18. Mourir sur scène

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Les actes suivants sont encore plus éprouvants que le premier. Mais je suis désormais habituée à la scène et à la présence des spectateurs, je me sens un peu mieux. La fin de la pièce approche à petits pas, à mon grand malheur, je me sens tellement bien sur les planches. Je récite mon texte comme si je l'avais toujours su, et le comte me répond, j'ai la sensation d'avoir une vraie conversation.

Être quelqu'un d'autre ne m'avait jamais fait autant de bien.

Mais très vite, nous arrivons à la dernière scène. Celle où Lauren est censée se suicider après la mort de Richard. C'est un machiniste qui m'apporte la fiole contenant le faux poison. Je prends mon courage à deux mains, cette scène est l'ultime, elle doit être parfaite. J'avance sur les planches, l'air dépité, mes cheveux rouges en bataille et mon visage trempé de larmes.

-Oh, Mon Dieu... Que le Seigneur me pardonne les horribles choses que j'ai pu faire à mon seul bien-aimé... Je n'ai réalisé mes pêchés qu'après que tout soit terminé ! Quelle jeune femme honnête pourrait se permettre une telle atrocité ? Certainement pas moi... Ah, mon Père, j'ai bien conscience que je suis destinée aux Enfers ! Je n'ai aucune excuse, car j'ai été aveuglée par la vengeance... J'espère que vous prenez bien soin de mon petit frère, que je ne reverrai jamais !

A ce moment là, je me mets à pleurer, comme le script l'oblige.

-Pourquoi... Pourquoi la vie n'a-t-elle jamais épargné qui que ce soit ? A-t-elle toujours été aussi cruelle ? Aussi cruelle que moi... J'ai beau réfléchir, j'ai beau méditer, je ne trouve rien ! Le secret de la vie est-il si mystérieux que cela ? Richard ! Mon bon, mon beau, mon amour, Richard !

Je me laisse tomber à genoux.

-Mon coeur me fait si mal que je crois qu'il veut me dire qu'il t'aime... Et dire que toi, l'homme le plus sincère du monde, tu m'as aimé dès le départ, subjugué par une beauté empoisonnée, comme lorsqu'on est hypnotisés par celle des roses, jusqu'à ce que leurs épines nous écorche la peau ! Ma beauté t'a écorché le coeur ! Et je ne m'en remettrai jamais...

Je regarde la fiole et la tourne entre mes doigts en me relevant lentement. 

-Savais-tu, Richard, que les fleurs d'Aconit sont toxiques ? Et bien... Tu auras trouvé la mort grâce une fleur... Autant que je finisse de la même façon !

Je trinque dans le vide, face aux spectateurs dont le souffle est coupé. Aucun bruit ne règle tandis que j'avale le contenu de la fiole. Je dois attendre quelques secondes avant de commencer à jouer ma mort, le temps "que les effets ne se fassent sentir". Mais soudain, ma gorge me brûle. Ma respiration est faible et mes yeux me piquent. Je ne comprends pas ! Je suis censée jouer ces sensations, pas les ressentir vraiment ! Qu'est-ce que... Oh non... Se pourrait-il... Qu'on ait vraiment empoisonné la fiole ? Mais alors pourquoi Sebastian n'est pas intervenu ?! Je porte ma main à ma gorge j'ai l'impression de me noyer sans eau, je suffoque et mon ventre se tord de douleur. J'ai terriblement mal au coeur, c'est insupportable... ! J'essaie de parler mais j'ai trop mal, ma bouche refuse de dire quoi que ce soit, et je ne peux prévenir personne ! Tout le monde pense que je joue mais...

- Quelle actrice !

- Elle est vraiment douée ! On dirait qu'elle se meurt pour de vrai...

C'est le cas, bande d'imbéciles ! J'essaie de tourner la tête vers les coulisses, pour tenter d'avertir Sebastian, mais ce sale démon a visiblement perdu toute perspicacité ! Il me regarde d'un air doux, comme s'il était fier de moi. J'ai les larmes aux yeux, je m'effondre d'un coup au sol, mon corps tremble comme une feuille secouée par le vent d'automne. Mon champ de vision rétrécit et j'ai une soudaine envie de vomir, mais je dois me retenir... Je les entends s'extasier de ma prestation, tous penser que je ne fais que jouer... Mais je souffre atrocement... Est-ce que je vais vraiment mourir... ? Pour de vrai... ?

Au moins, je mourrai comme une vraie artiste...

Sur scène...

Impossible (Fanfic Black Butler) **TERMINEE**Où les histoires vivent. Découvrez maintenant