Remember me [CAPTAIN AMERICA - TERMINEE]

Fight 7

Steve restait enfoncé dans le canapé, regardant Bucky se tordre en hurlant à tout va. Il se jetait sur le mur par moment comme s'il se battait avec lui-même. Et pour la première fois depuis longtemps le blond, ironiquement, ne savait pas du tout quoi faire avec cette situation chaotique. Lui, le héros national qui avait toujours réponse à tout. Il repensa alors, cherchant un moyen d'arrêter la folie de son meilleur ami, à cette fois-là, quand ils étaient jeunes.

C'était un matin hiver neigeux, un de ceux qui annonce Noël. Bucky et Steve étaient dans le même lycée pour garçon. Flanqué de leur uniforme, ils avaient fait le chemin ensemble jusqu'à la cour où le gros caïd de l'époque, Raphaël Stevenson, attendait le blond pour se moquer de lui, suivi de près par quelques gars plus discrets mais qui voulaient avoir le privilège de traîner avec le « grand » Raph'. Ce genre de scénario arrivait souvent à Steve, mais il avait toujours eu la chance d'être seul quand il se faisait bousculer. Il n'aurait jamais voulu que son meilleur ami voit le faiblard qu'il était. Il aurait honte de lui après.

Toujours était-il que cette fois-là, Steve n'était pas seul. Mais le « grand » Raph' s'en fichait comme de sa première paire de chaussures de riche et était venu le pousser en lui affectant des noms d'oiseaux. Bucky se rendit compte alors, voyant le blond adopter automatiquement la position défensive de celui qui n'a pas l'intention de se défendre, que ce genre d'événement était récurrent dans la vie de son ami. Il s'était alors jeté sur Stevenson et l'avait roué de coups, hurlant de rage sous les yeux médusés des toutous en uniforme de sa victime. Steve voulait intervenir, mais Bucky était dans une colère si noire qu'il ne sut comment s'y prendre. Le visage du pauvre Raphaël commençait à ressembler à du porridge tant il saignait. Et le brun continuait de frapper, encore et encore, alors le blond prit sont courage à deux mains, et s'avança pour se coller au dos de son ami, collant ses mains sur sa poitrine. Ses petits bras arrivaient tout juste à faire le tour du torse déjà bien musclé du brun, et Steve redouta d'être projeté dans la bataille. Bucky n'avait qu'à se pencher en avant pour que le blond bascule entre son poing et Raphaël.

Mais contre toute attente, il avait senti sous ses doigts et les épaisses couches de vêtement le cœur de Bucky ralentir, sa respiration se poser, et son poing se suspendre en l'air, avant de retomber le long de son corps. « La prochaine fois que tu t'avises de toucher à Steve, je m'arrangerai pour que même les cirques ne t'embauchent pas ». Depuis cette fois, Raphaël Stevenson se contentait de lui marmonner un vague bonjour quand le blond arrivait au lycée, et plus jamais il ne l'avait touché.

Sauf qu'aujourd'hui, Captain America regardait Bucky se battre contre lui-même. Comment pouvait-il intervenir ? Devait-il tenter le coup encore une fois ? Il se dit que non, et s'enfonça un peu plus au fond du canapé. Se mordilla la lèvre. Et pensa que finalement, si, maintenant qu'il avait la force de résister, autant qu'il essaye. Il était là pour ça après tout, et qui sait, peut-être que son intervention pourrait faire pencher la balance en sa faveur.

Steve se jeta en avant de son canapé, bondissant par-dessus celui qui se trouvait en face de lui pour atteindre Bucky. Il le projeta contre le mur qui le séparait de la salle de bain et tenta de lui entraver les mains. Il peinait à le maintenir immobile. Bucky hurlait comme un forcené des « je l'aime », « arrête », et les réponses du Soldat de l'Hiver qui se fichait bien de ses états d'âme. Le héros tenta de bloquer son visage, en vain. Il ne lui restait qu'une solution.

Captain America soupira, désolé de ce qu'il s'apprêtait à faire. Il s'était juré de faire ce genre de choses que si c'était sincère, et concernant le brun, cette mission avait provoqué en lui un long et douloureux questionnement. Et il n'était pas sûr de ce que ça voudrait dire. Il secoua Bucky de toutes ses forces, cognant sa tête contre le mur, et se mit à beugler :

- Moi aussi je l'aime ! Laisse Bucky !

Il s'époumona pendant ce qui lui parut être des minutes entières. Mais quelques secondes après le premier cri, le Soldat de l'Hiver s'était tu dans le corps du brun, perplexe, et le vrai Bucky reprenait doucement sa place. Essoufflé, le brun se laissa basculer contre le mur. Il regarda Steve de ses yeux vides, fatigué de se battre.

- Je t'aime aussi Bucky, répéta-t-il plus doucement.

Dans le fond, le blond ne savait pas vraiment s'il était en train de mentir. Il n'était pas sûr d'être amoureux de lui, mais il l'aimait d'une amitié inconditionnelle. Il serait auprès de lui autant de temps que sa longue vie lui permettrait. Le brun resta un instant tranquille dans ses bras, le menton reposant sur l'imposante épaule de son ami.

- Tu mens... reprit-il après quelques secondes.

Steve n'eut pas le temps de répondre. Il allait pourtant le contredire, mais à peine eut-il ouvert la bouche pour parler que Bucky se remit à hurler, ses yeux s'injectant de sang. Il tenta de le griffer, de le mordre. Le brun était tellement en furie qu'il ne réfléchissait même plus à ce qu'il faisait. Steve le maîtrisa donc une fois de plus facilement.

Le brun haletait, tentant encore de bouger, jusqu'à ce que Steve, serrant son bras autour du cou de son ami, lui fasse perdre son souffle. Il ferma les yeux, se laissant ramollir dans les bras du héros. Steve porta le brun jusqu'à son lit encore défait. Il rabattit la couette sur la moitié de son corps et partit se coucher. Tout ce raffut lui avait fait oublier de dîner, et quand bien même, aujourd'hui, il n'avait pas la tête à ça.

Il resta donc un peu dans le canapé, à se demander pourquoi la Terre entière semblait leur en vouloir encore, à Bucky et à lui. Ils n'avaient jamais souhaité cette guerre, jamais voulu être des sujets d'expérience pour devenir des armes. Steve l'avait demandé pour pouvoir arrêter d'être un gringalet qu'on mettait toujours derrière, et son pays étant au front, son patriotisme l'avait poussé à tout faire pour s'engager.

Soixante-dix ans plus tard, il songeait à tout ce que ça lui avait apporté. Il avait vu son meilleur ami tomber d'un train à cause d'une mission suicide qu'il avait organisé. L'avait revu à son réveil, vivant par il ne savait quel miracle. Enfin revu : seulement son corps. L'esprit qui se trouvait à l'intérieur était caché, voire brisé. Que restait-il vraiment de James Buchanan Barnes ? La question même : y avait-il encore seulement quelque chose de lui au fond de ce corps ? Est-ce que tout ceci n'était pas une fois de plus une ruse du Soldat de l'Hiver ?

Une larme roula sur la joue de Captain America. Il ne la sentit que quand elle se coinça dans la commissure de sa lèvre. Il n'en pouvait plus de tout ça. Mais maintenant qu'il avait vu l'étendu des dégâts que HYDRA pouvait faire, il ne pouvait plus faire marche arrière. C'était comme ça qu'il fonctionnait. Il se leva donc, alla enfiler un bas de jogging qui traînait dans la salle de bain, et partit dans l'autre chambre. Il n'arriverait pas à se battre demain s'il ne se reposait pas un minimum. Il s'enfonça dans le matelas un peu trop mou à son goût et le sommeil s'empara immédiatement de lui.

Ce ne fut qu'au beau milieu de la nuit qu'il sentit la couette se soulever et une masse se poser à côté de lui.

- Bucky, je ne dors pas, grogna-t-il. Inutile d'essayer de me tuer dans mon sommeil.

L'intéressé soupira, mais ne s'allongea pas complètement. Steve sentait son regard pesant sur lui.

- Tu m'aimes vraiment ? 

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Salut ! Comme prévu, voici le chapitre en entier. 

Vous avez vu ? On est presque à 1k vues ! *o*

Si vous saviez comme je suis fière. J'aurais jamais pensé, à l'heure où je galérais à pondre un chapitre, qu'elle pourrait atteindre autant de vues. Merci, c'est grâce à vous <3

La suite arrive mercredi, en attendant je vous fais des gros bisous et vous invite à me dire ce que vous pensez de cette histoire. Je suis vraiment heureuse qu'elle ait eu cette visibilité mais je ne suis pas entièrement satisfaite de ce que j'ai écrit... 

Bonne journée ! :)

Alice