CHAPITRE 66 : 2 pères, 2 mesures

114 15 0
                                    

Olivier Maréchal avait attendu que le bruit des pas à l'étage s'estompent avant de se décider à bouger ; Il n'aimait ce qu'il s'apprêtait à faire. Mais il aimait encore moins voir un gamin se faire tabasser par celui-là même qui aurait dû le protéger.

Il avait avalé 2 biscottes et un café au lait en entendant Alex aider Liam à s'étendre (les croissants et le pain frai n'étant jamais parvenu jusqu'à l'intérieur de la maison).

« Je devrais peut-être m'insurger à l'idée que ma fille dorme avec son petit-ami non ? » Songea-t-il distraitement. « C'est ce que la plus part des pères ferait non ? »

Mais Olivier Maréchal s'était marié tôt. Et avait eu Alex tôt. Du haut de ses 43 ans, il se sentait plus proche du jeune homme de 20 ans qu'il avait été que du parent arbitraire qu'il aurait pu être. Savoir sa fille dans le même lit que son petit-ami, ou apprendre que son fils était gay, ne l'angoissait pas autant que les autres parents trouvaient normal de l'être dans des situations similaires. « On est au XXIème siècle bon sang ! »

Pendant qu'il déjeunait, une biscotte dans une main, son smartphone dans l'autre, le militaire avait jeté un coup d'œil aux infos que l'œil public pouvait lui fournir sur Thomas Rainel. Le père de Liam était une personnalité publique de la région. Son nom apparaissait régulièrement dans les journaux locaux. Mais, de ses recherches, Olivier Maréchal avait appris au moins une chose : C'était que Liam avait raison : Rainel était une personne influente, non seulement en Normandie mais aussi en France et en Europe. Tout militaire qu'il était, un bras de fer avec cet homme se révèlerait dangereux et épuisant.

Mais Olivier Maréchal n'avait qu'un seul objectif : Celui de protéger Liam (et par conséquent sa fille). Punir Thomas Rainel – aussi plaisant que cela aurait pu se révéler – ne faisait pas partie de ses priorités...

Lorsque le silence fut revenu à l'étage, Olivier Maréchal abandonna la vaisselle de son petit déjeuner dans l'évier et gagna discrètement sa chambre. Il y enfila son uniforme de cérémonie de Colonel, conscient que Thomas RAINEL était plus susceptible de se laisser influencer par un uniforme que par un appel à ses bons sentiments.

Le militaire hésita une seconde avant d'aller toquer à la porte de la chambre de Clément. L'adolescent était au téléphone. Il leva un regard vers son père et couvrit le micro d'une main.

- Tout va bien ? S'inquiéta l'adolescent.

- Je sors un moment. Répondit son père. Je n'en ai pas pour longtemps...

- Tu travailles le samedi maintenant ? S'étonna Clément. Je croyais que tu avais rejoins le CIRFA justement pour prendre un peu de recul. Et de temps libre...

- Non, je ne vais pas au CIRFA. Sourit Olivier Maréchal, amusé par le côté protecteur que développait son cadet récemment. J'ai... un truc à régler vite-fait. Je reviens rapidement.

Le visage juvénile de son fils se crispa soudain d'inquiétude.

- Tu vas voir le père de Rain c'est ça ? Tu ne vas pas faire de connerie hein ? Paniqua l'adolescent.

Son père lui adressa un coup d'œil sarcastique.

- Non je ne vais pas faire de « connerie » ! Sourit-il. Alex tient ce côté-là de ta mère, pas de moi ; Mais... Clément, garde un œil sur ta sœur ok ? Si elle – ou Liam – décide de sortir, tu m'appelles aussitôt ok ?

- OK.

Lorsque le militaire referma la porte derrière lui, il entendit son cadet reprendre :

Fais pas chier !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant