Chapitre 03 : Merdeuuuh !

267 30 2
                                    

Rain s'écroula au sol, un râle rauque s'échappant de ses lèvres, le visage crispé dans un rictus de stupeur et de douleur. Alex s'était maladroitement dégagé de son emprise mais les poings du jeune homme s'étaient accrochés pendant de longues secondes à son blouson. A présent, son vêtement était déchiré et la lycéenne posait un regard incertain sur celui que la souffrance abandonnait à ses pieds. Bizarrement, maintenant que la rixe était terminée, Alex se sentait mal à l'aise.

Tout son être la poussait à se porter au secours du jeune homme. Il lui faillait faire un effort pour se souvenir que c'était elle qui l'avait blessé, elle qui l'avait mise à terre. Elle avait du mal à superposer l'image de celui qui l'avait combattu avec fougue à celle du tyran qu'elle avait méprisé ces 3 derniers mois. Un coup d'œil méfiant aux amis de son adversaire lui confirma que, malgré leurs surprises et réprobations, aucun des 2 n'avaient l'intension de prendre la relève et de venir l'affronter. Ce constat la soulagea.

- Désolée ! Ne pu-t-elle s'empêcher de répéter en se penchant sur Rain, dansant presque d'un pied sur l'autre.

Malgré la douleur, malgré le souffle haletant qui s'échappait encore de sa gorge, ce dernier tenta de tendre un bras et de saisir la cheville d'Alex. Mais la jeune femme s'écarta. Ismaël et Medhi intervinrent finalement pour tenter de relever leur ami.

- Pas très fair play ! Nota Ismaël, avec un petit sourire amusé qui contredisait le reproche de ses propos.

Pour toute réponse, Alex leurs adressa un rictus gêné tandis qu'elle commençait à doucement s'éloigner. Elle n'était pas très sure de ce qu'elle aurait put dire. Son esprit était aussi vide que ses forces. Elle croisa les doigts pour que les amis de Rain ne se jette pas sur elle pour venger la défaites et l'émasculation de leurs compagnons dès qu'elle aurait le dos tourné. Elle ne se sentait pas la force - ou l'envie - de leurs tenir tête. Alors, elle tourna les talons et gagna le portail avec autant de flegme qu'elle était capable d'en afficher, prenant à peine le temps de récupérer son sac abandonné plus tôt au pied d'un arbre.

- Hey ! Entendit-elle Liam protester dans un râle.

La jeune femme fit volte-face d'un pas dansant. Elle fut soulager de le trouver luttant toujours pour se remettre sur pieds et le regard rageur qu'il lui adressa la revigora. Finalement satisfaite de son œuvre, elle lui adressa un dernier sourire et franchit les grilles du lycée, non sans un certain soulagement. Dès qu'elle fut hors de vue, elle couru. D'abord pour mettre une certaine distance entre elle et le trio infernal, mais surtout parce qu'elle se sentait euphorique. « L'adrénaline probablement ! » Tenta-t-elle de se modérer.

Les trottoirs défilèrent sous ses boots et elle ne ralentit le pas que de longues minutes plus tard, lorsque ses poumons et ses ecchymoses commercèrent à la bruler sérieusement. Et, quand finalement la douleur ne fut plus atténuée par l'excitation, son euphorie retomba proportionnellement.

- Merdeuuuh ! S'arrêta-t-elle soudain en prenant conscience de ce qu'elle venait de faire.

Elle réalisait lentement ce qui allait l'attendre le lendemain matin lorsqu'elle retournerait au lycée : Les Olympiens allaient la dévisager. Quelques uns se sentiraient même le courage de venir lui parler. Certains la traiteraient en héro, d'autres la mépriseraient. « Liam va me retomber dessus ! C'est sur ! » Réalisa-t-elle, lasse d'avance de la joute qui allait se jouer entre eux. Le corps enseignant la convoquerait surement et il faudrait qu'elle s'explique, là où il lui semblait pourtant qu'aucune explication n'était nécessaire : Elle avait vu un type se faire malmené. Elle était intervenue. Mais on lui reprocherait d'avoir usé de violence. « Et ils n'auraient pas tord ! » Elle savait pourtant que la violence n'engendrait que la violence. Elle avait botté les fesses de Rain aujourd'hui. Demain il demanderait réparation. « Et cette fois, il ne sera peut-être pas aussi honorable ! » Frissonna-t-elle en imaginant le trio ligué contre elle, ou une arme blanche entre les mains de leur leader.

Fais pas chier !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant