12. Nuit d'errance

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Le lendemain, j'ai passé la journée dans mes pensées, je n'écoutais rien de ce qu'on me disait, ce qui commença à énormément agacer Ciel et à gêner le comte Axel. Alors, peu après midi, mon frère m'attrapa par le poignet et m'emmena dans le jardin où Finny terminait de tailler les rosiers. 

-Je peux savoir ce qui te prend ? demanda Ciel avec colère.

Je baissa la tête avec honte.

-Rien, je... J'ai simplement eu du mal à dormir.

Ce n'était qu'un demi-mensonge : j'avais fait un cauchemar à deux heures et demi du matin et ne m'était rendormie que deux heures plus tard. Mon jumeau semblait hésiter, mais il m'avait vue cette nuit, morte de peur. Alors il soupira et me prit dans ses bras.

-Excuse moi si je te mets trop la pression. Mais tu sais qu'on attend beaucoup de toi durant cette représentation.

-Je le sais bien... Je suis désolée, je vais me remettre au travail, promis. 

Il me garda contre lui un moment avant de m'inviter à retourner à l'intérieur. Finalement, comme il faisait beau et doux, nous décidâmes d'effectuer les répétitions dehors. C'était plutôt agréable, même si je grelottais au moindre coup de vent. J'avais l'impression d'être prête. Je connaissais chacune de mes répliques et toutes mes actions sur le bout des doigts. Le comte également, il était tellement doué ! Nos professeurs étaient ravis, Ciel restait très impliqué et Sebastian ne me quittait jamais du regard, dans un silence religieux. 

Alors, nous rejouâmes la pièce en entier, et cette fois-ci, en costumes. Je portais une robe rouge foncée très légèrement décolletée et m'arrivant juste en dessous du genou, ainsi que de grandes bottes et un manteau de fourrure marrons. Le comte avait enfilé une humble chemise blanche, un veston et un pantalon bruns, et il chaussait de simples chaussures de ville noires. J'avais un peu de mal à me déplacer à cause des talons sous mes bottes mais je m'y habitua vite, en tout cas assez pour ne pas trébucher à chaque pas et me retrouver soit dans les bras du comte, soit dans ceux de Sebastian...
J'arrivais enfin à me déplacer correctement, quand Axel me fit un croche-pied involontaire en me croisant. Et là, personne ne m'empêcha de m'écraser sur le sol. Sebastian était parti faire du thé et le comte n'avait pas eu le temps de me rattraper. Ciel se leva d'un coup et accourut vers nous. Quand je releva la tête, je remarqua des taches de sang sur le sol. Je porta une main à mon visage et compris que je saignais du nez... Je poussa un gémissement de douleur et mon frère me tendit un mouchoir en tissu que j'utilisa pour tenter d'arrêter l'hémorragie. Le démon arriva quelques secondes plus tard.

-Que s'est-il passé ? demanda-t-il en s'approcha rapidement.

-Je suis simplement tombée... Rien de grave.

-Je suis navré ! s'écria le comte de Chabberet. Je n'ai aucune excuse, je suis vraiment désolé !

Il n'arrêtait pas de se confondre en excuses et je dus lui parler un bon moment avant qu'il n'accepte son erreur. Avec les soins de Sebastian, mon nez s'arrêta enfin de saigner et je pus me relever et rejouer. J'avais parfois le tournis ou mal à la tête, mais je parvenais à rester debout.

Cette nuit-là, je ne dormis pas du tout. J'ai passé des heures à errer dans les couloirs ou à regarder Sebastian s'occuper des intrus. Je m'ennuyais à mourir mais je n'étais pas fatiguée. J'allais descendre l'escalier quand un manteau se posa sur mes épaules. Je me retourna et vit mon majordome derrière moi, qui m'avait donné son frac. Il souriait gentiment et me dit :

-Mademoiselle, vous allez prendre froid dans une tenue pareille !

Je ne portais que ma chemise de nuit et j'étais pieds nus. Il me présenta une paire de chaussons que j'enfila car, je l'avouais, il ne faisait pas chaud dans le manoir. Le frac trainait par terre et j'avais peur de le salir, je voulus donc le rendre à son possesseur. 

-Non, gardez le, je le nettoierai. 

-Bon, d'accord...

Je continua de marcher dans la demeure, accompagnée du diable en personne. Il avait tenu à rester avec moi, "au cas où". 

-On ne sait jamais, peut-être qu'une horde de souris attend le meilleur moment pour vous sauter dessus.

J'avais levé les yeux au ciel en souriant. J'aimais bien les souris. Elles n'étaient pas méchantes et toutes mignonnes. Mais j'avais cédé et l'avait laissé me suivre. Au bout de trente minutes, il me demanda :

-Où allez-vous ?

J'haussa les épaules.

-Je n'en sais rien. Je n'ai juste pas envie de dormir. 

-Mais vous allez être épuisée demain. La représentation a été avancé d'une semaine, le savez-vous ?

Je me stoppa et fis volte-face.

-Quoi ? C'est une plaisanterie, j'espère !

Il me fit signe de parler moins fort et je me mis à chuchoter.

-Tu te moques de moi, pas vrai ?

Il secoua la tête.

-Vous savez bien que je ne mens pas, voyons. J'aurai du vous prévenir plus tôt, mais le spectacle aura bien lieu dans deux jours et non pas dans plus d'une semaine.

-Oh mon dieu, c'est pas vrai... 

-Pourquoi vous inquiétez-vous ? Vous avez un talent fou et connaissez la pièce par coeur, vous n'avez pas de soucis à vous faire.

-Je sais, mais... Plus le temps avance, plus j'ai peur...

-Peur ?

-Peur de faire une erreur, d'avoir un trou de mémoire, de faire un mauvais pas ou pire ! De sauter une réplique...

Sebastian soupira et prit mes mains dans les siennes en me regardant dans les yeux. Il était sérieux et honnête :

-Comme je vous l'ai dit, vous êtes l'une des meilleures jeunes actrices du pays et vous connaissez la pièce par coeur. De plus, je serai là si vous avez besoin d'aide. Vous ne vous tournerez pas en ridicule, je vous le promets.

-Tu ne mens jamais... Pas vrai ?

J'étais fébrile, j'avais les larmes aux yeux. Pourtant, il me répondit :

-Bien sûr que non. Jamais. Je peux vous le garantir.

Je ne suis pas sûre, parce que mes souvenirs de cette nuit son très flous, mais je crois avoir senti ses lèvres se poser sur les miennes. 

Impossible (Fanfic Black Butler) **TERMINEE**Où les histoires vivent. Découvrez maintenant