1. La rose rouge et la rose noire

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P.D.V Rosalie Phantomhive

Bon sang, c'est déjà le matin... J'aime beaucoup dormir, me réveiller est toujours difficile. Même si c'est Sebastian qui me lève. C'est un majordome très compétent, toujours vêtu de noir et incroyablement séduisant. Ce serait un mensonge si je disais qu'il ne m'avait jamais fait de l'effet. 
Ce matin, il me réveille bien plus doucement que d'habitude. Sa voix est plus posée et chaleureuse. Je dois me faire des idées mais la plupart du temps, les détails ne m'échappent pas. Je bâille lourdement malgré moi et me décide à sortir de mon immense lit. Je me frotte les yeux, bleus comme ceux de mon frère Ciel et balance mes cheveux rouges en arrière. Je les tiens de ma tante Angelina, aussi appelée Madame Red. C'est une femme que j'affectionnais énormément, avant qu'elle ne décède, tuée par un shinigami du nom de Grell Sutcliff. Cette époque où Jack L'éventreur terrorisait Londres m'a bouleversée, mais je m'en suis vite remise avec l'aide de Ciel, et surtout de Sebastian. Il n'était pas vraiment du genre affectif, mais il avait su trouver les bons mots, tous les soirs, quand je pleurais entre mes draps la mort de ma chère tante. Depuis ces évènements, beaucoup de choses s'étaient passées. Soma et Aghni étaient toujours au manoir, l'affaire du cirque avec le baron Kelvin avait été réglée, pour l'instant, tout allait pour le mieux. 
Sebastian me sourit en ouvrant les rideaux, je lui rends son sourire. Je m'étire avec paresse et saute de mon lit pour aller ouvrir mon dressing. May Linn devrait bien arriver pour m'aider à me coiffer (et non pas à m'habiller, car contrairement à mon grand frère, je me vête toute seule). 

-Avez-vous bien dormi, mademoiselle ? me demande soudainement Sebastian. 

Je me retourne vers lui pour lui répondre simplement.

-Mh ? Oh, oui, je te remercie. Mais pourquoi me poses-tu cette question ?

-J'étais curieux, voilà tout, avoue-t-il en s'inclinant légèrement.

Il est rare que Sebastian me demande comment je vais quand tout va bien, mais je m'en fais sûrement trop, aujourd'hui est un jour comme les autres. Le majordome en noir s'occupe de refaire mon lit, puis il me salue et quitte la pièce, passant à côté de May Linn qui rentre à son tour et me sourit.

-Bonjour, mademoiselle ! Comment allez-vous ?

-Très bien, merci May Linn, répondis-je en lui rendant son sourire. 

Je me laisse tomber sur un siège, face à un miroir pour laisser la bonne s'occuper de ma chevelure rousse. Elle les coiffe soigneusement en tresse, comme tous les matins et glisse près de mon oreille une pince dorée et bleu que m'avait donnée ma tante. J'y tiens beaucoup, et la perdre me perturberait plus que tout. Je me relève et remercie la jeune femme qui s'en va pour me laisser me changer. Je pousse un long soupir et marche jusqu'à mon lit où j'ai déposé mes habits du jour. Je jette au pied de ma table de nuit ma robe de chambre et enfile de simples sous-vêtements (car je ne supporte pas les corsets et refuse d'en porter) avant de boutonner ma chemise à jabots discrets. Je retrousse un peu les manches, même si je suis certaine que Ciel en fera toute une histoire et met ensuite un veston bordeaux, mettant en valeur mes cheveux. Je ne porte jamais de manteau, encore une fois en contraste avec mon aîné. Après tout, Ciel, lui, est un vrai compte, essayant d'atteindre la perfection. Tandis que moi, j'étais différente, parfois dite comme "étrange", "inconsciente", voire "folle". Et oui, j'allais aux soirées mondaines habillée comme un homme, à peine maquillée, et les gens me lançaient des regards appuyés et de travers. Certains chuchotaient entre eux que je n'étais pas digne de mon statut et que Ciel devrait avoir honte de moi. Ce qui n'est pas le cas. J'avais beau ne pas vouloir me marier, porter des shorts courts et n'avoir jamais mis une robe, je restais aux yeux de Ciel la chose la plus importante qu'il lui reste. Perdue dans mes souvenirs, j'enfile un pantalon plus clair que mon veston et des bottes brunes. Je me regarde dans une glace, me sourit à moi-même et quitte enfin ma chambre pour aller prendre le petit-déjeuner avec mon adorable frère. Je le trouve déjà à table et l'entends soupirer quand il me voit, les bras derrière la tête et marcher d'une manière incorrecte.

-Rosalie, soupire-t-il, tu es une femme, met un peu de grâce dans ce que tu fais...

-Est-ce justement parce que je suis une femme que tu me demandes une telle chose ? 

Il se retient de lever les yeux au ciel. Mes tenues ne le dérangent plus depuis longtemps et j'ai un langage convenable, mais ma démarche et quelques unes de mes façons d'agir ne lui plaisent pas spécialement. 

-Non, bien sûr que non. Mais tu es une Lady, alors un peu de tenue !

-Tu es mon frère, pas la Reine ! Tu devrais te détendre un peu, parfois, Ciel. Tu es sûrement trop stressé.

En disant cela, je m'assois sur la table près de lui, jambes dans le vide, en lui souriant ironiquement. L'agacement défigure ses jolis traits.

-Ne dis pas de sottises ! Je ne suis en aucun cas stressé et je n'ai pas besoin de tes conseils, ma soeur ! Je ne dis cela que pour ton bien !

Je commence à m'énerver moi aussi à perdre patience. Je descends de la table tandis que lui se lève.

-Oh, écoutez Monsieur Phantomhive avec ses leçons de morale à n'en plus finir ! je m'exclame soudainement. Tu ne cesseras donc jamais de me fatiguer ! Dès le matin, de plus !

Il est très dangereux de contredire Ciel aussi rapidement, je vois sa main gauche se lever pour m'adresser une claque fulgurante, mais une autre main, beaucoup plus pâle, l'en empêche. Je rouvre mes yeux que j'avais fermés sous la peur et voit Sebastian derrière mon frère qui lui tient la main.

-Monsieur, enfin, on ne frappe pas une Lady, et encore moins sa jeune soeur.

-Tss.

Ciel s'échappe de l'emprise du majordome et sort de la salle en tapant du pied. Je regarde Sebastian qui m'observe avec inquiétude.

-Est-ce que tout va bien ? demande-t-il.

-Oui, oui, bien sûr...

Je baisse tristement la tête et me frotte le bras. Ciel a peut-être raison, au final... Je suis sûrement trop vulgaire, trop négligée, trop ridicule. Les larmes me montent aux yeux mais je sens la main froide de Sebastian prendre la mienne et l'embrasser tendrement. Je rougis malgré moi et lève le regard vers le majordome qui me regarde les yeux à moitié fermés, il m'observe avec convoitise. Mes joues deviennent cramoisies et je dégage ma main de son emprise. Bon sang, c'est quoi mon problème... ? Je baisse à nouveau le visage. Sebastian se rapproche de moi mais je recule pour finalement repartir.

-Mais... mademoiselle, vous n'avez rien mangé ! s'écrie le démon.

-Je n'ai pas faim..., dis-je faiblement. 

Je monte dans mon bureau afin de travailler un peu, mais avant cela, je craque et me laisse glisser contre la porte pour pleurer quelques minutes. Je me relève ensuite en essuyant mes yeux bleus rougis pour aller m'assoir sur mon fauteuil. 

-Allez... Un peu de paperasse ne me fera pas de mal.

Impossible (Fanfic Black Butler) **TERMINEE**Où les histoires vivent. Découvrez maintenant