Chapitre 17

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Les semaines suivantes virent la petite rousse sortir à une fréquence moindre, mais toujours avec la même vigueur pour aller aux recoins où jouaient les enfants. Cependant, elle ne passait plus devant la cabane devant lesquelles les trois femmes avaient l'habitude de converser.

Un matin, alors qu'elle avait décidé d'y retourner, les enfants se trouvaient rassemblés devant la cabane. Caligo en sortait et ramenait de petits fruits mauves qu'il leur distribuait.

— Bonjour, leur dit-elle.

Personne ne lui répondit mais, sur le côté, les trois femmes la dévisagèrent brièvement. Elle s'avança vers elles et les salua à leur tour, puis leur dit :

— Vous n'avez pas l'air joyeuses.

— Laisse-nous, ordonna Bérale.

— C'est à cause de moi, n'est-ce pas ? Vous avez peur qu'il arrive malheur à cet endroit parce que je suis là ? Je vous présente toutes mes excuses, et vous promets que je vous défendrai contre quiconque viendrait vous déranger.

— Nous avons d'autres sujets de discussion que toi, l'informa la grande en croisant ses grands et maigres bras.

— Ton cas ne va vraiment pas changer grand-chose ici, et je ne sais pas ce que tu es venue chercher, poursuivit la petite.

— Elle a raison, approuva Bérale. J'ai cru entendre que tu voulais rester ici pour aider. Aider qui ? Tu n'aides personne ici !

— Si, elle aide !

Caligo s'approcha en sautillant de sa mère, qui criait les yeux exorbités.

— L'autre jour, elle a aidé Egim qui s'était fait un bobo sur la tête. Elle est trop chouette, Soso !

Il souriait de toutes ses dents.

— Co... comment ? s'exclama Bérale. Tu lui parles ? Comment est-ce que tu oses parler à des gens pareils ? Allez, rentre, Caligo ! Je vais t'apprendre les bonnes manières !

Et elle poussa son fils à rentrer dans la cabane, sans réagir à ses protestations.

— Caligo est un garçon gentil et bien élevé, commenta la rousse lorsque Bérale revint.

La blonde ne dit pas un mot.

— Il n'y a pas que Bérale qui est choquée, expliqua la grande en reniflant. Tout le monde ici est choqué de voir une fille de là-haut partir avec un fripon tel que Vayne.

— Je veux dire... enchaîna la petite. Parmi les hommes d'ici, il y a des moches, des sales, des radins, des violents, des sans nom, des louches, des méchants... et il a fallu que tu choisisses celui qui est tout ça à la fois.

— Tu as oublié de dire qu'il était bête comme ses pieds, précisa Bérale.

— Oui ; en plus. Même une parfaite sotte ne peut pas être attirée par lui.

— Sauf qu'elle n'est pas sotte, releva sarcastiquement la grande. Elle est noble, ça se voit ; et a des tonnes de diplômes. Elle a été élevée par les dames les plus distinguées du port.

— Sauf que nous ne sommes même pas sûres de ne pas nous tromper de personne, reprit la petite. Celle qu'on nous a décrite est bien bossue et boiteuse, mais elle a aussi toutes sortes de maladies qui font qu'elle ne peut pas faire trois pas toute seule. Tandis que toi, tu as réussi à faire un chemin long et dangereux à pied.

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