10. Première répétition

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P.D.V Ciel Phantomhive

Encore ce satané cauchemar... Mon œil me fait un mal de chien et je suis mort de froid, par-dessus tout. Je sais que je devrais appeler Sebastian, mais je n'en ai aucune envie. Je me lève de mon lit, la main sur le symbole du pacte et quitte ma chambre en silence. Je parcours une minuscule distance et toque à la porte de ma sœur. J'entends un bâillement, puis sa voix qui me dit d'entrer. Elle est assise au milieu de ses draps, l'air encore endormi et ses cheveux rouges en désordre. La lumière de la lune éclaire son joli visage de porcelaine et ses yeux bleus. Je referme la porte et m'approche d'elle.

-Tu as encore fait un cauchemar, Ciel ? me demande-t-elle.

J'hoche la tête avec un peu de honte. Petit, je m'en fichais, mais aujourd'hui, ça me dérange un peu de devoir me reposer sur ma jumelle quand je ne vais pas bien. Sebastian se moque parfois de moi mais depuis qu'il sait ce qui l'attend si il recommence, il a arrêté. Quant à Rosalie, elle ne m'a jamais fait de commentaires sur cette manie. J'ai l'impression qu'elle est toujours heureuse de me voir arriver dans sa chambre pour trouver du réconfort. Quand nous étions plus jeunes, je dormais avec elle pratiquement tout le temps. Nos parents disaient que j'avais beau être né en premier, Rosalie avait l'allure d'une aînée, à toujours me protéger et me rassurer. Bien sûr, ça lui arrivait aussi de venir vers moi, et je ne la repoussais jamais. 
Ma jumelle me tend sa main ; je l'attrape et monte sur le lit. Je sens ses doigts fins sur ma joue.

-Tu as mal ? m'interroge-t-elle.

-Un peu...

Elle me prend alors dans ses bras et m'allonge contre elle. Je me sens tout de suite plus apaisé, encore plus quand je la sens me caresser les cheveux. Je m'endors en moins de deux, plus serein que jamais et emporté par la douceur de ma sœur. 

P.D.V. Sebastian Michaelis

A huit heures tapantes, je frappe trois petits coups à la porte de Rosalie. Le jeune maître n'était pas dans sa chambre quand j'y suis entré, il est sûrement allé dormir avec sa jumelle. 

-Mademoiselle ? Je me permets d'entrer...

Une fois à l'intérieur, je constate que les jumeaux sont bel et bien l'un contre l'autre, dormant comme des louveteaux. J'ouvre les rideaux, laissant les rayons du soleil chatouiller leurs figures. Le petit maître est le premier à se réveiller. Il se frotte les yeux en grognant puis secoue sa sœur par l'épaule.

-Réveille toi, Rosalie... C'est l'heure, lui dit-il entre deux bâillements. 

La jeune fille émet un son qui prouve qu'elle n'est pas prête de se lever avant de s'enrouler dans les draps pour échapper au soleil. Je lâche un petit rire amusé et fais descendre mon maître du lit. Il sort de la chambre de son plein gré pour rejoindre la sienne afin que je le prépare. Juste avant de m'éclipser, j'annonce à Rosalie.

-Vous avez une longue journée de répétitions avec le comte Axel de Chabberet, mademoiselle. Je vous conseille de ne pas trainer. 

P.D.V. Rosalie Phantomhive

Bon, Sebastian a raison... Je ferais mieux de me lever avant d'être en retard, je n'ai pas le droit de faire attendre mon partenaire. Je m'étire quelques instants et me plante devant mon dressing. Ce n'est pas encore le moment de répéter en costume, quelque chose de simple et léger fera l'affaire si je veux avoir une totale liberté de mouvement. J'enfile une chemise blanche toute simple rentrée dans un pantalon court noir. Dans la pièce, je suis censée porter des talons, mais je n'ai pas vraiment l'habitude d'en porter. J'en attrape une paire pas trop haute que je garde à la main au cas où, mais j'aime bien jouer pieds nus. Je coiffe mes cheveux en queue-de-cheval basse pour ne pas les avoir dans les yeux pendant que je bouge. J'attache quand même la pince de ma tante Angelina et boucle ma ceinture avant de détaler dans les couloirs jusqu'à la salle à manger. Le comte et Ciel sont déjà à table, je n'aime vraiment pas être la dernière à arriver, même si c'est devenu une habitude. Au lieu de me crier dessus ou de soupirer, mon frère ricane discrètement et me dit d'un air amusé :

-Tu vas marcher comme ça toute la journée ?

Je suis étonnée de ne pas entendre une voix pleine de reproches et lui sourit en m'asseyant. 

-Au moins, je suis sûre de ne pas trébucher sur scène ! 

Il lâche un petit rire sarcastique tandis que le comte rit doucement.
Le déjeuner se déroule dans une ambiance légère et presque joyeuse. Ciel n'a pas l'air préoccupé ou de mauvaise humeur. C'est surprenant, pour moi en tout cas. Maintenant que j'y pense, ça fait longtemps qu'il n'est pas venu dormir avec moi, peut-être que ça l'a détendu. 

Moins d'une heure plus tard, je me tiens dans le petit théâtre, en coulisses et marmonnant mon texte avec angoisse. Ce n'est qu'une répétition, j'ai le droit aux erreurs, mais je ne veux pas décevoir le comte en paraissant médiocre...

-Quelque chose ne va pas, mademoiselle ? 

Je fais volte-face si rapidement que ma nuque craque. Je pousse un petit gémissement de douleur avant de frotter l'endroit endolori. Mon majordome commence alors à me masser la nuque.

-Rien, j'ai juste peur de me rater...

-C'est normal de vous tromper, et vous n'avez pas à le craindre. Rassurez-vous, le comte ne vous en voudra certainement pas, je parie même que lui aussi sera loin d'être parfait. 

Je me retourne vers lui, l'air soucieux. 

-Je n'en suis pas si sûre...

-Vous avez encore du temps avant la représentation finale. En attendant, je suis là pour vous souffler votre texte si vous l'oubliez, et il est de même pour votre frère avec le comte. Vous n'échouerez pas, je vous le promets. 

Je remercie le démon qui sourit de son air lugubre, puis m'avance vers la scène. Je souffle un grand coup et fais un pas en avant. Le premier acte commence, j'aperçois Ciel, caché dans les coulisses, qui me fait un signe pour m'encourager. Je lui souris et entreprend de jouer mon personnage.
Le comte est spectaculaire. Il joue aussi bien que Sebastian, je suis époustouflée par son talent. C'est comme si il était né sur scène, il parle avec une aisance hors du commun et il connait évidemment son texte par coeur. Je le connais sur le bout des doigts moi aussi, mais je me sens tellement inférieure à lui que j'en ai des trous de mémoire.J'étais sereine pour jouer le premier acte, mais dès le deuxième, je commence à oublier ce que je dois dire, à bloquer sur des scènes pourtant si simples à retenir ! Sebastian m'aide comme il peut, mais je commence à ne pas me sentir très bien... Je suis totalement ridicule... Ma tête se met à tourner et je tombe à la renverse au beau milieu d'une réplique oubliée.

-Mademoiselle Phantomhive !

-Rosalie, ça va ? 

Mon frère, le comte et le diable s'approchent tous les trois de moi. Ciel est le plus paniqué, il pose une main sur mon genou et l'autre sur mon épaule. Quant à Axel, il a perdu tous ses moyens et Sebastian est calme, comme d'habitude. 

-Tu m'entends, Rose ? Tu es toute pâle !

-Je vais bien, Ciel... Je suis juste un peu fatiguée.

-On... On devrait faire une pause, qu'en dites-vous ? propose le comte.

-Non, je peux y arriver, j'ai simplement eu un moment de faiblesse.

Je suis déjà en train de me relever, mais Sebastian passe un bras sous mes jambes et le second autour de ma taille.

-Qu'est-ce que...

-Le comte a raison, mademoiselle, ce ne serait pas raisonnable de vous tuer à la tâche. Reposez-vous quelques minutes, voulez-vous ? 

-Mais je...

-En tant que votre majordome, il est de mon devoir de veiller sur vous et votre santé. 

Ce démon m'a une fois de plus cloué le bec. J'acquiesce et me laisse entrainer hors du théâtre, suivi de mon jumeau et de notre invité. Je parais si faible et je suis morte de honte. Les larmes me montent aux yeux tant le ridicule m'envahit. Voyant mon visage blanc comme un linge complètement abattu, le diable se penche vers moi et me murmure à l'oreille.

-Ne perdez pas confiance en vous, mademoiselle. Vous avez du talent, vous êtes simplement impressionnée par le comte. S'il vous plaît, ne baissez pas les bras.

Sebastian qui me demande de ne pas abandonner ? J'aurais tout vu aujourd'hui... Mais j'hoche tout de même la tête, après tout, il n'a pas tort. Je peux mieux faire et laisser tomber pour un simple complexe d'infériorité ne résoudrait pas le "problème". 

Impossible (Fanfic Black Butler) **TERMINEE**Où les histoires vivent. Découvrez maintenant