Recovery Falls

[6] Contrat

Je me réveillais dans mon lit. Mes yeux éblouis, je dû me protéger avec mon bras comme chaque fois, ce sentiment de plaisance battant à son comble. J'étais si bien couché sous la lueur du soleil. Oh non, je ne voulais pas me lever, l'herbe était trop douce pour que je m'en éloigne... Attendez une seconde. De l'herbe ? Je m'assis. L'arrière de ma maison ? Mais, qu'est-ce que je fichais donc là ? Quelle heure il était !?! Je regarde ma montre ; bientôt dix-sept heures. J'avais dormi toute l'après-midi dans mon jardin ? Comment cela se faisait-il !

« -BILL !!!

-Hmmm... Gueule-pas idiot, j'essaye de dormir... » Je tournais la tête vers le démon, allongé à un mètre de moi. Il bavait.

« M-mais pourquoi sommes-nous là ?! » Bill soupira en se frottant les yeux, négligeant ses cheveux déjà en bataille et plein d'herbe. « Il a intérêt d'avoir une bonne excuse... »

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"Amitié : Contrat de construction que l'on signe avec des rires et rompt avec des larmes."

-Stephan Ambrose

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« -Vas-y, parle ! » Je l'encourageais, ou plutôt le forçais, de me répondre depuis presque cinq bonnes minutes, mais Monsieur était encore trop ensommeillé pour ne serait-ce que se lever. Ses cheveux flottaient dans le vent, et j'avais comme une irrésistible envie d'y plonger ma main...

« -Bill, ne te rendors pas. » Son abdomen se gonflait à rythme régulier, ce qui m'arracha un énième soupire de la journée. Je me préparai à lui secouer l'épaule pour le maintenir éveillé, lorsque mes muscles décidèrent de désobéir à mes ordres et en faire autrement. Je me levai et soulevai le corps du démon. Il faisait son poids, il n'y avait aucun doute là-dessus, mais cela ne me posa aucun problème. Passant ses jambes sur mes hanches, une main le retenant par en-dessous et l'autre dans son dos, je fus dans l'obligation de laisser son visage se coller dans le creux de mon cou et de mon épaule. Son souffle était chaud, et cette agréable sensation me fit tressaillir. « Si seulement tu savais à quel point tu me rendais fou. »
A l'intérieur de la maison, je priais pour ne croiser personne. Au lieu de nous diriger dans ma chambre, à l'étage supérieur, mes pieds nous portèrent jusqu'au sous-sol. Le grincement de mes pas contre le plancher ne suffirent pas à le réveiller, ce qui me surprit. D'un coup de pied sec, je refermai la porte derrière moi et installai tant bien que mal le jeune homme dans mon fauteuil. « Je me demande bien ce qu'il s'est passé... » Je secouai légèrement son épaule, ce qui l'éveilla légèrement. Puis, lorsque ses paupières s'entrouvrirent, rien qu'un peu, je me saisis d'une lampe de poche et aveuglai le démon pour accélérer son réveil. Il esquissa un geste maladroit pour éloigner mon instrument de torture, poussant un gémissement plaintif.

« -Mes yeux, Pinetree ! » Son corps se laissa retomber contre le dossier de la chaise, tandis que sa main venait se balader dans la blondeur de ses cheveux soyeux.

« -Tu te souviens de quelque chose ? Notre journée d'hier ? » Il leva les yeux au ciel en faisant la grimace.

« -Ouais... On a cuisiné et...

-J'imagine qu'on a goûté ?

-Ca ne nous a pas réussi.

-Plus jamais je ne t'apprendrai à cuisiner.

-Plus jamais. » Nos éclats de rire retentirent dans la pièce, éclats de rire qui s'évanouirent petit à petit, seul un sourire ponctua notre conversation. « Encore ce sourire... »

[...]

Mes oreilles sifflaient une note solitaire, comme un chant de sirène. Cependant, plus les grains dorés s'écoulaient dans le sablier du temps, moins j'entendais ce bourdonnement des plus déplaisants. La clairière semblait si calme, si paisible, seul le son mélodieux des pins allégeait l'atmosphère si asphyxiante. La silhouette se détacha du décor pour s'avancer vers moi. Aucune blessure par balle, donc pas d'arme en main. Et pourtant, me voilà belle est bien là, allongé dans la poussière, à demi-conscient. « M-Mabel ? » Un sourire étira ses lèvres lorsqu'il s'accroupit au-dessus de mon corps figé.
« -Tu n'as pas couru assez vite, Pinetree. Tu as perdu la partie. »