CHAPITRE 74 : 2 frères

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- Tu n'as pas besoin d'être là si t'as pas envie ! Bougonna Erwan.

Avachi dans un fauteuil roulant (où un infirmier mal-aimable l'avait placé de force), l'étudiant tenait un café brulant dans une main et, de l'autre, désigna le sas des urgences avec une nonchalante revendiquée.

- Je te retiens pas !

- Personne n'ira nulle part avant qu'on vous ait ausculté ! Avertit le Lieutenant qui les avait conduits là et qui attendait avec les 2 jeunes gens qu'on veuille bien s'occuper d'eux. Ordre du Colonel !

- Je n'ai pas besoin d'être ausculté ! Grogna Liam. Ces gars frappaient comme des filles !

- Comme des filles ? Releva Erwan sarcastique. C'est pas une « fille » - comme tu dis - t'a mis des roustes de manière répétée y'a pas si longtemps que ça ?

Mais, au lieu de la gêne qu'Erwan avait espéré voir apparaitre chez demi-frère, c'est un air fier et crâne qui vint illuminer le visage de Liam.

- Ouais et t'aurais dû voir ça : Elle était impressionnante comme t'imagines même pas ! Rapide, forte, déterminée... Et avec une technique comme j'avais jamais vu !! Elle m'a botté les fesses comme si c'était une formalité ; Toi aussi tu aurais flashé sur elle si tu l'avais vu en action !

Erwan grimaça.

- Peut-être ! Lâcha-t-il en haussant les épaules. Mais maintenant elle est juste cette nana agaçante qui te voit comme la 8ème merveille du monde !

Liam éclata de rire ; Avant de s'étrangler brusquement, la douleur d'une ecchymose sur sa pommette le rappelant à la réalité.

- Hey, crève pas tout de suite ! Lui intima Erwan. J'ai une revanche à prendre tu te souviens ?

- Tu... T'es toujours furax ? Bafouilla un Liam soudain mal à l'aise.

L'étudiant haussa à nouveau les épaules avec une indifférence exagérée.

- Bof ! Pas plus que d'habitude !

- Je le pensais tu sais ? Je... suis désolé, réellement ! Pour la manière dont j'ai réagit l'autre jour... Je... J'étais en rogne ! Je croyais que... qu'il y avait peut-être un truc entre toi et Alex et... Je me suis braqué ! Désolé !

Erwan laissa échapper un rire amer.

- Ouais, c'est l'euphémisme du siècle ! Mais bon... Je n'ai peut-être pas été le frangin le plus patient au monde non plus...

- Frangin ? Répéta Liam, songeur. J'ai encore du mal à réaliser...

- Ouais... Ma mère, ton père. Rien que d'y penser ça me file la nausée !

- Tu sais si... Ils se voient toujours ?

- Quoi ? Non !

- Je demandais juste.

- Du jour au lendemain, elle a coupé les ponts avec lui. Je devais avoir, je sais pas, dans les 14 / 15 ans. Peut-être un peu plus, je ne me souviens plus vraiment. Mais, soudain, elle n'a plus voulu que je traine chez toi, ou que j'approche ton – notre – père ! C'est à ce moment-là qu'elle m'a avoué qu'il était mon géniteur...

Liam n'avait jamais fait grand cas de la mère d'Erwan, ni quand ils étaient amis, ni après. Pour ce qu'il pouvait en juger, c'était une femme élégante mais discrète et réservée. Cependant, s'il faisait fit du vendredi précédent et de l'inquiétude qu'elle avait témoigné pour son fils, la première image qui lui venait quand il pensait à cette femme, c'était celui de l'air choqué – véritablement choqué – qui s'était dessiné sur son visage habituellement paisible le jour où elle l'avait découvert subissant les coups de son père, des années plus tôt.

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