Lettre a Kahil / 6

412 45 2
                                    

19 décembre 2018

Cela fait maintenant plus d'un mois que je me rend chaque Dimanche matin à notre café.
Je vais mieux. J'ai retrouvé une petit boulot, j'ai repris goûts à la musique et au cinéma, à la nourriture aussi par ailleurs. Je reprend lentement mais sûrement goûts à la vie.
Je me suis dirigé ce matin vers le café en pensant que ça allait être un Dimanche matin comme les autres, sans me douter que ce matin aller faire basculer ma vie.
Oui ce matin tu es rentré dans le café.
Je t'ai aperçu immédiatement, comme si ton être attiré systématiquement mon regard.
Toi aussi tu me regardais.
Je te soupçonne même de m'avoir vue de l'extérieur.
Tu t'es assis à une table non loin de la mienne et tu as attendu le serveur dans le silence le plus complet.
Tu ne me regardais plus, moi en revanche je ne pouvais détaché mes yeux de ta personne.
Tu as commandé un verre d'eau.
Je te soupçonne encore un peu plus d'être rentrer seulement pour moi. On ne rentre pas dans un bar pour boire un verre d'eau insipide, en tout cas pas toi.
Après de longues minutes je parviens enfin à détacher mon regard de toi. À ce moment là je me suis demander si je devais m'échapper en courant ou me laisser glisser sous la table.
J'étais plus forte qu'il y a quelques semaines mais cette proximité avec l'objet de tout mes désirs restait tout de même dur à assimiler.
Tu as enfin reporté ton regard sur moi et j'ai fait de même. Nos regards se sont profondément ancrés l'un dans l'autre.
Et je t'en supplie Kahil, parle moi toi aussi de ce sentiment de plénitude qui nous a unis le temps d'un instant. Parle moi de ce moment que j'aurais aimé revivre un million de fois.
Nous sommes restés ainsi yeux dans yeux une dizaine de minutes, sans se cachés, sans s'ennuyer, sans parler, juste nos regard.
Puis j'ai attrapés mes affaires et je suis partie.
J'ai vue ton regard d'incompréhension me suivre jusqu'à la porte de sortie.
J'ai fuis.
C'était trop pour moi, mon coeur allait lâcher, j'allais mourrir d'amour.
A peine sorti je me suis dirigé vers une petite ruelle pour vomir. 
Oui vomir.
Comme si j'avais fait un manège à sensation. Le plus grand, le plus beau et le plus effrayant manège à sensation de mon existence.
Je suis rentré chez moi et j'ai passé l'après midi sur mon balcon. 
J'observais la vue qui s'offrait à moi mais j'avais la furieuse impression d'être dans un autre monde.
Tu te rappel de moi mon amour.
J'ai vue ton regard, il ne porte plus de haine.
Tu ne m'a finalement pas oublié.
Tu es venu et tu t'es emparé de mon coeur pour la centième fois. 
Ce soir je m'endors en ayant la quasi certitude que toi aussi tu pense à moi.

Léna

Lettres à KahilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant