Une nouvelle mission

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Deux ans plus tard.


J'ouvris brusquement les yeux. La pièce était presque plongée dans le noir, un mince filet de lumière éclairant le lit. Quelques restes de mon rêve s'accrochaient encore dans mon esprit. « Ne pars pas... ». Secouant la tête, je les chassai. C'était du passé, il ne fallait pas que je m'arrête sur ça. Même si le manque était toujours présent, serrant douloureusement mon cœur...

Je tentai de me redresser mais un poids sur mon ventre m'en empêcha. La faible lumière du jour me permit de distinguer un bras posé en travers de mon ventre. Meeeerde... Je l'avais oublié lui... Je pouvais à peine voir ses traits mais je savais déjà à quoi il ressemblait. Asiatique, les cheveux bruns, bouclés de préférence. Ils se ressemblaient tous. C'était presque tous les soirs la même chose. J'allais dans les bars, je buvais à m'en arracher l'estomac et je ramenais des mecs. Et chaque matin, j'oubliais avoir passé la nuit avec eux.

Il bougea dans son sommeil et se rapprocha de moi. Il embrassa ma main gauche et remonta le long de mon bras, jusqu'à mon cou. Alors comme ça, il était réveillé ?


« Salut, beauté. »


... Mais pourquoi fallait-il toujours que je ramène des boulets ? Et que je couche avec ? Je m'apprêtai à lui répondre quand la porte de ma chambre s'ouvrit, et quelqu'un alluma la lumière.


« Faut vraiment que t'arrêtes tes conneries, Crow. »


Plissant les yeux, je découvris Toru, adossé nonchalamment dans l'encadrement de la porte.


« - C'est qui, ça ? Demanda l'inconnu couché dans mon lit.

Ça, c'est son colocataire, petit con. Répondit froidement Toru.

- Qu- ? Je ne te permets p- !

- T'as cinq secondes pour te rhabiller et dégager de cet appart. » Poursuivit-il, glacial.


L'autre ne chercha pas en savoir plus. Il se leva précipitamment, remit son jean et, se tournant vers moi, me demanda :


« On se rappelle ? »


Mais quel con.


« Non. Dégage. » Répliquai-je, blasée


Il sortit de la pièce et baissa la tête quand il passa devant le blond. Je me rallongeai en entendant la porte d'entrée se fermer. Un mal de tête commençait à poindre dans le fond de mon crâne. Oh non, tout sauf la gueule de bois...


« - Tu comptes t'enfiler tous les asiats du quartier ou bien ? Demanda Blondie.

- Je ne vois pas en quoi ça te regarde.

- Il ne lui ressemble même pas, en plus.

- Ferme ta gueule. » Répondis-je, glaciale.


Il se contenta de me fixer pendant une bonne minute puis, se dirigeant vers la fenêtre, il ouvrit les rideaux d'un geste brusque. La lumière me brûla les rétines. Mon mal de crâne explosa, emplissant ma tête comme un poison ardent, et je gémis bruyamment.

SaviorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant