le blond acquiesça, souriant toujours comme un guignol.

« -Tu veux qu'on te raccompagne en cours ?

-Non ! » M'écriai-je sous le regard médusé de Taka. « Il a déjà fait le chemin à l'allée, je pense qu'il peut faire le retour comme un grand. »

Blondie me fixa, son sourire toujours présent mais je pus déceler dans son regard une pointe de colère sous-jacente. Je l'avais foutu en rogne. Génial, juste génial.

« Je-. » Commença-t-il.

Mais il fut coupé par la sonnerie. Jamais je n'avais autant aimé ce « Driiiing ». Si j'avais pu, je lui aurais fait des bisous. Je me levai, suivie de Taka, et me dirigeai vers la porte. Je laissai Taka passer devant, juste par précaution, et frôlai La Mort. Ce contact me donna envie de partir en courant. Ce mec m'inspirait une telle terreur, ce n'était pas bon du tout. Si je paniquais, je ne pourrais pas protéger Taka. Mais je savais de quoi cette enflure était capable, et ça me terrifiait.

Nous descendîmes les escaliers en silence. Je détestais ça. Il ne fallait jamais tourner le dos à un assassin, jamais. Il aurait pu me briser la nuque en une seconde, ou me pousser dans les escaliers et bien m'amocher. Mais il me voulait en bonne santé, sinon il l'aurait déjà fait. Ma tête n'était pas mise à prix, c'était déjà ça.

Nous retournâmes en classe et nous reprîmes nos places. Taka me fixait, un air d'incompréhension plaqué sur le visage. Il allait me demander des explications, c'était sûr.

« Pourquoi tu as réagi comme ça ? C'était vraiment impoli ! »