C'est mon connard à moi

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Le lendemain, je me réveille persuadée d'avoir fait un rêve particulièrement chelou. Daryl dans un gang, et puis quoi encore ? Mon cerveau serait prêt à inventer n'importe quoi pour trouver une excuse au fait qu'il m'ait posé un lapin. J'éteins mon réveil d'une claque violente. J'ai l'impression que la journée va être longue... Lazslo saute sur mon lit alors que j'avale mon cachet et se met à me renifler en remuant joyeusement la queue. Je lui offre quelques baisers avant de me lever et de sortir de la chambre. Dans le salon, le clic-clac est déplié et Daryl dort dedans. Et il ronfle, par dessus le marché ! Je reste interdite un instant. Alors...je n'ai pas rêvé. La dispute, la table basse qui vole, le voisin du dessus, le gang, la menace, tout ça. C'était réel. Je reste statique quelques secondes, le temps de réaliser ce qui est en train de se passer, jusqu'à ce que Lazslo décide de me mordiller les mollets pour me faire revenir au présent. Putain, qu'est-ce que je vais faire ? Et si j'étais en danger ? Et comment aider Daryl ?

Et pourquoi tu l'aiderais ? C'est un menteur et un criminel.

Un criminel...Je ne peux m'empêcher de penser à ce qu'il a fait. Le Daryl que je connaissais n'aurait jamais frappé des inconnus. Il n'aurait pas obéi à un connard de chef de gang. Mais est-ce que je le connaissais vraiment ? De toute évidence, la réponse est non. Le garçon avec qui j'échangeais des textos était drôle, gentil, aimable. Alors que le type qui dort sur mon canapé est une putain d'ordure qui mérite tout ce qu'il lui arrive. En fait, je devrais même appeler les flics pour le dénoncer. Mais dénoncer quoi exactement ? Je ne sais même pas dans quel gang il était, ni dans quelle ville il habitait. Il m'a parlé de la côte est mais je ne peux pas être sûre que ça soit vrai.

Il faut que je sache. Que je comprenne.

Je jette un coup d'œil au téléphone de Daryl, posé à côté de lui sur ma table basse. Oui, il faut que je sache. Mais au point de fouiller dans ses affaires ? Est-ce que je suis vraiment ce genre d'amie ? Le genre à te sourire devant et à te poignarder dans le dos ?

Et lui, quel genre d'ami est-il ?

Il m'a menti. Il m'a caché ce qu'il était réellement. Maintenant, j'ai besoin de comprendre. Je m'avance avec précaution pour attraper le portable. Verrouillé, évidemment. Avec une empreinte digitale. Je me tourne vers Daryl qui dort encore.

Mauvaise idée.

Il est dangereux, je le sais désormais. Mais c'est plus fort que moi. Très lentement, j'approche le téléphone de sa main droite pour le lui coller sur le pouce. Il ne réagit pas. L'appareil non plus, d'ailleurs. Avec toujours autant de précaution, j'essaie de le déplacer pour qu'il reconnaisse enfin l'empreinte de son propriétaire. Daryl grogne, fronce les sourcils. Je retiens ma respiration.

S'il se réveille, je le frappe.

Il ne se réveille pas. Il prend une grande inspiration, se tourne, et expire lentement. Putain c'est pas passé loin... Je regarde de nouveau le téléphone. Il est déverrouillé. Gagné. Je me mets aussitôt à la recherche d'informations, n'importe lesquelles. En réalité, je crois que je ne sais même pas ce que je cherche. Dans ses contacts, un nombre impressionnant de numéros est enregistré sur le motif Prénom de fille (sexe). Le souffle court, je fais défiler pour trouver mon propre prénom. Axelle (crevette). Je ne peux retenir un sourire soulagé. Peut-être que c'est un salop mais il arrive encore à me faire rire. Je cherche dans les messages et tombe sur une conversation avec un type surnommé Blue Cross. Les messages sont secs, courts. À chaque fois il est question de se retrouver dans un bar le samedi. Putain c'est qui ce type ? Quel bar ? Et pour y faire quoi ? Les messages ne m'apprennent rien de plus. Une autre conversation attire mon attention, avec un certain Diego. Ils parlent de bagnole, de course et de...moi. Le cœur battant, je fais défiler les messages pour arriver à lundi soir.

Fire & Gasoline (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant