Chapitre 9

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Je me lève brusquement de mon canapé, faisant sursauter Cristy au passage. Je ne peux pas lui dire les véritables raisons de mon inquiétude. Je ne peux pas faire ça à Alex et puis... Je me vois mal lui dire « désolée il faut que j'aille chez Alex vérifier que les membres d'un gang de mercenaire ne l'ont pas tué ce soir, tu m'attends ? ». Tué. Je tremble à cette idée. Je me tourne alors vers mon amie qui me regarde sans dire un mot. Je lis l'incompréhension sur son visage, je ne sais pas si elle va croire à mon bobard.

Minna – Heu, Cristy, je crois que je vais aller chez Alex. On voulait se faire un resto pour fêter ça mais j'ai comme un mauvais pressentiment... J'espère qu'il ne s'est pas cassé la gueule à moto à cause de la fatigue, il ne répond pas, je t'avoue que je m'inquiète un peu... Tu veux bien m'attendre au cas où il débarque ici et où il aurait juste oublié son téléphone chez lui ?

C'est crédible. J'espère juste que ça le sera assez pour elle qui a l'habitude de lire en moi comme dans un livre ouvert. J'attends le verdict, peu rassurée par mon jeu d'actrice. Elle fronce les sourcils, sa bouche se tord en un petit rictus peu convaincu. Pourtant elle hoche la tête.

Cristy – Ok... Je dis pas que ça me réjouit mais comme tu veux. Tu me tiens au courant ?

Minna – Oui ! Dès que j'arrive chez lui.

Cristy – D'accord. Dépêche-toi alors !

Minna – Ok à toute !

Je la prends dans mes bras, attrape mon sac et fonce jusqu'à l'ascenseur. J'essaie de me persuader mentalement que la version que j'ai donnée à Cristy est la bonne... mais je ne peux m'empêcher d'imaginer l'homme que j'aime, allongé, inerte, dans une mare de sang. Quelques larmes s'aventurent sur mes joues alors que la cabine descend. Je les essuie nerveusement, je dois me ressaisir, je dois garder la tête froide pour ne pas avoir moi-même un accident sur la route. Malgré mes bonnes résolutions, mes mains tremblent tellement que je laisse plusieurs fois tomber la clef en essayant de démarrer la voiture. Je la rattrape de justesse pour la troisième fois et prends quelques secondes pour souffler. Je glisse doucement la clef dans le commodo et tourne. La voiture démarre au quart de tour. Je prends la route sans attendre.

La circulation est infernale ce soir, j'ai toutes les peines du monde à passer la seconde et chaque minute supplémentaire que je passe sur la route ne fait qu'accroître mon stress. J'essaie en vain d'appeler Alex sur son téléphone. Encore, et encore, et encore. Mes larmes reviennent à la charge, brouillant ma vue et mon esprit, un sanglot me provoque un spasme, si bien que je fais une légère embardée avec la voiture et manque de percuter un autre automobiliste, ce qui me vaut de furieux coups de klaxon. Je lui fais quelques signes d'excuse et essuie mon visage et mes yeux parfaitement inondés. N'arrivant toujours pas à joindre l'homme que j'aime, je tente d'appeler les hôpitaux les plus proches de chez lui, mais aucun n'a reçu en admission d'Alex Braco ni même un homme correspondant à sa description. Je bénis celui qui a inventé la commande vocale du téléphone pour la voiture, même si, à cet instant, j'aurais préféré ne pas en disposer. Je préfèrerais ne pas pouvoir l'appeler plutôt que de tomber sur sa messagerie à chaque tentative...

Au bout de deux heures de circulation au ralenti, j'arrive enfin devant l'immeuble d'Alex. Tout est calme, quelques passant marchent tranquillement sur le trottoir pavé, il n'y a ni ambulance, ni voiture de police, rien à signaler. C'est peut-être bon signe, ou peut-être simplement que personne ne l'a encore trouvé. J'ai beau me raisonner, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il est mort. Cette idée me transperce comme une épée en plein cœur et je tremble de tous mes membres quand mon esprit tordu imagine la scène. Je trouve enfin une place et me gare sans attendre et sans vraiment faire attention à comment je suis stationnée. Je pense tout de même à verrouiller ma voiture avant de courir à toutes jambes vers l'immeuble d'Alex. J'enfonce presque la porte pour entrer et monte les marches quatre à quatre. Arrivée devant sa porte, je suis essoufflée, je transpire assez pour que mes yeux piquent et se ferment de force, et mes cuisses et mes mollets protestent douloureusement contre cet effort soudain. Je n'attends pas d'avoir repris mon souffle pour frapper à la porte. Je tape de toutes mes forces, tout l'immeuble doit entendre mes coups, mais peu importe. Je veux que LUI m'entende.

Hermes Corp - Alex [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant