Chapitre 15

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Monsieur Cooper me fixe, hébété, je dirais même sidéré par ma réaction. Il y a de quoi, j'ai hurlé tout ce que je pouvais, tant j'ai été surprise et je me retrouve à bout de souffle, les mains sur les genoux, tremblante et haletante, sans pouvoir esquisser le moindre geste ni prononcer un seul mot. Il s'approche de moi avec prudence, comme on approcherait un félin apeuré, et pose une main sur mon épaule. Au bout d'un temps qui me paraît interminable, je parviens à me redresser. Mon cœur bat la chamade mais au moins je respire convenablement.

Logan – Je veux bien croire que je suis discret mais...
Minna – Désolée monsieur, je ne vous ai pas entendu approcher. Vous m'avez fait un peu peur.
Logan – Un peu ? C'est littéralement de la frayeur.
Minna – Vous m'avez seulement surprise, tout va bien.
Logan – Ne me prenez pas pour un idiot, je sais reconnaître la surprise de la peur ! Je vous aurais sauté dessus l'arme au poing que vous n'auriez pas eu l'air plus effrayée !

C'est la deuxième fois qu'on me dit ça. La première, c'était Alex, au LO, après qu'il ait éloigné un lourdingue qui me collait sur la piste. Et maintenant lui... Ma fille, va falloir que tu te reprennes ! Les frayeurs de collégienne c'est plus de ton âge et tu vas finir par vexer quelqu'un ! Je soupire un peu plus bruyamment que je le voudrais et me tourne vers lui.

Logan – Non mais dites-le si je vous ennuie avec mes questions, pas la peine de souffler...

Ouaip, je l'ai bien vexé cette fois...

Minna – Quoi ? Non ! Non pas du tout ! C'était juste, ça me rappelle une situation similaire... Je suis très expressive, j'ai tendance à réagir au quart de tour, je vous assure que ce n'est pas vous qui m'avez fait peur, c'est seulement... Ce souterrain, sombre, silencieux, vide... C'est glauque un peu, alors, comme je ne vous ai pas entendu arriver... Je me suis fait des films. L'inconvénient d'avoir trop d'imagination je suppose.

Il me fixe, sourcils froncés, une main dans la poche, l'autre, serrée sur la poignée de sa serviette, le pouce en tapotant nerveusement l'anse. Je ne dois pas être crédible pour un sou à bégayer comme une abrutie en me triturant les doigts, mais je n'ai pas mieux comme défense. Bordel... Et son regard est brûlant. Sexy, mais perçant. Note à moi-même, garder le côté « regard sexy » pour moi si j'en parle à Alex. Je finis par détourner les yeux, gênée. Je ne sais plus où me mettre dans ma robe de soirée, seule devant mon boss. Je me retiens de sursauter à nouveau quand il reprend enfin la parole.

Logan – Je vois. Vous vous rendez à la soirée d'Arabic je suppose ?

Il montre de sa main libre ma tenue. Je ne saurais déchiffrer son regard mais les traits de son visage sont toujours aussi tendus. Ça n'annonce rien de bon.

Minna – Heu, oui. Ils nous ont invités, Alex et moi, à la soirée de lancement mais Alex est dans un état pitoyable, complètement malade, il ne tient plus debout. Du coup j'y vais seule.
Logan – Sans personne pour vous accompagner ? Il y a plus prudent.
Minna – J'en conviens, mais je n'ai pas vraiment le choix.
Logan – Je m'y rends aussi. Je vous emmène.

Et le voilà qui s'éloigne en direction d'une grosse berline noire. Non mais quoi ? Comment ça il m'emmène ?? Genre j'ai pas le choix ?

Logan – Par ici Mlle Kadami !

Ah beh nan, j'ai pas le choix... Super ! Manquait plus que ça, j'avais pas assez d'emmerdes, fallait qu'en plus le big boss de la boîte se prenne pour un chevalier servant. J'ose à peine imaginer les unes des journaux qi par malheur on nous voyait arriver ensemble. Par contre je n'ai aucun mal à imaginer la fureur d'Alex, une bonne crise de jalousie dans les règles, avec des cris, des reproches, des insultes et des réflexions débiles du genre « tu profites que je sois malade pour te taper le big boss » ou « à croire que tu veux te taper tous les mecs baisables de la boîte ». Il est intenable quand il est jaloux. Je soupire à nouveau en me dirigeant d'un pas traînant jusqu'au monstre de métal devant moi. Un chauffeur s'extirpe de la place conducteur et nous ouvre aimablement les portes. Je m'installe à contrecœur et, à peine a-t-il refermé ma portière que je m'y appuie, le coude posé contre la vitre, le menton bien calé sur le dos de ma main, le regard perdu dans le vide. Je ne réagis pas plus que ça quand nous sortons du parking, ce qui semble déplaire à  mon ravisseur.

Hermes Corp - Alex [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant