La Couleur d'un Rêve - Whitney Pitzergald | En pause

Chapitre 3

- C'est beau.

- C'est juste mon imagination.

Elle posa sa main sur mes cheveux blonds. Ça me fit frissonner. Elle la retira en toute hâte.

- Tu ne t'es jamais demandé qui était cette fille ?

- C'est surement le fruit de ma tête.

En fait, je pensais plutôt que c'était Pline. Pline est une petite voix qui me parle parfois. Elle me fait ronger de culpabilité.

" Menteur ! Tu penses que c'est elle ! Avoue-le..."

Whitney remonta ses lunettes et ancra son regard dans le mien. J'esquissai un petit sourire qu'elle me rendit.

- Naos, est-ce que...tu m'en veux parce que je t'ai... embrassée ...?

Elle n'avait encore jamais abordé le sujet. C'était un peu complexe de lui expliquer ce que j'avais ressenti.

"Non, mais tu rigoles ? T'as juste ressenti de l'amour !"

- C'est compliqué. Tu ne m'as pas demandée mon avis.

Elle s'empressa de répondre :

- Ce..C'était une erreur ! Je suis désolée, je n'aurais pas dû faire ça. Je pense que je voulais juste qu'on nous laisse tranquille.

- Le pire, c'est que ça n'a pas marché. Soupirai-je.

"Mais ça n'a pas créé quelque chose de plus important que de ne plus se faire embêter ?"

- Oui, je regrette tellement, je ne ressens rien pour toi, je t'assure ! Rajouta-t-elle d'une voix anxieuse.

"Moi non plus, ne t'inquiète pas." Je voulais que ces mots sortent de ma bouche. Mais j'en était incapable. Cette alchimie entre nous depuis ce contact physique, avait chamboulé ce qui restait de place dans ma tête et qui n'était pas des rêves. Et rien que ses paroles avaient formé un nœud serré dans mon estomac. Quand je voulu répondre, je me rendis compte que ma tête était allongée sur ses genoux. Mais ça n'avait pas l'air de la déranger. Elle caressait anxieusement mes cheveux. Je ne me rendis même pas compte quand je m'endormis.

- Pline ! Arrête de vouloir me faire changer d'avis. Je ne suis pas amoureux d'elle !

- C'est pas à moi qu'il faut dire ça ! rétorqua-t-elle de son air malicieux.

Nous étions dans la Prairie - C'est comme ça que j'appelle un immense terrain vague avec un petit escalier pour rejoindre le Bureau des Rêves -, et Pline se dirigea en toute hâte vers l'Arbre Suspendu pour rejoindre le Bureau. Elle passa sa toute petite silhouette à travers, et disparue. J'étais bien obligé de la suivre, car j'avais appris que si je ne faisais rien pendant mes rêves, je me réveillais encore plus longtemps après. J'observe quelques instants ma nébuleuse et tourne la tête vers la direction qu'a prise Pline. Je n'ai jamais eu confiance en ces escaliers. Ils tremblent et se balancent tandis que quelqu'un monte sur eux. Je m'accroche à moi même (pas le choix, il n'y a pas de rampe), et avance rapidement sur la passerelle pour arriver au premier ilot. Je reprends mon souffle, le pont ne m'a pas fait de coup fourré, et je juge des yeux la deuxième passerelle, qui elle, aime bien m'embêter particulièrement. Elle se balance, en signe qu'elle m'a reconnu. Je pose le premier pied dessus, et elle se met à vaciller, telle une furie.

- Laisses-moi passer !

En signe de réponse négative, elle fait une vague, je suis obligé de gaspiller une Dragée pour elle. Une Dragée, c'est un petit bonbon que raffole les habitants de mon rêve. Mais il n'y a que moi qui puisse leur en donner, il se génère uniquement dans ma poche. Mais il y en a en nombre limité. Trois par rêve, c'est tout.

Quand j'approche ma main de ma poche, la passerelle se met à frémir ; soit m'embêter, soit une Dragée. Je lui dis d'une voix que je veux doucereuse :

- Regarde, ce que j'ai dans la main. (Je lui pointe la Dragée sous le bout du nez) Tu ne veux pas plutôt qu'en échange d'une Dragée, tu me laisse passer sans rechigner ? Tu n'en veux pas ? Ce n'est pas grave, (j'avance doucement la Dragée vers ma bouche) je vais la manger !

La passerelle, implorante, gémit sans s'arrêter. Elle soupire, puis se bloque, pour me dire que je peux y aller. En arrivant au bout, comme pour un petit chiot récalcitrant, je lui lance ma Dragée.