Le 2 Décembre, 14h58
Maxine,
Mes lettres s'espacent de plus en plus dans le temps. Je ne t'oublie pas – comment pourrais-je oublier l'amour de ma vie ? –, j'essaie simplement de passer à autre chose. Mes questions n'auront probablement jamais de réponses, je dois me faire à l'idée. Je ne peux plus rester coincée à l'intérieur de ton souvenir, il est temps pour moi d'avancer.
J'ai rencontré une femme, une femme magnifique. Elle travaille à la supérette tous les samedis matins ; c'est donc ce jour que j'ai choisi depuis plusieurs semaines pour aller faire les courses. Son badge indique « Lilas ». J'aime la sonorité, elle me rappelle le printemps sucré et le clapotis de l'eau.
Lorsqu'elle est là, le roux éclatant de ses cheveux illumine tout le magasin. L'espièglerie de son regard émeraude m'a charmée dès qu'il a croisé le mien pour la toute première fois.
Je suis alors passée à sa caisse, chaque samedi matin, n'échangeant avec elle rien d'autre qu'un « bonjour » et un « passez une agréable journée ».
Je n'ai pas encore osé lui demander son numéro, tu connais mon niveau de timidité, mais demain nous serons samedi et j'ai bien l'intention de tenter ma chance. Je me sens prête. D'abord j'hésite, je stresse, j'ai l'impression de te trahir, puis je me souviens des fossettes que crée son agréable sourire, ainsi que des papillons naissant au creux de mon ventre lorsque ses lèvres s'étirent, et je réalise que je m'en voudrais de ne rien essayer. Dans le meilleur des cas j'aurai la chance d'apprendre à la connaître, dans le pire elle me dira simplement « non ». Je n'ai pas grand-chose à perdre.
Elle ne te remplacera pas. Jamais. C'est impossible. Quoi qu'il se passe, tu resteras toujours là, au fond de mon cœur. Mais avoir d'autres relations est une preuve que je suis capable d'aller de l'avant, et je suis prête à passer dans l'après-toi.
Je me sens... Comme une adolescente ayant son premier coup de cœur, découvrant l'ivresse de l'attirance amoureuse.
Tu te rappelles notre première rencontre ? J'étais accoudée au bar, un verre à la main, seule, et tu es venue me draguer au moment où mon rencart revenait des toilettes. Embarrassant, on peut dire que ça l'était pour tout le monde. Encore plus lorsque j'ai choisi de laisser cette fille ennuyeuse de côté pour discuter avec toi. La pauvre, elle ne le méritait peut-être pas. Mais tu dégageais une aura si séduisante, et tu avais cette incroyable ferveur lorsque tu parlais d'art... J'ai tout de suite remarqué que tu étais quelqu'un de passionné. Ç'a été une merveilleuse soirée, je n'avais jamais autant été en symbiose avec personne auparavant.
Décider de reprendre ma vie amoureuse en main implique de réfléchir à une chose, qui représente une énorme responsabilité. Celle de... comment dire... Nous sommes toujours mariées.
Divorcer, ce n'est pas une simple étape. Je ne pense pas pouvoir la franchir maintenant, et je ne pense pas non plus que ça soit possible sans ton accord.
C'est trop important. C'est... trop... trop. Juste trop.
Je me dois d'y penser, si je dois continuer à vivre sans toi, si je veux être libre, je devrai prendre une décision un jour ou l'autre.
Mais il me faut du temps. Je ne suis pas obligée d'y penser sérieusement dès maintenant, n'est-ce pas ? J'ai besoin de faire les choses petit à petit.
Prends soin de toi.
Lou

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General FictionMaxine a disparu. Lou, désespérée, lui écrit des lettres. [1ère tentative épistolaire. N'hésitez pas à commenter pour me dire ce que vous en pensez]