Echec et Mat

Zugzwang

Bonjour amis lecteurs, 

Pour respecter la tradition des deux premiers tomes, je ferai un chapitre de conclusion collectif après celui-ci. 

Bonne lecture ! 

Nat'

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C'est la pleine Lune. J'écoute la respiration paisible de Ginny étendue auprès de moi, lovée contre mon corps comme si nous ne faisions plus qu'un. Elle non plus ne dort pas. Nous regardons par la fenêtre entrouverte, vers cet avenir incertain que nous ne pouvons voir. Quelques heures plus tôt, on nous a informés que le travail de Luna Lovegood venait de commencer. Il ne reste plus qu'à attendre à présent. Attendre quoi exactement, mystère. Luna n'a jamais voulu confier à qui que ce soit la clé de ce plan censé tous nous sauver, ce plan qui n'aboutira qu'à la naissance de son enfant redouté.

Cette incertitude ne me dérange pas. Quel qu'il soit, le plan de Luna ne perturbera pas le mien. Cela fait des mois que j'attends mon heure, des mois que je m'emploie à gagner la confiance du Seigneur des Ténèbres, à obéir à tous ses ordres, à me faire haïr de tous, jusqu'à ce que le moment propice se présente...

Le moment où il se montrera vulnérable. Où son attention sera tellement concentrée sur autre chose qu'il ne se rappellera même plus ma présence. Et où je le frapperai au cœur...

La naissance du bébé sera cette opportunité pour moi. Voldemort est tellement obsédé par sa propre légende que l'enfant occupe toutes ses pensées à l'heure actuelle. Non pas qu'il veuille d'un héritier, non. Il n'en a pas besoin. Mais quoi de plus symbolique que le meurtre de son propre fils nouveau-né, pour se créer un nouvel Horcruxe plus puissant que tous les autres réunis ? A présent que Potter les a tous détruits jusqu'au dernier, Voldemort n'est plus immortel. Je ne lui laisserai pas l'occasion de le redevenir à nouveau...

Contre moi, Ginny est prise d'un frisson. Je ramène doucement la couverture sur nos corps nus et l'enlace de mes bras. Cela fait longtemps que nous n'avons plus besoin de prétendre nos ébats de couple marié. Voldemort nous a unis dans la haine et le deuil, mais c'est quelque chose d'autre qui en est ressorti. Une forme particulière d'amour, que nul autre que nous-mêmes ne peut comprendre. Ginny et moi n'étions pas destinés à nous aimer. Nous n'aurions jamais dû nous regarder, nous embrasser, connaitre cette intimité que nous partageons depuis six mois maintenant. Mais notre lien s'est forgé, dès la première nuit, à travers un même chagrin, une même colère, une même injustice, et une compréhension mutuelle pour les souffrances de l'autre.

Je me suis détesté pour ce que Voldemort m'obligeait à faire à Ginny. Je m'attendais à ce qu'elle me déteste aussi. Au lieu de cela, j'ai trouvé en elle une amie. Un soutien, une confidente. Peut-être bien la seule personne de ce château à comprendre ce que je ressentais, et à me pardonner pour ce que j'avais dû faire. A force de larmes et de douceur, nous nous sommes renforcés l'un l'autre. J'aime presque à penser aujourd'hui que ce sont Harry et Hermione, et non Voldemort, qui nous ont réunis. Que de là où ils sont, si cet au-delà existe, ils nous voient et bénissent notre union. Je ferai ce que j'ai à faire, quoi qu'il arrive. Mais avoir Ginny à mes côtés est une force à laquelle je n'aurais jamais espéré prétendre.

- Drago, murmure-t-elle, anxieuse elle aussi. Tu crois que ça va marcher ?

Je la serre plus fort contre moi :

- Je ne sais pas, je réponds en toute honnêteté. Mais c'est notre meilleure chance. Notre seule chance.

- Qu'est-ce qui nous arrivera une fois que ce sera fait ?