7 - Lettre

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Le 6 Novembre, 19h43

Maxine,

Chaque jour passé sans toi est synonyme de souffrance.

Mais je survis.

Sacha est venue me rendre visite avant-hier. Sans prévenir. Elle a traversé le pays rien que pour me redonner le sourire. Elle m'a conseillé d'aller voir un psy. Je vais y réfléchir. Peut-être qu'évacuer tous mes sentiments néfastes m'aiderait à me rendre compte de certaines choses et à aller mieux.

Nous avons passé l'après-midi au parc, nous poussant sur les balançoires et nous esclaffant sur les toboggans telles deux enfants innocentes. Je n'avais pas réalisé que c'était ce dont j'avais besoin : prendre une pause. Je ne pense pas avoir ri comme ça depuis ta dispar... ton départ. Ces quelques heures passées en-dehors du monde avec ma plus proche amie me l'ont enfin autorisé.

Elle a proposé d'allonger ses congés afin de rester un peu plus longtemps auprès de moi. J'ai évidemment refusé. Dorénavant, je dois affronter la vie. Par moi-même. Personne ne peut le faire à ma place et je ne veux pas risquer de me perdre à nouveau en m'appuyant un peu trop sur elle. Aussi, elle mérite d'être heureuse, pas d'être tirée vers le bas par mon état.

Alors, hier, elle est repartie. Je me retrouve seule à nouveau. « Eh, t'es pas seule, ok ? Je suis avec toi. Tu sais que tu peux m'appeler n'importe quand et je te rejoins le plus vite possible ». Je le sais. Je ne le ferai pourtant pas ; je ne veux pas l'inquiéter.

Sacha fait partie de ses personnes magnifiques, tout simplement adorables, douces, au cœur pur et dont l'âme a la couleur de la barbapapa. Ces rares personnes que l'on peut décrire par l'expression « c'est quelqu'un de bien ». Tu le sais, bien sûr que tu le sais. C'est simplement que... Ça me frappe à chaque fois. Auprès d'elle je me sens importante, auprès d'elle je me sens aimée, réellement, et je n'avais pas ressenti ça depuis des semaines. Ça fait du bien. Je ne cherche pas à te faire culpabiliser, j'exprime juste un fait.

Tu lui manques à elle aussi. Elle est persuadée que tu n'as pas voulu me faire de mal, que tu as eu une bonne raison de partir. Je suis certaine qu'elle ne m'a pas dit ça juste pour me rassurer, j'ai pu le lire dans ses yeux. Elle en est convaincue. J'espère vraiment qu'elle ne se trompe pas, j'espère vraiment que ta raison était bonne (c'est maintenant que je te fais culpabiliser). J'espère que ce n'est pas parce que tu ne m'aimais plus, car nous aurions pu en discuter. Mais je sais que ce n'est pas cela. Et j'ai besoin de savoir pourquoi tu es partie... Ai-je fait quelque chose de mal ? Es-tu en danger ? Je ne serai jamais totalement libérée tant que je n'en connaîtrai pas la raison. Si c'est de ma faute, m'en vouloir jusqu'à ce que ça me ronge entièrement vaudra toujours mieux que de m'inquiéter aveuglément.

C'est pourquoi chaque jour passé sans toi est synonyme de souffrance, et malgré cela, je choisis de survivre.

Le soleil se couche. En observant les nuances rose-orangées qui teintent le ciel, je ne peux m'empêcher de me remémorer la saveur de tes lèvres.

Je t'aime à en pleurer.

Lou  

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