CHAPITRE 59 : S'abreuver de pureté

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Ismaël était sorti du Casino, quasiment en courant. Il avait eu l'impression d'étouffer. L'air à l'intérieur lui semblait fétide, irrespirable.

« Liam et Erwan ? Frères ? »

Il avait chercher des yeux ce dernier mais ne l'avait aperçu qu'au moment où, accompagné de sa mère, il montait dans un taxi.

Toutes ces années de perdues, tous ces mensonges, toutes la colère qu'Erwan (et maintenant Liam) accumulait, tout ça lui donnait envie de vomir. Et leurs pères – à tous 2 puisque c'est ce qu'il était – avec son sourire affable, sa bienséance ostentatoire, son apparente dignité... S'il s'était écouté, Is' lui aurait mit sur la gueule dans la seconde !

« Est-ce que mes parents savaient ? » S'entendit-il penser. « Est-ce que la mère de Liam sait ? Est-ce que tous les adultes – hypocrites qu'ils sont – se doutaient de quelque chose ?! »

Ismaël ne supportait plus cet univers, son monde ! Il suffoquait. Il avait l'impression d'être obligé de lutter, tous les jours, jours après jours, pour garder la tête hors de l'eau. Medhi s'en sortait pas mal. Ses parents, bien que peu présent, faisaient néanmoins parti du paysage quotidien de leurs enfants. Mais Liam et lui, ils se noyaient. Doucement. Inexorablement. Liam en cultivant la violence, lui en s'étourdissant d'empathie, en vivant la vie des autres plutôt que la sienne...

Le jeune homme se laissa choir sur les escaliers, à présent désert, du casino.

La fraicheur de la nuit apaisa doucement sa rancœur ; C'était peut-être pour ça qu'il appréciait autant Alex et Medhi. Parce qu'ils étaient « normaux ». Ils avaient leurs lots de problèmes, comme tout le monde, mais ils étaient... sincères, honnêtes et francs. « Franc au point de casser la gueule à Liam au besoin ! » Sourit le jeune homme en se remémorait la première confrontation entre Liam et sa petite-amie.

Comme souvent ces dernières semaines, les pensées d'Ismaël sautèrent inévitablement d'Alex à son cadet.

« De tous, c'est lui le plus honnête ! » Se surprit à sourire doucement Is'.

Là où sa sœur avait l'habitude d'afficher une indifférence vouée à tromper son entourage sur ce qu'elle ressentait en réalité, Clément s'offrait tel qu'il était. Et offrait ses sentiments tels qu'il les ressentait. A la minute où il les ressentait. Entièrement. Sans filtre.

« Qu'est-ce que je vais faire de toi ? » Avait-il demandé à l'adolescent.

« Tout ce que tu voudras ! » Avait avoué Clément avec une candeur désarmante.

En pensée, Is' s'était repassé des dizaines de fois cette scène, comme une vidéo bloquée sur « Repeat » ; Une moitié de lui voulait chérir Clément comme il ne s'était jamais sentit le besoin de chérir quiconque auparavant : Son autre moitié, moins honorable, plus viscérale, voulait prendre l'adolescent au mot et le faire sien de toutes les manières possibles et imaginables.

A cette simple pensée, Is' sentit ses tripes se nouer de désir.

« Tu fais quoi ? » Envoya-t-il à l'adolescent par Texto.

« Je lis » Répondit simplement Clément, arrachant un nouveau sourire à son interlocuteur.

« J'ai envie de te kidnapper ! » Admit/menaça Ismaël.

Le jeune homme souri en imaginant le trouble qui devait s'emparer de Clément à cette seconde.

« Si la victime est consentante, c'est plus un kidnapping ! » Souri un smiley en retour.

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