Epilogue

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Une heure, deux mois, trois ans. Je n'en n'ai aucune idée. Lorsqu'on est mort, on n'a pas vraiment la notion du temps. Pourtant, j'ai l'impression que le temps s'est figé, que l'on est toujours à cette époque où, je suis encore en vie. C'est une sensation très bizarre, je ne sais pas vraiment quoi penser. Je ne sais même pas où je suis. C'est le vide complet, un monde blanc, noir, je n'en sais rien, et c'est assez déstabilisant. Tout ce que je veux pour l'instant, c'est être auprès de ma famille et de mes amis.

- Il est temps de faire le tri dans tout ça. On ne peut pas vivre éternellement dans le passé.

La voix de ma sœur Mali-Koa raisonne comme une mélodie à mes oreilles. Je me retrouve d'un coup dans le couloir du premier étage de ma maison, celle où j'ai passé toute mon enfance ainsi qu'une partie de mon adolescence. J'avance d'un pas lent vers les voix, celle-ci se trouvant dans ma chambre. En entrant dans la pièce, je vois ma mère ainsi que ma sœur assises sur mon lit.

- Je sais que c'est dur maman, mais vivre dans les souvenirs de Calum ne t'aidera pas à l'oublier.

- Il me manque tellement.

Maman avait entre ses mains l'un de mes t-shirts, mon préféré. Elle le serrait, et inhalait son odeur, mais fini par le mettre dans un sac-poubelle. Elle pleurait, alors que Mali-Koa semblait être beaucoup plus forte. Les deux se démenaient pour débarrasser ma chambre qui avait été figée par le temps depuis mon départ. Elles ne semblaient pas me voir ce qui prouvait que j'étais réellement mort. Je me déplaçais dans la chambre, tout en regardant les posters accrochés aux murs. Green Day, Blink 182, Chris Brown, Katy Perry... Tout y était. Puis il y avait des photos, celles de mes amis, de moi, de ma famille. Plusieurs souvenirs me revinrent en tête comme la construction du groupe 5 seconds of summer. Qui aurait cru qu'une petite bande de pote aurait eu autant de succès ? Personne. Seuls nos parents et familles communes croyaient en notre rêve, et on l'avait atteint.

Il y avait cette bass qui se trouvait dans un coin de ma chambre, ma première bass. Celle que j'avais utilisée pour notre premier concert. J'avais vécu de bons souvenirs avec, en y repensant, ça parait tellement loin. Je m'installais ensuite sur mon lit, dos à ma mère ainsi qu'à Mali-Koa qui pliaient mes affaires pour les enfoncer dans un sac-poubelle. Je regardais chaque recoin de cette pièce, mon quotidien me manquait. Mais je ne pouvais rien faire face aux désagréments de la vie, j'étais mort, d'une façon héroïque, mais j'étais mort.

Maman quitta la pièce un moment, et il ne resta plus que Mali-Koa. Je l'entendais renifler, elle commençait à pleurer. Je restais dos à elle, ne voulant pas voir son visage inondé de larmes. Je ne faisais qu'écouter, et ça, s'en était déjà trop. Je sentis le lit bouger, et me retournais vers ma sœur. Mali-Koa leva le matelas pour y récupérer quelque chose. Elle remit la couchette en place, et je vis entre ses mains une lettre. Un autre souvenir me revint en tête, une nuit de février, la veille de ma mort. J'avais écrit une lettre à Sarah, je voulais la lui donner, mais n'avais pas eu l'occasion. Vu la manière dont elle agitait la lettre, Mali-Koa devait connaitre l'existence de cette lettre depuis un moment, mais semblait vouloir la cacher à ma mère. Lorsque celle-ci revint, elle cacha l'enveloppe à l'arrière de son pantalon.

- J'ai ramené d'autres sacs. Mais pour ce qui est des photos, je tiens à toutes les garder.

- D'accord. Mali-Koa fit une pause et reprit la parole. Maman, j'ai rendez-vous quelque part. Je peux te laisser ? Je reviendrais plus tard.

- Ok. Je me chargerais de tout ça toute seule.

Elle prit maman dans ses bras, et quitta la maison tout en prenant la voiture familiale.

Mysterious (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant