Chapitre 1, Partie 1

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- Alors ça, c'est la meilleure chose qu'il pouvait arriver ! Ironisa Keefe en passant une main dans ses cheveux savamment décoiffés. Tu sais très bien qui tu es. Et pourquoi tu es ici !
- Laissez-moi tranquille ! Hurla le blessé en gigotant comme un démené sur son lit d'hôpital de fortune. Je ne vois pas de quoi vous voulez parler ! Et qui suis-je ? Pourquoi m'avez-vous emmené ici ?!?
- Alvar... gémit Della qui venait d'apparaître aux cotés de son époux, Alden. Pourquoi fallait-il que ce soit lui que l'on retrouve ? Mon fils...
- Calmes-toi Della. Ne laisses pas le chagrin et la culpabilité te briser, par pitié. Un cadavre suffit...
Della laissa échapper un cri suraiguë quand elle entendit les derniers mots de son époux. Portant une main à sa bouche, elle ravala ses larmes en battant furieusement des paupières. Pendant un court instant, elle cessa de s'éclipser à chacun de ses pas. Sophie contempla le visage blafard du grand frère de Fitz, celui-là même qui les avait guidé dans la ténébreuse citée ogre qu'était Ravagog. Celui là qui l'avait regardé se faire brûlée par Fintan et l'ancien Pyrokinésiste Brant. Et aussi celui qui avait mentit à sa famille pendant près de dix ans pour le compte des Invisibles ! L'Elfe contempla la famille de son ami, brisée par le chagrin.
- Au moins, je dirais qu'il est toujours vivant et capable de parler. Fit remarquer Keefe, tout sourire disparu. Quel dommage. Ma chère maman va vouloir le savoir.
- Et Lord Cassius aussi ? Demanda Sophie de mauvaise grâce.
Elle savait mieux que personne le nombres de souffrances que Keefe avait dû subir dans son enfance, la plupart liée à un père égoïste et égocentrique et une mère toujours absente ou en train de manigancer avec les Effaceurs, des Télépathes particulièrement doués pour effacer les souvenirs.
- Foster, Foster, Foster ! Ne te fais pas de mourons pour rien. La taquina Keefe. Je ne vais pas aller retrouver mon sadique de père pour des embrassades ou du moins pas dans l'immédiat. Et puis, je doute que l'état d'Alvar le drogué ne l'intéresse grandement. Nous savons tous que seule sa petite personne compte à ses yeux.
- Et si on revenait au sujet ? Vous, les gamins êtes tellement prévisibles !
Touts les regards convergèrent vers la personne qui venait de dire ses mots. Le vieux Forkle, membre fondateur du Cygne Noir, la mystérieuse activité à l'origine du Projet Colibri, lequel présentait la création de Sophie. Il aimait par dessus tout employer sa fameuse expression « vous, les gamins ». Sa peau toute fripée,due à l'effet des baies de froiselles dont il s'empiffrait, se tendit sur son visage. Sophie venait récemment d'apprendre qu'il était en vrai la seconde partie du Forkle qu'elle connaissait. En vérité, c'était des jumeaux, semblables comme deux gouttes d'eaux qui avaient tenu le rôle pendant des années. Forkle numéro Un était mort sous le coup de Gethen, un Télépathe faisant partie de la très obscure organisation des Invisibles. Ce dernier, lors du Sommet de la Paix avait fait effondrer le château avant de poignarder le leader du Cygne Noir avec une épée sous les yeux de la Conseillère Oralie. La douce Empathe était l'un de ses appuis au sein du Conseil, en plus du revêche Bronte et de quelques autres Conseillers.
- Forkle ! Vous êtes venu. Constata Fitz, les larmes aux yeux. Vous savez quelque chose de la soporidine n'est-ce pas !
- Hélas non. Lady Cadence et moi travaillons dessus, mais pas de grand progrès. Elle avait par mégarde renversé un élixir sur le torse de Ro, ce qui a par ailleurs guéri l'ogresse, mais elle ne sait pas ce qu'il y avait dedans. (Il se tourna vers Keefe ) Votre garde du corps sera sur pied dans deux jours.
- Chouette. Et au fait, j'attends toujours la liste des blessures bénignes aux plus graves que vous m'avez promis.    
- Je ne vous ai rien promis du tout.
- C'est pour ça que je vous le rappelles ! Comme ça Ro et moi, nous pourront faire pleins de trucs cool !
- Vous êtes vraiment irrécupérable, Keffe.
- Merci pour le compliment ! Se rengorgea le garçon en bombant le torse de façon théâtrale. Mais je ne suis pas aussi bien que vous le pensez.

Alvar poussa un gémissement qui accapara l'attention de ses gardiens,avant de s'éclipser brusquement. Il se passa un long silence avant qu'un hurlement à geler les enfers résonna dans la pièce. La tête brune de l'Éclipseur réapparut précipitamment, les yeux exorbités sous l'effet de la terreur.
- Pourquoi je ne vois plus mon corps !!! glapit-il en s'agitant. AU SECOURS !
- Arrêtes ton cirque Alvar ! Tonna Alden, en pleurant des larmes silencieuses. On sait tous que tu...que tu essayes de nous apitoyer pour mieux nous briser après. Soit tu admets toutes les horreurs que tu as fais, soit tu n'es plus notre fils !
- Alden ! S'époumona son épouse en s'agrippant à son bras. Je ne crois pas qu'il fasse exprès. Regardes-le. Il est perdu.
Comme pour confirmer ses dires, le garçon versa quelques larmes pures qui roulèrent sur son visage parfait. Ses yeux bleus-verts scintillaient sous la lumière des guirlandes lumineuses de Choralmere, la maison des époux Song. À son pied, la trace de soporidine s'était presque évaporée, mais la microscopique tâche de couleur émanait encore un lueur violacée à l'ombre. Lady Cadence travaillait d'arrache-pied avec les soldats et scientifiques de Dimitar, le roi des Ogres pour mettre au point un élixir capable de restituer ses souvenirs à Alvar. Malheureusement leur enquête piétinait sur place au plus grand désespoir de Sophie.

    Cette derière s'arracha un cil gênant - tic qu'elle n'arrivait pas à maîtriser – et transmit quelque chose à son Apparenté, tout en gardant un œil sur l'aîné des Vacker.
- Je pourrais peut-être l'optimiser...Peut-être qu'avec mon aide il pourra recouvrir sa santé mentale.
- C'est hors de question.
La réponse de Fitz était sans appel. Il refusait que son amie risque sa conscience pour récupérer les souvenirs de son grand frère.
- S'il-te-plaît. Je suis sûre que...
- Et si tu arrivais et qu'il t'emprisonnait dans sa folie ? Et si tu te brisais l'esprit ? Je ne pourrais pas le supporter.
- N'as-tu donc aucune confiance en moi ? Plaida-t-elle. Je suis certaine que je peux faire quelque chose !
- C'est non. Tu es bien trop...
- Il se passe quelque chose entre Sophitz ? Ricana Keefe en s'introduisant entre ses deux camarades. Je sens que les émotions de Foster partent dans tous les sens. Pour changer d'ailleurs. Ajouta-t-il railleur. Et si...on faisait une pyjama-partie du tonnerre !!!
- HORS DE QUESTION ! Gronda Alden en tirant le garçon par sa manche. Je te connais trop bien Keefe. Et je sais certain que Grady désapprouverait une telle fête avec sa fille.    
Ça, Sophie le savait. Depuis quelques mois, son père adoptif s'était changé en un véritable papa poule quand il était question de Keefe ou même des garçons en général. Il ne prenait plus la peine d'appeler l'Empathe par son nom, et le surnommait la plupart du temps « ce garçon ». Sophie avait réussi à convaincre l'Hypnotiseur de changer cette attitude, mais parfois il lui arrivait d'appeler Keefe par ce nom là.
- Je crois que le plus important est de savoir ce qui s'est passé, avec Alvar. Les coupa Médoc en rajustant son loup chatoyant sur son nez. N'est-ce pas ?
- Vous avez parfaitement raison. Répondit Forkle en grimaçant. Vous réglerez vous petits différents chez vous. Sophie avait d'ailleurs une très bonne idée qu'il faudrait tenter.
- QUOI ? VOUS VOULEZ QU'ELLE DEVIENNE COMME LUI ?! S'égosilla Fitz, stupéfait.
Sophie posa une main calme sur l'épaule du jeune homme, lui assurant qu'elle tiendrait le coup. Peine perdue. La Télépathe ne l'avait jamais vu dans une telle colère, hormis le jour où son père avait eu l'esprit temporairement brisé. Il repoussa la main compatissante de son amie avant de se tourner vers Forkle, les yeux étincelants de fureur.
- Vous voulez qu'elle perde la raison ou quoi ! Sophie est peut-être votre Colibri, elle ne peut pas résister à la folie d'Alvar !
- Je suis parfaitement d'accord avec lui. Ajouta une voix familière.
Le cœur battant à tout rompre,Sophie se précipita pour aller serrer son père dans ses bras. Grady se tenait là, en habit pourpre cintré, tenant la main de son épouse. Après avoir embrassé sa fille, il salua les Vacker d'un signe de la tête avant de toiser Keefe, une lueur de méfiance dans le regard. Le garçon lui décocha un sourire innocent, accompagné de son éternel clin d'œil.
- Je crois que vous allez craquer, Grady. Foster, je t'en supplie, convaincs donc ton père que c'est quasiment inoffensif. Enfin je suppose.
- C'est non. Et je ne crois pas avoir demandé l'avis de ce garçon.
- Papa !
- De Keefe.

Keefe Foster, un duo de choc !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant