Chapitre 22 : Traits de famille

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Alex savait qu'elle était ridicule ; Mais, à la perspective de croiser Liam, elle paniquait soudain. Sa douceur la pétrifiait. Sa détresse la terrifiait. Depuis qu'il était apparu dans le paysage, elle faisait n'importe quoi. Elle s'était fâchée avec son père (« Chose qui n'était jamais arrivé auparavant ! »), son frère s'efforçait d'éviter autant que possible toute conversation significative avec elle (« On n'a jamais autant parlé de la météo ! » Avait soupiré Alex lorsqu'elle en prit conscience), et l'école entière la prenait pour une bête de foire... 

« Et tout ça à cause de lui ! » Avait grimacer Alex en ignorant les regards tournés vers elle lorsqu'elle était retournée en classe.

Aussi, lorsqu'à la fin de la matinée de cours, elle le vit apparaitre au détour du couloir du 1er étage, elle fit volte-face et gagna le Rez-de-chaussée d'un pas impatient.

Elle venait de bifurquer vers la sortie lorsque Clément l'interpela.

« Alex ? Tout va bien ? » S'étonna-t-il en trouvant son aînée les joues en feu et jetant des regards effarouchés dans son dos.

Alex, qui lui était pratiquement rentrer dedans sans le reconnaitre, sortit brusquement de ses pensées.

« Oui, tout va bien ! » Mentit-elle.

Puis, trouvant sur les traits de son cadet l'air fatigué qui ne semblait plus le quitter depuis des semaines, elle lui retourna la question.

« Ca va ! » Répondit Clément, laconique.

Alex lui adressa un regard septique.

« Tu as reparlé à Ousseynou ? » S'entendit-elle demander.

Clément avait refusé de parler de sa rupture avec sa sœur. Aux brides d'informations qu'elle était parvenu à lui arracher aux fils des semaines, la jeune femme avait compris 2 choses : La première c'était qu'en repoussant Ousseynou, Clément avait brisé son propre cœur. La seconde, c'était qu'en se séparant de son petit-ami, son frère cherchait surtout à prétendre que rien des évènements qui s'étaient déroulé à Olympe de Gouge ces derniers mois n'était arrivé.

Ce n'était pas la solution, mais le dénis était un trait de famille qu'Alex maitrisait suffisamment pour ne pas se sentir le droit de le reprocher à son cadet.

« Non »

« Tu VAS reparler à Ousseynou un jour ? »

« Non »

« Pourquoi ? »

« Quand c'est fini, c'est fini ! »

« Tu n'étais pas... amoureux ? »

Alex vit son cadet devenir blafard. Il lui bondit dessus et posa une main effrayé sur la bouche de son aînée.

« Chut ! » Paniqua Clément, jetant des regards affolés alentours.

« Décidemment, les sentiments c'est pas notre fort dans la famille ! » Réalisa-t-elle amèrement.

Elle se dégagea doucement. Autour d'eux, les Olympiens vaquaient à leurs occupations et ne leurs prêtaient pas plus d'attention que l'habituelle curiosité qu'Alex suscitait depuis qu'elle fréquentait Rain. La jeune femme laissa échapper un soupire navré. Elle aurait aimé que son frère assume ce qu'il ressentait. « Mais encore une fois, je suis mal placée pour critiquer ! » Grogna-t-elle intérieurement.

« Et toi alors ? » Reprit Clément, presque sur la défensive. « Il parait que tu sors avec Rain ? C'est vrai ? »

Alex leva les yeux au ciel.

« Bientôt le monde entier connaitra mieux que moi ma vie sentimentale ! » Bougonna-t-elle.

« Ça veut dire NON ? »

« Ça veut dire... Pfff, je ne sais pas ce que ça veut dire ! »

« Hein ? Tu ne sais pas si tu sors avec Rain ou pas ? »

« Je... »

« ... Suis paumée ? » Suggéra Clément, surprit.

Il avait rarement vu son aînée tergiverser. En général, soit Alex s'en foutait, soit elle avait des avis bien arrêtés sur à peu près tous les sujets possibles et imaginables.

« Papa va crisser si tu te mets avec lui ! » Nota Clément.

Alex ne put s'empêcher de sourire. « On est très fort chez nous pour donner des conseils qu'on est les premiers à ne pas suivre ! »

« Je n'ai pas dit que je sortais, ou allais, sortir avec lui ! » Bougonna-t-elle.

« Mais tu n'as pas dit non plus le contraire ! » Nota Clément.

Alex ne trouva rien à répliquer. Clément avait raison et c'était bien là tout son problème.

« Vrai » Admit-elle en se souvenant, qu'à peine quelques heures plus tôt, elle avait du faire un effort – un réel effort physique – pour ne pas se noyer dans les bras de Liam. « Et ça fait chier ! »

***

Dans l'angle des escaliers reliant le RDC au 1er étage, appuyé contre le mur, dissimulé aux regards de la fratrie Maréchal, Liam abaissa précipitamment les yeux. Un sourire radieux venait de fleurir sur son visage et ses joues se coloraient d'une douce teinte rosée ; Il s'éfforçait de dissimulé son visage à ses amis mais, dans son dos, Medhi et Ismaël échangèrent un regard à la fois soulagé et attendri.

« Mazel Tov ! » Rit Ismaël. 

Fais pas chier !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant