Prologue : Premières impressions

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Alexandra - Alex - Maréchal avait toujours aimé la solitude. La jeune femme en avait besoin viscéralement, comme les autres semblaient avoir besoin de contacts humains. Aussi, malgré la froid et le ciel chargé de nuages de cette fin d'Octobre, Alex ne put résister à l'appel de l'isolement : elle abandonna le pavillon en court d'aménagement où son père et son frère cadet s'activaient bruyamment, et s'engouffra dans la fraîcheur piquante des rues  du Havre.

Récemment revenue de Guyane, où son père - Militaire de carrière - avait été stationné ces 3 dernières années, elle avait aspiré à reprendre possession de son environnement dès les premiers jours qui avaient suivis leur retour. Et, à présent qu'elle avait une idée assez complète de la ville qui allait être la sienne, elle savait où déambuler pour éviter la foule. 

Elle avait déniché son repère à quelques centaines de mètres du lycée huppé qu'elle côtoierait dès le jour suivant : Une fois franchit le tunnel qui reliaient la ville basse au plateau, il y avait la forêt de Montgeon. Ce parc - ou plutôt le bois attenant - la jeune femme en était tombée sous le charme dès les premiers jours passés dans la Cité Océane. C'était un vaste espace, plane et verdoyant, bordé par un bois timide. En été, les familles venaient y pique-niquer et les enfants y profiter des toboggans et des étangs artificiels qui ponctuaient l'endroit. Mais en automne, la fraîcheur cinglante de l'air et le souffle du vent marin faisait fuir la plus part des promeneurs. 

Et cet abandon, c'était précisément ce qu'Alex venait chercher ici !

Depuis 2 semaines que sa famille était rentrée en métropole, elle avait pris l'habitude de se poser sous un arbre, à l'abri du vent, et, tandis qu'elle grignotait distraitement les snacks achetés pendant ses déambulations, elle se laissait absorber par le roman du moment ou les griffonnages - que son père avait l'habitude d'appeler de l'Art - que lui inspirait l'endroit.

Ce midi-là, c'était les feuilles blanches de son cahier à dessin qui avait eu ses faveurs. 

Appuyées contre ses genoux, elles se couvraient peu à peu d'esquisses d'arbres, de silhouettes humaines, d'ombres géométriques. Alex aimait les expressions sur les visages d'inconnus, les mouvements qu'une rafale intimait à la frêle silhouette d'un jeune chêne, la manière dont la lumière rendait un buisson tour à tour intimidant ou frétillant de joie... 

Pour l'heure, l'attention de la jeune femme avait été attirée par la profondeur des nuages orageux qui se superposaient les uns aux autres au-dessus de sa tête dans une danse pesante. Cependant, tandis que son crayon laissait inconsciemment sur son cahier à croquis des traces tours à tours grasses ou légères, la jeune femme déconnecta de la réalité et se perdit en rêveries. Jusqu'à ce qu'elle foit brutalement tirée de ses pensées par un rire éclatant.

Prise en faute de se trouvée une compagnie qu'elle était loin de désirer, elle se redressa ; 

Non loin de là, un trio de jeune gens s'installait sur l'étendu d'herbes verdoyantes qui s'étirait à sa droite.

« Apparemment, J'ai sous-estimé le courage de certain de mes congénères ! » Grimaça-t-elle intérieurement.

Le rire appartenait à la seule fille du petit groupe. Elle s'était assise sur le blouson que, galamment, l'un de ses compagnons venaient de déposer à terre pour elle et riait avec un plaisir évidant à ce qu'il disait. 

« Avec sa petite silhouette, elle contraste - de manière frappante et étrange ! - avec celles de ses 2 imposant compagnons » Nota l'artiste en Alex. 

Mais ce furent ces derniers qui capturèrent l'attention de la jeune femme ; Leurs traits étaient beaux ! 

« Pour ne pas dire Incroyablement beau ! » Rectifia-t-elle mentalement, une bouffée d'admiration se déversant soudain dans ses membres. 

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