Savior

La vingt-sixième avenue

Il allait me faire mal. Je le savais. J'en étais persuadée. Putain, respire, Elena... Il allait me-.

« - Aïïïïïe !!!!! Putain, mais fais doucement !!

- Oh, c'est bon, Crow, arrête de chouiner. »

Toru était en train d'enlever le pansement qui protégeait ma blessure.

« - Il faut bien que je l'enlève pour nettoyer la plaie.

- Oui, je sais, mais fais gaffe à- AÏE !! PUTAIN !!

- Si j'avais su, je t'aurais laissée agoniser sur le canapé, que tu as détruit au passage, de même que la banquette arrière de ma voiture... Regretta-t-il en soupirant.

- J'aurais dû appeler une infirmière, putain...

- Une infirmière ? Pff ! Elle n'aurait rien fait de plus dont je ne suis capable !

- Oui mais au moins, elle aurait fait doucement, elle !

- Je peux me déguiser si tu en as envie, Crow.

- Non, ça ira, merci. Je n'ai pas envie d'avoir une vision de l'Enfer. »

Il finit de retirer le pansement et je poussai un soupir de soulagement.

« - T'en fais vraiment des caisses, Crow.

- Si tu veux, je te tire dessus et on voit ce que ça donne. Proposai-je en respirant profondément.

- Tu peux toujours essayer. Mais il vaudra mieux pour toi que j'en crève, Crow, ou je jure de ne pas abréger tes souffrances.

- Pff, t'es pas drôle... AÏÏÏÏÏE !!! »

Il venait d'appuyer sur ma blessure avec son doigt. Mais quel petit con !!

« - ESPECE DE PETIT- !!!

- Ah, ah, ah, fais gaffe, Crow, je peux recommencer !

- Pourquoi t'as fait ça ?!

- Une envie subite.

- Et moi j'ai une envie subite de te détruire le visage à coups de poing !!

- Bon, la plaie est jolie. Au moins, ça ne s'est pas infecté... »

Il prit une compresse, la trempa dans du désinfectant et nettoya ma blessure consciencieusement. Je le regardai faire silencieusement, une question me venant en tête. En fait, je ne savais pratiquement rien de lui. Et je me demandais comment il s'était retrouvé là, au milieu d'une agence d'assassins. Pour moi, il avait toujours été là. Ayant deux ans de plus que moi,  il avait quinze ans quand j'étais arrivée, et ça faisait apparemment un bout de temps qu'il était à l'agence. Je me lançai donc.

« Toru... Comment est-ce que tu es devenu un assassin ? »

Il se figea quelques secondes, puis continua de nettoyer ma blessure. Je crus qu'il n'allait jamais me répondre quand il prit enfin la parole.

« Mes parents m'ont vendu quand j'avais sept ans. Ils avaient besoin de fric. Beaucoup de fric. Ils avaient de nombreux créanciers et l'un d'eux a proposé à mes parents de me vendre, comme ça il effaçait toutes leurs dettes. Et c'est ce qu'ils ont fait. Je peux m'estimer heureux d'être tombé dans une agence d'assassin. C'est tout. »