Alors, résolu, je sortie mon lit dans un grincement sonore. Heureusement, Bill ne se réveilla pas. Afin de passer le temps, je m'emparai d'un livre au hasard qui trônait au-dessus d'une pile de ses frères, avant de prendre place au pied du lit de Mabel. C'était un livre qui appartenait à cette dernière vu le titre encré sur la couverture. Une histoire de sirène et de marin naufragé ? Quelle stupidité, mais tant que ça me permettait de trouver le sommeil... Je me mis à lire à voix basse la première page, profitant peut-être les oreilles du jeune démon endormi.
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"Fais de ta vie un rêve, et d'un rêve une réalité."
-Antoine de St-Exupéry
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Bill Cipher était un explorateur solitaire qui parcourait des milliers de miles sur son navire, et bien qu'il portât bien son nom, ce loup de mer se sentait affreusement seul. J'en savais quelque chose, car c'était moi, ce jeune homme curieux plein de vie et d'entrain installé sur le pont, une longue vue à ma portée. Je scrutais l'horizon qui s'offrait éperdument à moi, m'entourant de tout côté tandis que je réfléchissais. Cela faisait bien des semaines que je divaguais par-ci par-là sans rien trouver mais je gardais espoir, car je le savais tout au fond de moi que cette chose se trouvait en-dessous de la coque de ma barque. Cet être écailleux que nul n'a pu capturer n'était autre qu'un mystère vivant mi-homme mi-poisson que l'on qualifierait de monstre marin. On raconte dans de nombreux écrits qu'ils étaient aussi lestes que curieux, aussi enchanteurs que couards, avec une queue défiant le surnaturel de la morphologie humaine. Une sirène, puisqu'il fallait l'appeler par son nom, était le centre de mes recherches actuels. Et bien que nombreux chercheurs me précédents aient perdu espoir, moi, démon à physique humaine et explorateur marin, relève le défi de capturer d'un d'entre elles.
L'Atlantique était calme ce jour-là. Quelques poissons croisèrent mon regard avant de replonger dans les profondeurs des flots, comme si la vue du « Triangulus » suffirent à les effrayer. Cependant, aucun évènement ne mit en péril mon voyage. Ce fut d'une tristesse monotone car ma soif d'aventure cessera de croître dès que j'aurai rendu mon dernier soupire, ce qui était impossible vu que mon existence était synonyme d'immortalité. L'âge ne me tuera pas, cependant, une intoxication ou une noyade le pouvait. Cela voulait dire que jamais je ne serai satisfait et qu'éternellement la route s'offrira à moi, toujours plus loin, toujours, toujours plus loin, comme si j'étais maudit à une destinée sans limite.
Toujours plus loin...
Le vent fit distendre les voiles, ce qui fit accélérer la cadence. Je dus resserrer le tissu de soie qui liait mes cheveux en queue basse, mon regard se portant vers le ciel. L'orage que j'avais remarqué au loin était dès lors au-dessus de ma tête, entraîné par la tempête qui s'était levée. Je me ruai à l'intérieur de ma cabine - bureau avec gouvernail en son centre – et il ne me fallut pas plus de temps pour chercher à contrôler le « Triangulus » qui était mon navire. Mais qui s'occupait de descendre les voiles ? Je décidai alors de prendre le risque de quitter mon abri pour effectuer cette tâche ingrate avant qu'une catastrophe ne surgisse ; voilà le piment qui agrémentait le plat ! Moi qui voulais de l'aventure, j'étais servi.
Un peu hasardeux, je me dirigeais vers le milieu de la barque et attrapai une corde avant de me mettre à la tirer de toutes mes forces. Malheureusement, la tempête compliquait le travail. Alors, d'un claquement de doigts, j'activai ma magie qui s'arrangea pour abaisser les tissus blancs, ce qui dut prendre pas loin d'une dizaine de secondes. Aussi vite que je le pouvais, je fis un nœud de marin tandis que la pluie commençait à tomber. Ma chemise à la blafarde couleur me collait à la peau d'une façon peu agréable, m'obligeant à multiplier par dix la vitesse de chacune de mes actions. Lorsque tout était sécurisé pour vaincre l'orage, il était temps pour moi de m'abriter à nouveau. Tachant de faire attention au parquet luisant sous mes bottes, je me mis à courir à travers le pont. Je n'étais qu'à quelques mètres de la porte de ma cabine lorsqu'un éclaire déchira le ciel dans un grondement échoïque, ce qui me fit sursauter. Un des trois mats semblait être touché, sûrement à cause de cette barre en métal que j'avais fixée au bout pour stabiliser les cordes de la voile, car voilà que l'énorme tronc bascula sur le côté. La dernière chose que je vis avant que le « Triangulus » ne soit brisé en deux était ce maudit ciel cendré.

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Recovery Falls
Fiksi PenggemarEn quête du pardon, Dipper invoque le démon de son enfance dans l'optique de pactiser avec lui. Ce dernier, amnésique, ne lui rend pas la tâche facile car avant de pouvoir libérer le poids de ses épaules qui creuse le fossé entre lui et sa sœur, le...