Le repas s'était déroulé dans une ambiance beaucoup plus sereine. J'avais posé beaucoup de questions au deux sœurs, souhaitant les connaitre d'avantage. Si Annie était moins hostile qu'à notre arrivée, elle était restée en retrait et m'avait offert un hochement de tête entendu quand j'avais annoncé que nous irions dormir sous le couvert des arbres de la forêt voisine. Si Adie s'en était étonnée, elle n'avait pas tardé à comprendre n'avait pas insisté.
Le reste de la soirée, je l'avais donc consacrée à les ensevelir sous des interrogations plus ou moins pertinentes. Je n'avais pas été surprise d'apprendre qu'Adélaïde était la cadette de cette fratrie, mais je j'avais été étonnée de découvrir leur parenté. Elles n'étaient que demi-sœur, et si le père de l'une était un marchand de passage, celui de l'autre était un pêcheur des environs. Aucun d'eux n'avait soupçonné qu'une nuit passionnée partagée au couvert des arbres ou près d'un feu leurs avait ouvert les portes de la paternité, et les deux enfants n'avaient jamais ressenti le besoin de les contacter. Leur mère les avait ainsi élevées seule et elles tenaient vraisemblablement leur nez de cette dernière, qui les avait quittés au printemps dernier.
J'avais compatit à la douleur qui avait transparu dans leurs traits quelques secondes à l'évocation de ce pénible souvenir et j'avais rapidement changé de sujet, culpabilisant de leur rappeler leur perte.
Je dirigeais donc la conversation sur leur vie de tous les jours et je pris un grand plaisir à découvrir nombres de petites anecdotes amusantes. Anne-Marie était un vrai cœur tendre sous ses airs revêches, et il arrivait qu'elle soit trop attachée à l'une de leurs bêtes pour la tuer. Ainsi, les deux sœurs s'était retrouvée plus d'une fois avec un cochon domestique qui venait leur tenir compagnie dans certaines pièces de la maison.
J'avais également beaucoup ris en apprenant que, plus jeune, Adie avait tenté de chevaucher une vache qui lui avait clairement fait comprendre qu'elle n'était pas de cet avis, l'envoyant voler dans le champs sans préavis.
Aaron restait en retrait, se contentant d'observer en silence, mais je n'avais pas envie de me préoccuper de ce qu'il pouvait bien penser. Je savais qu'il n'approuvait pas mon attitude, il était évident que j'appréciais beaucoup les deux sœurs et que ma sympathie à leur égard n'était nullement le fruit d'une quelconque feinte pour gagner leur confiance. J'avais conscience qu'un tel comportement n'était pas digne d'une Ombre et qu'une mise au point serait probablement incontournable dès que nous serions seuls mais je repoussais cette idée, trop heureuse de partager quelque chose de vrai avec elles, quelque chose dont je pourrais me souvenir le sourire aux lèvres.
Finalement, cette délicieuse soirée toucha à son terme et elles nous raccompagnèrent jusqu'au seuil pour constater avec nous l'orage qui avait éclaté dehors. Si le tonnerre nous était encore épargné ce n'était pas le cas de la pluie, qui s'abattait avec force, et une nuit à la belle étoile dans ces conditions serait un calvaire. Occupée à contempler l'extérieur, je faillis manquer le regard qu'échangèrent nos hôtes. J'enviais ce lien qu'elles partageaient qui n'avait pas besoin de mots. Finalement, c'est Annie qui s'approcha et nous invita à rester malgré notre accord, nous épargnant la douloureuse expérience d'une nuit sans dormir, trempés jusqu'aux os et transis de froid.
Nous étions alors retournés au salon, nous installant au coin du feu pour apprécier la quiétude qui régnait dans la pièce. Les conversations s'étaient peu à peu taries, et finalement l'heure vint de rejoindre nos chambres.
Le lendemain vint très vite et le petit-déjeuner qui nous fut offert était très copieux. Pourtant, je ne pu m'empêcher de remarquer les regards lourds de sens que ne cessaient de s'échanger nos hôtes. L'ambiance chaleureuse de la veille avait disparu pour laisser place à une gêne tenace, et j'en vins rapidement à souhaiter partir, m'éloigner de cette ambiance étouffante. Aaron devait sans doute partager mon avis, car il se leva aussitôt son repas terminé pour annoncer notre départ imminent, et fuit aussitôt vers la grange. Je quittais la table à mon tour quand une voix me retint.
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La Bibliothèque interdite
FantasíaÉlevée pour devenir assassin au sein des Nocturnes depuis l'enfance, Ava fait ses premiers pas dans un monde dont elle ignore beaucoup. N'ayant jamais connu que la solitude et l'abandon, son seul point de repère est son Mentor ; l'homme qui le premi...