Chapitre 48 : Faire la paix

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Alex offrit son visage et ses paupières clauses aux rayons du soleil qui persistait à envahir la ville. 

Assise aux côtés de Jun sur l'un des bancs qui, à l'extérieur de la gare, faisaient face aux anciens Docks réhabilité en Centre Commercial, elle s'efforçait d'ignorer le regard emplit de tendresse que Hee-Jun tournait vers elle. Liam lui manquait. Cruellement.

- Elodie a le béguin pour toi Nan ? S'entendit-elle soudainement.

Jun laissa échapper un soupire las.

- Oui. Sourit-il à demi. Et je l'aime aussi beaucoup... Mais...

- Quand j'avais 9 ans, Le coupa Alex avec un sourire empreint de nostalgie. je m'imaginais folle amoureuse du garçon qui habitait à côté de chez mes parents. Et, à l'époque où j'en pinçais pour toi, ma mère m'a dit quelque chose qui m'a aider à aller de l'avant ; Elle m'a dit qu'on n'oubliait jamais son premier amour ! Mais que le souvenir qu'on en gardait ne devait pas être prit pour la pérennité de ce sentiment...

- Pérennité ? Sourit Jun.

Alex sourit également ; Elle savait qu'elle avait tendance à utiliser un vocabulaire soutenu parfois, mais elle partait du principe que ces mots existaient pour décrire un état précis.

« Alors autant les utiliser ! » Répliquait-elle lorsque son frère ou son père, comme Jun à l'instant, le relevait et souriait.

- Ce que tu essais de me dire, reprit Jun en retrouvant un sérieux abattu, c'est que ce que je ressens pour toi ne serait qu'un souvenir ?

Sa compagne tourna un regard curieux vers le jeune coréen.

- Tu te trompes ! Soupira ce dernier, les coudes appuyés sur ses genoux et le regard dans le vague. Je t'aime. Je t'aime depuis que j'ai 11 ans. Je t'ai aimé pendant les 4 ans où tu étais portée disparue. Et je t'aime encore aujourd'hui. Tu pourras dire ce que tu veux, je sais ce que je ressens...

- Jun ! Soupira Alex.

Il se redressa et lui adressa un sourire résigné.

- Je sais. Tu aimes ce Liam dont Elodie m'a parlé et j'ai raté ma chance. Mais...

Il vint nouer ses doigts à ceux de la jeune femme. Et émue, nostalgique, Alex les lui abandonna pendant une minute.

Après quoi, elle récupéra sa main et se leva.

- Tu devrais parler avec Elodie. Suggéra-t-elle à son compagnon.

- Toi aussi...

- Je sais. Je commence ?

Jun hocha la tête.

- Ne sois pas trop dure ok ?

Alex hocha la tête. Mais la vérité c'était qu'elle n'était pas certaine pouvoir pardonner tout de suite à son amie le guet-apens dans lequel elle l'avait volontairement poussée.

- Alex ! La retint Jun alors qu'elle commençait déjà à s'éloigner.

- Oui ?

- Si jamais ça ne marchait pas avec ton psychopathe... Tu m'appelles ok !?

Alex sourit.

- OK.

Lorqu'Alex pénétra à nouveau dans la gare, elle retrouva Elodie là où Jun et elle l'avaient abandonnée un instant plus tôt ; Blafarde, les yeux rougis, elle était resté prostrée dans l'un des fauteuils de la salle d'attente de la gare. Elle sursauta lorsqu'Alex apparut face à elle et bondit sur ses pieds d'un air nerveux.

- Je suis désolée ! Fit-elle précipitamment. Je ne voulais pas... Je ne voulais pas...

Alex soupira tandis que sa compagne s'enfonçait dans un silence confus.

- Je sais.

Un air indécis enveloppa alors les 2 jeunes femmes pendant d'interminables secondes. Finalement, ce fut Elodie qui le rompit la première.

- Est-ce que... Est-ce que Jun et toi vous...

- Non, on ne s'est pas remis ensemble si c'est ça ta question. Mais... On a fait la paix !

Malgré elle, Elodie laissa échapper un soupir de soulagement.

- Mais Elodie, si tu es à ce point folle de lui, pourquoi tu l'as poussé à venir me parler ?? S'étonna Alex.

- Il... Il est toujours amoureux de toi. Moi, tout ce que je veux, c'est qu'il soit heureux. Que vous le soyez tous les 2. Alors... Si ça doit être l'un avec l'autre, c'est que Jun et moi ça ne devait pas se faire...

Malgré elle, Alex ressentit une bouffée d'admiration pour son amie. Elle savait qu'elle-même n'aurait jamais été capable d'un tel altruisme ; A la simple idée d'une autre fille posant ses mains sur Liam (en cet instant, l'image de Sabia s'imposa à elle), une coulée de lave bouillonnante se déversait dans ses veines et des envies de meurtre venaient faire trembler ses mains.

- Tu devrais aller lui parler alors ! L'encouragea Alex. Parce qu'il a de la chance d'avoir une fille qui l'aime à ce point-là !

Brusquement, un sourire resplendissant apparut sur le visage de la Parisienne.

- Vraiment ?

Alex hocha la tête.

Elodie hésita encore un instant puis, poussé par un espoir nouveau, se précipita hors de la gare, jusqu'au banc où Hee-Jun restait perdu dans ses pensées.

A travers la porte vitrée qui s'ouvrait vers l'extérieur, Alex vit son amie s'installer timidement aux côtés du jeune Coréen. Aussi mal à l'aise l'un que l'autre, ses 2 anciens camarades de classe tergiversaient et rougissaient dès que l'un faisait semblant de regarder dans la direction l'un de l'autre. Puis finalement, elle vit Jun se tourner vers Elodie. Et bien qu'elle fut trop loin pour entendre ce qu'ils se disaient, elle sut au sourire timide qui illumina le visage de la jeune femme que Jun lui offrait un espoir.

Alors, Alex sourit doucement.

L'image de l'adolescente qu'elle était à 14 ans, brisée par la mort de sa mère et l'abandon du garçon qu'elle aimait, vint danser devant ses yeux. Elle avait été si certaine d'avoir tout comprit à l'époque, si certaine que le genre humain était un cas désespéré et que tout ce qu'il lui restait à faire c'était de s'en tenir à distance le plus possible... A présent, elle réalisait qu'elle avait été présomptueuse.

« Je n'avais que 14 ans ! Comment est-ce que j'aurais pu tout savoir !? » Sourit-elle.

Et même encore maintenant, elle n'avait que 18 ans. Il y avait un tas de chose qu'elle ignorait encore. Un tas de personne dont elle avait besoin ; Son père qu'elle avait forcé trop tôt à la voir en adulte, son frère pour qui elle s'était évertuée d'être un modèle distant... Liam... qu'elle voulait si désespérément sauver de lui-même. Elle n'avait que 18 ans. Il était temps pour elle de rejoindre le monde des adolescents !

Un sourire aux lèvres, elle sortit son smartphone et appela son petit-ami... Mais quand il ne répondit pas, elle se souvint de la promesse qu'elle s'était faite : Celle de découvrir ce qui se passait entre lui et Erwan. Alors, c'est ce dernier qu'elle appela...

"Être adulte une dernière fois !" S'encouragea-t-elle tandis qu'elle attendait, l'estomac noué par des sentiments mitigés, que l'étudiant décroche.

Fais pas chier !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant