Chapitre 23 : Le début de quelque chose ?

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« Pousse-toi ! Tu prends toute la place ! »

Alex leva les yeux du roman de Michel Bussi qui avait occupé son temps et ses pensées cette dernière demi-heure ; Effarée, elle découvrit que Liam, poings sur les hanches, se dressait devant le sofa de la bibliothèque scolaire où elle s'était réfugiée pendant le déjeuner. Elle avait espéré qu'en évitant la cafétéria et « leurs » bancs, elle échapperait aussi à Liam et à la bouffée de sentiments contradictoires qu'il faisait naître en elle.

« Peine perdu ! » Réalisa-t-elle quand, croisant le regard chatoyant du jeune homme, elle sentit son cœur d'emballer.

Ravalant résolument son trouble, la jeune femme afficha un haussement de sourcil surprit ; Les 2 tiers du sofa était libre. Elle lui adressa un rictus septique et agacée.

Dans le dos de Liam, Ismaël et Medhi s'abandonnèrent sur le sofa opposé et, déjà, s'emparait, pour le premier, de son smartphone, de son livre de biologie pour le second. Leurs 2 compagnons semblaient résolu à ne pas faire cas de l'attitude étrange de leur ami.

« Pousse-toi j'ai dit ! » Répéta ce dernier.

Lasse de chercher une logique quelconque dans les méandres du cerveau de Liam, et pas franchement impatiente d'ouvrir le dialogue avec lui, Alex op-tempera.

« Pourtant il n'a pas l'air de mauvaise humeur » Nota-t-elle en remarquant le frémissement qui flottait sur les lèvres du jeune homme tandis qu'elle se décalait.

Réinstallée un peu plus loin, elle reporta volontairement son attention sur les pages du livre qu'elle tenait de sa main plâtrée.

« Encore ! » Insista Liam.

Cette fois, Alex laissa échapper un soupire irrité. Elle op-tempera néanmoins et, levant les yeux au ciel, se retrouva bientôt sur l'extrême bord du canapé.

« Parfait ! » Sourit subitement Liam en s'avachissant sur le siège de toute sa longueur.

Il abandonna sa tête sur les genoux d'Alex et, déjà, fermait les yeux. Stupéfaite, cette dernière retint un hoquet de surprise. Le regard abasourdi qu'elle tourna vers les amis de Liam lui indiqua que ces derniers persistaient à les ignorer avec une obstination coupable. Mais déjà Liam lui indiquait son front d'un doigts autoritaire.

« J'ai passé une putain de salle journée ! » Mentit-il d'un ton réjoui qui démentait ses propos.

« Et... ? » Fit Alex perplexe.

« J'ai besoin de poupouilles ! »

« Hein? »

« Fais-moi des poupouilles ! »

« Des poupouilles ? »

Alex, l'esprit complètement vide, restait interdite.

Alors Liam, rouvrant les yeux, s'empara de la main de la jeune femme, et la plaça dans sa courte crinière blonde. « Poupouille ! » Répéta-t-il comme un enfant borné.

Abasourdie, Alex hésitait entre pouffer de rire et l'envoyer bouler.

Mais, pour une raison sur lesquelles elle refusa de s'appesantir, les paupières closes, délicates, et le petit sourire apaisé qui flottait sur les lèvres de Liam la touchèrent. Il était rare qu'il s'autorise à apparaitre aussi vulnérable.

« En fait... » Songea la jeune femme « Je crois bien que c'est la première fois que je le vois aussi paisible ! » Pendant un instant, Alex se demanda ce qui avait bien pu lui arriver pour le mettre d'une humeur aussi joyeuse et légère.

Alors, désarmée devant la candeur inhabituelle de son compagnon, elle autorisa ses doigts à jouer doucement avec les courtes mèches blondes qui auréolaient son beau visage. Le sourire du jeune homme s'accentua pendant un instant et un soupire apaisé s'échappa de ses lèvres.

Mais, les minutes s'étirant, son sourire s'estompa peu à peu, laissant place à un air paisible et ensommeillé. Abasourdi, Alex regardait ce visage qui l'avait tours à tours fasciner puis horripiler comme aucun autre ; L'arc épais et parfait de ses sourcils, ses lèvres délicatement entrouvertes desquelles s'échappait un souffle paisible et régulier, les longs cils sombres qui soulignaient ses paupières et caressaient la peau dorée de son visage. Plus bas, sous ses bras fermement croisés, son buste ferme se soulevait à un rythme mesuré et serein. Plus bas encore, ses jambes, longues et musclées sous un jean droit, étaient croisées et s'étiraient à l'infini. Mais, plus que la beauté de son compagnon, ce fut la vulnérabilité qu'il l'autorisa à découvrir qui troubla Alex. Gênée, elle jeta un coup d'œil vers ses compagnons tandis qu'une bouffée d'un sentiment indéfinie lui gonflait le cœur et lui nouait l'estomac. Mais Ismaël et Medhi continuaient de porter leurs regards partout, sauf sur eux.

Alors, Alex accorda à sa main de continuer leur jeu distrait et réconfortant dans les cheveux de Liam. Et bientôt, la sérénité du jeune homme l'envahit. Tandis que ses doigts dansaient dans la crinière de son compagnon, l'autre leva son roman à portée de son regard et son esprit se noya à nouveau dans l'imaginaire de l'écrivain Normand.

Et, contre toutes attentes, le temps se suspendit.

Lorsque la sonnerie annonçant la reprise des cours retentit, Alex sursauta. Sur ses genoux, Liam persistait à ignorer la réalité et continuait de dormir paisiblement. Sur le sofa opposé, Ismaël et Medhi avaient disparus. Un regard alentours apprit à la jeune femme qu'il en était de même pour tous les autres Olympiens qui peuplaient de manière parsemé la bibliothèque quelques instants plus tôt.

Elle reporta les yeux sur Liam et s'autorisa à admirer encore une fois la perfection de ses traits. D'un doigts, elle dessina la cicatrice qui fendait l'arc tendu de ses sourcils, la ligne droite de son nez, les courbes sensuelles de ses lèvres. Le souffle chaud qui vint caresser son doigt à cet instant la troubla. Elle s'imagina le sentir sur sa bouche, avant de la gouter de ses lèvres. A cette pensée, une bouffée de chaleur se rependit en elle. Elle ôta son doigt précipitamment.

Mais, soudain, la main de Liam vint récupérer les doigts de la jeune femme et les ramena contre sa bouche. Le cœur bondissant, Alex découvrit qu'il avait rouvert les yeux et que le gris lumineux de son regard se déversait à présent dans le sien. Il déposa un baiser chaud, long, dans la paume de sa main. Et Alex fut incapable de la lui reprendre, incapable de réfléchir... 

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