CHAPITRE 44 : A l'évocation du passé...

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L'après-midi qui suivit la réapparition de Liam, Elodie se montra étrangement morose et pensive.

Plus tôt, Clément et Ismaël avaient reprit leur liberté, savourant avec un même plaisir évident la perspective d'un tête à tête ininterrompu.

Le chauffeur de Liam, qui l'avait attendu non loin du parvis de l'Hôtel de ville tandis qu'il retrouvait ses amis, l'avait ramené chez lui. Le médecin de famille qui l'avait soigné 2 jours plus tôt lui avait prescrit – entre autre – un repos impératif !

Livrée à elles-mêmes, Alex et Elodie s'étaient retrouvée dans un tête à tête étrangement gauche. Les tentatives de la première pour relancer la conversation s'étaient toutes heurté à un mutisme distrait.

« Clairement, Liam ne lui a pas fait une première impression très favorable ! » Regretta la jeune femme.

L'humour péremptoire avec lequel Elodie avait parlé de la relation de sa meilleure amie laissait à présent entre elles un écho indécis.

En silence, les jeune femmes déambulèrent devant les façades des boutiques et des bâtiments d'Auguste Perret du Centre-Ville. Navrée de ne pas parvenir à atteindre son amie, Alex finit par les conduire jusqu'à la bibliothèque municipale où elle savait que l'architecture et la vocation du lieu suffiraient à remplir le vide qui s'était créé entre elles.

- Je suis désolée. S'excusa Alex pour la dixième fois tandis qu'elles s'installaient dans 2 fauteuils couleur moutarde, rappelant les années 60, qui parsemait le décors épuré des rayons. Ce n'est vraiment pas comme ça que j'imaginais tes premiers jours au Havre...

Le bip du smartphone d'Elodie, qui résonna à cet instant, la rappela enfin au présent. Elle accorda un rapide coup d'œil à son écran et, laissant échapper un soupire las, leva enfin les yeux vers son amie.

- Je suis désolée aussi. Je... J'étais perdu dans mes pensées !

- C'est ce que je vois. Sourit doucement Alex. Tout va bien ?

Elodie se perdit à nouveau dans la contemplation de son smartphone.

- Oui, oui ! Fit-elle un instant plus tard. Je... C'est moi qui devrait te demander ça ? Ca va aller ?

- Bien sur !

- Et, euh... Liam ? Ca va aller aussi ?

Alex hocha la tête.

- Il est solide ! Tenta-t-elle de rassurer son amie.

Mais c'était surtout elle-même qu'elle tentait de rassurer car elle l'avait rarement vu aussi amoché. Elodie se pencha vers sa compagne en triturant nerveusement le téléphone qui occupait ses mains.

- Alex... ? Je... Je ne veux pas être médisante ou indiscrète ou quoi que ce soit, mais... Tu crois vraiment que... Que Liam et toi vous êtes fait pour être ensemble ? Je veux dire... Clairement, vous n'appréhendez pas les choses de la même manière. Il... Fait ce qu'il a faire tout seul et toi... Tu ramasses les pots cassés !

Alex ne se vexa pas des propos de son amie ; Ils ne trahissaient que l'inquiétude qu'elle témoignait pour elle. Elle lui sourit.

- Je sais qu'il ne t'a pas fait une très bonne impression. Mais, je te promets qu'il gagne à être connu ! Il y a quelque chose chez lui qui... Je ne sais... Qui me touche !

A nouveau, Elodie se perdit en elle-même pendant un instant, avant de reprendre.

- Alex, quand tu sortais avec Jun, il... Il te vénérait ! Vous étiez tout le temps collé l'un à l'autre. Je sais comment tu es quand tu es amoureuse. Et... Avec Liam... Ce n'est pas ce que j'ai vu !

A l'évocation inopportune de son ex, Alex se pétrifia. Elodie savait qu'elle n'aimait pas en parler, c'était même la seule personne au monde à le savoir ! Qu'elle décide d'amener Jun sur le tapis – pour en plus dénigré Liam – l'agaça. Même si elle savait que c'était faux, elle avait l'impression qu'Elodie n'avait évoqué Jun que pour la blesser. Malgré elle, elle se contracta.

- Et, toi comme moi, on sait quel fiasco ça a été au final ! Lâcha-t-elle dans un grognement.

- Il... Euh... Tu n'as jamais eu de nouvelle de lui ?

- De Jun ?

- Oui.

- Non. Pourquoi j'en aurais brusquement eu ?

« Et surtout, pourquoi est-ce que tu continues de me parler de lui ? » S'agaça Alex intérieurement.

La jeune femme quitta son fauteuil moutarde.

- Je vais me trouver un livre. Annonça-t-elle, un peu plus sèchement qu'elle ne l'avait voulu.

Ca faisait 4 ans qu'elle refusait de repenser à Jun. Et, après le début de journée qu'elle venait de passer, c'était bien la dernière chose à laquelle elle voulait réfléchir cet après-midi là.

Alex passa 20 minutes à déambuler entre les rayons de la bibliothèque. Les milles résumés qu'elle lut aux dos des livres qui s'offraient à elle calmèrent son ressentiment et, quand elle rejoignit son amie, elle culpabilisa de la sècheresse qu'elle lui avait opposé plus tôt.

« Après tout, Elodie s'inquiète, c'est tout ! » Soupira-t-elle.

Elodie releva le nez de son smartphone quand Alex reprit sa place à côté d'elle.

- Désolée ! Soufflèrent les jeunes femmes dans un même élan.

Elles pouffèrent alors, soulagée de voir disparaitre cette tension qui les crispait depuis des heures.

- Désolée, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise ! Reprit Elodie.

- Désolée, je... ne sais pas pourquoi ça me met encore dans cet état là d'entendre parler de lui... De Jun je veux dire !

Elodie hésita.

- Tu... Tu as déjà penser que, peut-être, tu avais encore des sentiments pour lui ?

Alex haussa un sourcil surprit.

- Non... Je... A l'époque, j'avais d'autres chats à fouetter. Et ensuite... Non... Je n'ai jamais imaginé que ça puisse être le cas !

- Ah ? Sembla s'étonner Elodie.

- Mais Elodie, je te promets que Liam n'est pas aussi mauvais que j'ai pu te le laisser croire ces derniers mois. Ou ce week-end. J'ignore pourquoi il est comme ça. Mais... Il y a quelque chose en lui, une espèce de souffrance, que je ne m'explique pas. Mais qui semble le torturer. Ce n'est pas que je veux à tous prix le sauver mais... J'aimerais le voir heureux. Quand il est heureux, on dirait un gosse. Il est naïf. Et touchant. Et...

Les mots d'Alex moururent sur ses lèvres tandis qu'elle rougissait timidement...

- Je te crois ! Sourit distraitement son amie. Tu le connais mieux que moi. Si tu dis que c'est quelqu'un de bien, je te crois !

Alex se mordit la langue. Elle n'avait jamais dit que Liam était quelqu'un de bien. Elle était même quasiment certaine que ce n'était pas le cas. Mais... Elle l'aimait néanmoins. Pour ce qu'il était. Quoi que ça puisse être. 

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